- La question des mutilations de bétail (par Gildas Bourdais).
- La question des mutilations de bétail.
Voici ma critique du livre de Yann Mège, Les Chirurgiens furtifs, paru à la fin de 2001, selon lequel les mutilations de bétail aux Etats-Unis sont l'œuvre d'animaux prédateurs.
Un livre trompeur sur les mutilations animales
Un petit livre, Les chirurgiens furtifs de Yann Mège, publié à la fin de l'année 2001, prétend faire "l'autopsie d'un mythe américain". Le titre est bon, mais le sous-titre est trompeur. Pour un lecteur pas ou peu au courant de la question, ce texte, qui est bien écrit, peut paraître convaincant. L'auteur cite de nombreuses sources et donne l'impression d'avoir étudié le sujet en profondeur. En fait, il se range à l'opinion très contestée d'un agent à la retraite du FBI, Kenneth Rommel, qui avait conclu en 1980, après un an d'enquête, à l'action d'animaux prédateurs. Yann Mège s'appuie aussi sur un livre non moins sceptique, Mute Evidence de Daniel Kagan et Ian Summers, paru en 1984, et néglige ou minore de nombreuses autres sources, dont les conclusions sont complètement opposées.
Il suffit d'avoir eu sous les yeux quelques bonnes photographies de mutilations animales - qui font cruellement défaut dans le petit livre de Yann Mège - pour comprendre que cette explication par les animaux prédateurs ne tient pas debout. Le rapport de l'agent du FBI avait d'ailleurs provoqué de vives protestations, lors de sa publication, dans le monde des éleveurs américains, qui avaient fait pression pour obtenir cette enquête, tellement ils étaient inquiets de ce phénomène des mutilations.
La meilleure documentation photographique a été publiée par l'enquêtrice Linda Moulton Howe dans deux livres de grand format : An Alien Harvest (1989) et surtout Glimpses of Other Realities (Volume 1, 1993). Linda Howe, productrice de documentaires scientifiques qui a enquêté longuement sur le terrain, a aussi publié une série de remarquables vidéos et présente des cas sur son site web (
http://www.earthfiles.com ). On peut également voir de bonnes photographies et enquêtes sur le site d'un groupe d'études privé américain, le National Institute for Discovery Science, ou NIDS (
http://www.nidsci.org/ ).
Sur ces photos, on voit clairement que les parties mutilées ne sont pas du tout celles auxquelles s'attaquent habituellement des animaux prédateurs, le ventre et les parties le plus faciles à déchiqueter. Bien au contraire, les parties mutilées sont notamment la tête, dont la mâchoire est dénudée avec une étonnante précision, les parties sexuelles et l'anus, ou même des organes internes extraits par de petits orifices qui semblent trop étroits pour cette opération ! Les coupures sont d'une précision "chirurgicale", dont sont évidemment incapables des coyotes ou des corbeaux. Très souvent, on trouve l'animal entièrement vidé de son sang, sans une goutte au sol, et sans traces d'animaux ou de véhicules autour de lui.
La plupart des enquêteurs indépendants, et même des policiers et des shérifs en activité, ont rejeté l'explication par les prédateurs, ainsi que d'autres explications qui ne tiennent pas plus debout, comme les "sectes sataniques" (personne n'a jamais été condamné) , ni des opérations militaires, explication absurde car pourquoi l'armée s'amuserait-elle, depuis bientôt quarante ans, à effrayer les populations avec des mises en scène de grand guignol, alors qu'il lui suffirait d'acheter des bêtes discrètement aux fermiers si elle voulait les étudier ? Yann Mège, heureusement, est resté à l'écart de ce genre de spéculation hasardeuse. D'autre part, on a souvent observé des ovnis dans les parages des mutilations, parfois même des traces révélatrices au sol, qui mettent les ovnis et leurs mystérieux occupants sur la sellette.
L'un des arguments de Yann Mège, à la suite de ces auteurs sceptiques cités plus haut, est que les partisans d'une autre explication, disons le, de "visiteurs" extraterrestres - car c'est bien celle qui reste une fois que toutes les autres ont été écartées - ne possèdent pas d'étude sérieuse des bêtes mutilées, avec des vétérinaires spécialistes de pathologie animale. Or rien n'est plus faux. L'équipe de NIDS, qui a déjà fait pas mal d'enquêtes, sur des cas nouveaux qui continuent à se produire chaque année, compte dans son équipe un vétérinaire pathologiste, George Onet, Ph.D. Le directeur scientifique de l'équipe, Colm Kelleher, est docteur en biologie moléculaire et en biochimie. On pourra constater en visitant le site de NIDS qu'ils ont bien fait des examens biologiques approfondis sur les cas qu'ils on étudiés.
En fait, dès la première enquête de terrain, en octobre 1967 sur le cas du cheval "Snippy", un médecin pathologiste était intervenu, John Henri Altshuler, pathologiste-hématologiste travaillant à l'Université du Colorado. Il avait constaté la disparition d'organes internes de l'animal affreusement mutilé. Son témoignage, publié dans la presse, avait fait du bruit, mais Altshuler était d'abord resté anonyme car il redoutait de mettre en danger sa carrière, comme il l'a ensuite raconté à Linda Howe, avec laquelle il a étudié de nombreux cas (plus de 50 cas de 1989 à 1995). Yann Mège croit pouvoir écarter son témoignage car, dit-il, Altshuler "s'était rétracté piteusement quelques jours plus tard". Or le meilleur auteur français sur les mutilations, Michel Granger, auquel Yann Mège se réfère volontiers, écarte cet argument dans son livre Le grand carnage : "Certains affirmèrent qu'il aurait reconnu "s'être trompé" ! On verra qu'il révéla, beaucoup plus tard, des détails qui font bien de Snippy la première mutilation "classique" made in USA" (pp 18-19, nouvelle édition en préparation). On voit ici un exemple du genre d'argument frelaté que n'hésitent pas à utiliser les sceptiques pour écarter sommairement les années de travail d'un professionnel particulièrement compétent.
On pourrait facilement citer des dizaines d'autres exemples du même genre, dont est émaillé ce petit livre. En bref, ce qu'il faut comprendre, c'est que le phénomène des mutilations de bétail, qui n'est pas limité d'ailleurs au territoire des Etats-Unis puisque certains cas ont été signalés dans d'autres pays ces dernières années, par exemple en Grande-Bretagne et en Suède, est l'un des aspects inquiétants du "dossier" des ovnis, ce qui explique l'action des autorités américaines pour l'étouffer dans les années 70 et 80, époque à laquelle il avait atteint son intensité maximum et inquiétait sérieusement les éleveurs, avec des milliers de cas, surtout dans l'Ouest, mais en fait dans toute l'Amérique du Nord, Canada inclus. Yann Mège croit pouvoir expliquer cela comme relevant d'une sorte de mythologie contemporaine, allant même, sans craindre le ridicule, jusqu'à évoquer les angoisses de la guerre du Vietnam. Laissons là ces explications pseudo scientifiques qui en réalité n'expliquent rien du tout. - Source :
http://ufoweb.free.fr/bourdais04-2002.htm