Tu n'es pas loin du vrai, Pandore, mais je crois aussi qu'il y a deux aspects à ne pas oublier :
_ Le mercantile : on est mythomane à donf quand ça rapporte beaucoup, et tout le monde est solidaire puisque vous êtes bleue et belle.
_ Le stupre et la facilité : ces commerces idéologiques vous proposent souvent ce que dans votre vie ordinaire vous n'avez jamais pu avoir, un nouveau nom, une nouvelle identité, et mieux, une nouvelle fonction, comme les anges de Raël, des filles, parfois mineurs, des garçons aussi, une vie illusoire, future ou ailleurs (pour Raël, on a tous un numéro chez les ET, bref on est étiqueté, chose qui rappelle un certain passé nauséeux mais qu'on ressert comme idéal) , l'argent facile, basé sur un système pseudo pyramidale, je donne du fric, j'en aurai plus, et ça continue, jusqu'au jour où...
Bref, comme je tentais de l'expliquer un jour à un pote qui n'en comprenait pas la portée, Nietzsche affirmait dans un de ses aphorismes, " aides toi alors tout le monde t'aidera ". Mon dieu que cet aphorisme a de la résonance de nos jours. Mais dans le mauvais sens du terme, car on croit encore au sauveur, ou plutôt, à celui qui nous sortira de nos frustrations et de notre mal être. Voilà pourquoi on offre à Raël une formule un, et à la mère de famille ou la jeune femme à la rue le choix entre faire le trottoir, et/ou mendier. C'est un peu caricatural, mais c'est malheureusement vrai...
La plupart de ces commerces new-age, se nourrissent des livres des années 70/80, de la série aventure mystérieuse et autre rêveries ésotérique, souvent de délicieuses histoires qu'on se plaît à croire, pour assoir une dialectique basée sur les fantômes des années 70. Bref, on recycle le matos ancien, on affirme une liberté sexuelle totale, qu'on a bien oublié depuis les années 70, tout ça pour nous faire rentrer dans une nouvelle société totalitaire où, finalement, il faut produire et vendre du sur mesure, du tout prêt. Ce consumérisme se retrouve dans nos médias, dans une certaine mesure, ainsi que dans certaines séries fast-food. Dans ces sectes, cela s'exprime chez les filles et femmes par le furty fishing, pour recruter, chez les hommes, par une bestialité à gagner, être le meilleur, convoiter, pour finir par le grand banditisme voilé par des paradis hallucinogènes, de la musique, de l'amour, des sourires et des promesses de bonheur comme le clonage. Ah, le fameux clonage, encore une invention pour tenter de nous éviter non pas la mort mais l'idée de la mort. Jadis, on cherchait une issue dans l'éternité, dans un ciel, on le recherche à présent dans un nouveau corps neuf, peu importe si ce clone ne sera jamais nous, que notre cervelle ne sera pas dedans, ce qui compte c'est qu'il vienne de nos gênes. Ainsi, en remplaçant Dieu et le moi de la psy, ces sectes installent une pensée de l'après Darwin, oû, finalement, l'erreur est de croire qu'on survit dans l'espèce, par une idée déviante de la réincarnation et de la succession dans les gênes, bref un pari encore plus risqué que celui de Pascal, idée folle de croire qu'une fois clone on sera comme des moutons se souvenant de leur vie passée, mais neufs, ou pire, se souvenant de rien du tout, ce qui est encore plus totalitaire et est une nouvelle négation de l'égo et de la finitude. Et pourtant, il y en a un paquet qui y croient...
Mais où sont passées les filles des années 70 ???
Peut-être se sont elles évaporées dans le cauchemar Charles Manson, autre préfiguration de notre modernisme, après le pote Jack l'éventreur, à moins que ce soient des machines infernales destinées à installer un nouveau puritanisme dogmatique, à vous de voir...
Mais est-ce un dessein concerté et finaliste ou finalement l'illustration d'une société pleine de santé ? je m'explique, un corps devient malade puis est guéri, c'est un peu une loi, le corps social pourrait-il se voir de la même manière, à savoir un vaste corps pris parfois de brusques soubresauts, des crises où on s'amuse beaucoup et batifole, croyant en n'importe quoi, pour ensuite rentrer dans les rangs et se plier à un conformisme ?
Ce qu'il y a de nouveau, par contre, par rapport aux années 70, c'est que malgré les moeurs relâchées se voulant à tout rompre, on a jamais été aussi seuls et désemparés qu'auparavant, et que notre monde semble plus virtuel qu'hédoniste. Peut-être qu'il manque ce parfum des années 70, qu'on aimerait parfois connaître, quoique, avec la prudence de notre 21 ème siècle. Car, ce qui caractérise encore certaines libertés de nos jours, c'est l'idée même du piège. On t'offre un plaisir ou une liberté, tu peux, mais la sanction n'est pas loin ou alors il faut te soumettre à un certain racket, dévalorisation, perte de privilège ou d'un simple droit, ou encore une humiliation, comme de te retrouver comme certains aux states, en train de te balader en homme sandwich parce que tu as payé pour connaître un peu d'amour ou de plaisir dans les bras d'une femme...
Je n'arrive pas à trancher, n'y voyez pas de jeux de mots, mais je laisse ça comme sujet de réflexion. La sociologie aurait beaucoup à dire sur ces phénomènes, car finalement, à quoi bon juger, puisque ces faits de société se retrouvent dans toutes les sociétés antérieurs et même dans nos origines tribales, si bien qu'on peut se demander, s'il n'y avait pas déjà une certaine idée de la chose chez nos ancêtres de la préhistoire, d'un certain point de vue. Fascinant...
Pas de constat négatif, juste une position d'observateur, voilà comment nous pourrions envisager la chose. Impossibilité de juger une " respiration " presque naturelle de notre société, impossibilité de renier ou bafouer un groupement au profit d'un autre, sinon en affirmant une autre vérité. Alors, vive tout le monde au final, chacun son flambeau, puisqu'il n'y a plus vraiment de phare auquel se référer. Mais n'oublions pas tout de même notre sens critique, et notre raison, qui n'est pas un organe différencié de l'âme, contrairement à ce qu'affirme une autre idiosyncrasie, ce serait déjà pas mal.