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 Sujet du message: Est-ce qu'il y a un avenir pour l'ufologie ?
MessagePosté: Sam Janvier 29, 2005 03:18 
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Il est certainement raisonable de penser que le phénomène OVNI recouvre plusieurs phénomènes différents. De plus, il est aussi raisonable d’utiliser la règle du 5% qui a émergée du projet Blue Book de la U.S. Air Force, à savoir que 95% des observations d’OVNI ont des origines naturelles ou humaines. Ainsi, l’ufologie devrait s’intéresser seulement au 5% restant. Paul Devereux, depuis les années 1980, a fait mieux connaître les “Earth Lights”, phénomène exotique mais naturel causé par des bulles de plasma qui émergent des entrailles de la terre. Les Earth Light peuvent expliquer un bon nombre d’oberservations de lumières noctunes, et de disques métalliques diurnes. Ainsi, il serait plus juste de dire que l’ufologie devrait se concentrer sur les rencontres dites des 1er, 2e et 3e types, qui constituent moins de 1% des observations d’OVNI.

Dans la mesure où on limite le champ de l’ufologie à ce périmètre, il faut alors conclure que malgré les propos de nombreux témoins et l’expression ouverte de croyances par rapport à l’origine du phénomène OVNI, il n’est toujours pas possible d’affirmer, sans doute raisonnable, ce à quoi nous avons affaire. C’est pour cette raison que je considère qu’après plus de cinquante ans d’ufologie moderne, il serait probablement temps de prendre un peu de recul pour s’intérroger sur l’avenir de ce champ.


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MessagePosté: Sam Janvier 29, 2005 12:32 
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Earth lights...

OVNI>objets volants non identifiés.

Je trouve le sujet un peu trop connoté extraterrestre.Si l'US air force banalise autant ces "earths lights",alors qu'ils nous le démontrent photo a l'appui et avec explication scientifique s'il vous plaît.C'est facile de nous sortir des "bulles de plasma ",je veux qu'on m'explique...

Non franchement bien sûr que l'Ufologie a de l'avenir, du moins jusqu'à ce que l'on voie plus ces phénomènes.
Après,moi,ce que dit l'air force... ils nous mentent tellement...

Les OVNIS qui ont traversé la France jusqu'en Belgique, pour disparaître devant des chasseurs armés, c'était quoi pour l'US air force? dopamine collective ?

_________________
Heureux les imbéciles...


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 Sujet du message: Re: Est-ce qu'il y a un avenir pour l'ufologie?
MessagePosté: Sam Janvier 29, 2005 14:11 
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Hiram Abiff a écrit:
(...) après plus de cinquante ans d’ufologie moderne, il serait probablement temps de prendre un peu de recul pour s’intérroger sur l’avenir de ce champ.


Au préalable, avant de s'interroger sur l'avenir de l'ufologie, il faudrait peut-être faire l'état des lieux…

Première question à se poser : quel(s) résultat(s) a produit jusqu'ici l'ufologie ?

J'ai beau chercher… Je ne vois pas très bien.

Certes, les ufologues ont amassé avec le temps une imposante collecte d'observations, de témoignages, de données, de traces matérielles, de documents photographiques, etc., le tout confirmant - du moins, à mes yeux - la réalité du phénomène. Mais cela ne suffit pas à faire de l'ufologie ni une science ni une discipline ni même un champ de recherche digne de ce nom.

Ce champ me semble être au même point que l'était l'étude de la terre avant l'invention, vers les années 1830, de la géologie. Je m'explique :

Avant que des gens comme Charles Lyell n'inventent cette discipline, le champ était alors occupé par divers groupes d'amateurs qui écrivaient des "théories de la terre", qui rassemblaient des roches et des fossiles, qui voyageaient à l'étranger et qui rédigeaient toutes sortes de rapports destinés à de nouvelles sociétés fondées dans le but de constituer des collections nouvelles… mais ces amateurs ne vivaient pas de leurs activités et n'en faisaient pas un métier. Ils s'amusaient à collectionner roches et fossiles, ils ne produisaient pas de faits.

