Je vais encore me répéter, mais ce qui est acceptable en littérature l'est beaucoup moins quand on veut raconter des faits dits averés. C'est tout ce qui fait la différence entre une aussi remarquable innovation que " Le projet
Blair Witch " et le cas célèbre de toute la disparition d'un groupe de jeunes filles au début du siècle, parties faire un pique-nique sur le haut d'une montagne. On ne vit redescendre qu'une fille et l'institutrice je crois, à moitié nues, sans aucun souvenir de ce qui s'était passé. Ils ont fait des recherches, remué ciel et terre, ils n'ont jamais retrouvé cette classe de jeunes filles. Ce qui était encore plus troublant c'est que dans cette Australie là, l'endroit était assez désert, ne comportait qu'un seul chemin, et que malgré les recherches importantes mises en oeuvre, on ne retrouva jamais trace de ces filles. Elles s'étaient envolées en un claquement de doigts, sans trace de pneus de voiture, de lutte ou de sang, vêtements, etc....
Disparues en un endroit isolé, et qui plus est inaccessible en voiture !!!
Au bas de la montagne, on balaya les chemins sur plusieurs lieux à la ronde, pas une seule trace de véhicule, ni de pas, rien !!!
D'où les thèses sur les mondes parallèles et compagnie qui fusèrent à l'époque.
Ils en ont tiré un très bon film que je n'ai jamais pu voir, " Pique-nique à Hanging Cook ", et cela reste l'un des cas de disparition les plus mystérieux de notre histoire moderne.
Impossible de conclure à un enlèvement, sauf par hélocoptère, mais vu l'époque, peu viable. Acune trace de passage de voiture, aucun passage dans la montagne ne permettent de penser à une chute dans une crevasse ou dans une grotte, rien, nada. Cela aimenta les journaux de l'époque et jamais l'affaire ne fut résolue...
La projet Blair Witch part du même mystère, mais le sublime par le biais d'une fiction surnaturelle. Et pourtant on y croit presque....
Voilà pourquoi je ne parviens pas à trancher sur ce problème, mais je dois dire qu'il m'interroge beaucoup sur le réel et le fictif, un point central de mes analyses sur les littératures de l'imaginaire.
Il y a un esprit de visionnaire, de pionnier, chez les américains qui fait que même leur fictif s'édifie en des champs du possible qui ne prennent plus en compte les faits du monde mais bien le regard porté sur le monde...
Autant dire que le débat ne sera jamais clôt, et c'est tant mieux. Donc je reste prudent, même si la preuve dans cette sphère est fondamentale. Oui, je reste ouvert, parce qu'il y a probablement des choses dans notre monde et dans le regard qu'on lui accorde d'étranges îles invisibles et failles temporelles qui se lovent entre deux champs d'expérience : ce qu'on voit et rapporte et ce qu'on ressent et éprouve intimement.