Certains diront que cette absence d'incitatif pécunier ou professionnel est un gage de "bonne science" en devenir, je rétorquerai qu'un amateur, par définition même, et fut-il dévoué à sa cause et passionné par ce qu'il fait, peut à tout moment laisser tomber la discussion pour s'occuper d'autre chose, des affaires de son métier justement. Et c'était le problème de Lyell : dans la mesure où ses arguments allaient à l'encontre des sentiments, des intérêts et des passions de ces 'géologues' amateurs, il lui était difficile de les convaincre du bien fondé de ses dires et de marquer des points avec eux. S'ils n'étaient pas convaincus, les amateurs continuaient leur petit bonhomme de chemin sans s'intéresser et sans se laisser impressionner par les arguments de Lyell, ou par les alliés qu'il avait réunis pour étayer son point de vue. Bien qu'ils lui étaient nécessaires pour accumuler, rassembler et fournir roches et fossiles dans de nombreux pays que les rares géologues ne pouvaient couvrir, les amateurs formaient une foule trop indisciplinée pour donner à Lyell l'aide dont il avait besoin pour produire des faits nouveaux. Pour qu'un ensemble de sujets relevant de la géologie puisse émerger, pour que la géologie puisse elle-même s'instituer en tant que telle, il fallait - entre autres choses - que cette foule désordonnée de mains secourables se transforment en une force de travail disciplinée au service des géologues dans leur production de faits mieux assurés.

Ainsi vogue la science, ou mieux, la recherche scientifique. Sinon, l'étude de la terre ne reste qu'un hobby pour gentleman britannique un tantinet excentrique.

Or, j'ai justement l'impression que l'ufologie en est toujours à ce stade et qu'elle est incapable de s'en dégager. La plupart des ufologues sont justement des amateurs (dévoués et passionnés, certes) : ils collectionnent et comptabilisent les témoignages, racontent de belles et étranges histoires, spéculent beaucoup… mais ils ne construisent pas de faits ni même n'élaborent-ils de véritables programmes de recherche. En d'autres mots, ils thésaurisent et piétinent… en attente, peut-être, du grand débarquement interplanétaire anticipé à tout moment ou mieux, de révélations chocs de nos gouvernements, qui savent tout et nous cachent tout. Révélations toujours annoncées pour bientôt – selon tel auteur ou tel magazine - mais toujours remises à plus tard…

Cette situation pourrait durer longtemps. D'ailleurs, elle est même faite pour durer : même s'ils ne cessent de dénoncer la suffisance, la moquerie et le mépris qu'affichent les autorités, le monde universitaire, les médias et les bien pensants à leur endroit, les ufologues semblent quand même bien s'accommoder de cette position de marginalité, d'outsider, d'incompris, de victime, de martyr de la science officielle… en attente du grand jour, du Jour J, où ils pourront prendre leur revanche, remettre la monnaie de leur pièce à leurs bourreaux… et passer en exclusivité à CNN !

C'est un hobby assez pervers finalement :lol:


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MessagePosté: Sam Janvier 29, 2005 16:06 
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Inscription: Jeu Janvier 27, 2005 05:27
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La question n'est pas de savoir si le phénomène existe ou pas. Il y a assez d'observations valables pour dire qu'il y a des choses étranges qui circulent dans le ciel. La question est de savoir que sont ces choses.

Si on veux faire l'état des lieux, il faut aussi jetter un regard sur la nature des explications proposées par l'ufologie.

En simplifiant un peu, on peut dire que les ufologues ont développé trois grandes thèses pour expliquer le phénomène, mais elles demeurent toutes hautement spéculatives, et essentiellement invérifiées ou même invérifiables.

Il y a la Thèse Extra-Terrestre (TET) qui il implique que nous sommes visités par des êtres venus d’ailleurs à l’aide d’engins spatiaux. Cette thèse est aussi connue sous le nom de “tôle et boulon”, et elle est certainement la plus populaire. Cependant, cette thèse explique mal pourquoi les témoins semblent voir des objets ou des êtres qui se conforment à la culture humaine environnante. Par exemple, au tournant du XIXe-XXe siècles on observe des dirigeables, dans les années 1930 et 1940 on observe des avions et des fusées fantômes, les observations de “Gris” deviennent fréquentes seulement lorsque la culture populaire commence à diffuser leur image sur une vaste échelle, etc. Enfin, après plus de 50 ans d'effort ufologique, aucun objet matériel pouvant confimer cette hypothèse n'a émergé.

Il y a aussi la Thèse Psycho-Sociale (TPS), qui suppose que les rencontres extra-terrestres sont essentiellement des formes rares d’hallucinations collectives où les témoins ne font que projetter leur craintes inconscientes à travers des référents tirés de la culture populaire. Cette thèse est populaire chez les sceptiques, mais elle a aussi de nombreuses faiblesses. Le lien entre hallucination individuelle et l’utilisation de référents de la culture populaire demeure purement hypothétique car il n’y aucune preuve en psychologie ou en neurologie qu’un tel type d’association existe. Ensuite, cette thèse n’explique pas les traces qui sont parfois observées (radioactivité au sol, échos radar, etc).

Finalement, il y a une version modifiée de la TPS, qui implique une présence externe réelle, mais qui se manifeste à travers nos référents culturels. Cette présence externe semblent être capable d’intervenir directement à la fois sur la matière et sur la psyché humaine, sans pour autant avoir de réalité matérielle propre au sens où l’entend normalement. Jacques Vallée et John Keel sont probablement les promoteurs les mieux connus de cette thèse, et elle est aussi connu sous le nom de la Thèse Magonia (TM), tiré du titre d’un ouvrage de Vallée. Cette thèse est un compromis entre la TET et la TPS, mais comme les deux autres thèses, elle demeure presque impossible à vérifier dans la mesure où les êtres en questions ne feraient pas partie de notre univers physique.

Dans un tel contexte, l'ufologie, en tant que discours qui se veut explicatif, me semble être dans une impasse complète.


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MessagePosté: Dim Janvier 30, 2005 15:20 
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Hiram Abiff a écrit:
La question n'est pas de savoir si le phénomène existe ou pas. Il y a assez d'observations valables pour dire qu'il y a des choses étranges qui circulent dans le ciel. La question est de savoir que sont ces choses.


Je ne pècherai plus, mon père ;)

Citation:
Si on veux faire l'état des lieux, il faut aussi jetter un regard sur la nature des explications proposées par l'ufologie.

En simplifiant un peu, on peut dire que les ufologues ont développé trois grandes thèses pour expliquer le phénomène, mais elles demeurent toutes hautement spéculatives, et essentiellement invérifiées ou même invérifiables.


Et voilà : elles sont justement "spéculatives", essentiellement "invérifiés"… Mais sont-elles (toutes) "invérifiables" ? Pour ma part, je préfère le qualificatif de recherchable. La tâche première étant justement d'identifier et de dégager les questions recherchables ...

Citation:
Dans un tel contexte, l'ufologie, en tant que discours qui se veut explicatif, me semble être dans une impasse complète.


Au sujet des trois thèses… Le problème immédiat aux deux premières est que l'une et l'autre ont déjà décidé, a priori, de la nature même du phénomène OVNI, comme si elles savaient déjà toutes deux de quoi il était fait, de quoi il se compose. Ce faisant, elles ne font qu'étendre la juridiction de théories existantes au phénomène.

C'est évidemment un échec. Le phénomène OVNI est trop erratique, changeant, multiforme, protéiforme pour s'y laisser saisir : il cache un problème autrement plus vaste que la tôle, les boulons et la pression des représentations collectives. Ensuite, l'intérêt des travaux de l'une et l'autre thèse est moins qu'évident disons.

Les tenants de la TET me semblent tellement préoccupés par la "scientificité" de leurs travaux et par leur désir d'intégrer les rangs de la science légitime, qu'ils se sont faits plus épistémologues que les épistémologues eux-mêmes : ils en ont intériorisé le projet polémique de purification, de démarcation entre science et pseudo-science ; il faut donc purifier le champ de ses éléments inorthodoxes ou épistémologiquement gênants… et il faut faire de la Science… mais selon la définition qu'en donnent les épistémologues et les philosophes des sciences, soit le suivi à la lettre de la méthode scientifique.

Or, au mieux les tenants de la TET ne font que singer la dite méthode, comme des élèves obéissants et sans génie. Au pis - et c'est toujours, je pense, une conséquence de cette obsession épistémologique - ils inversent le régime du visible et de l'invisible propre à la recherche scientifique. Je pense plus particulièrement à l'obsession des ufologues pour la trace définitive, la perle rare, l'évidence indiscutable, le smoking gun, sous forme de photo ou d'artéfact. Alors qu'ils chargent une trace isolée de tout le poids de l'évidence, l'ensemble de la communauté scientifique ne fait jamais d'une trace isolée un référent. Cette trace commencera à se gagner un référent, du sens, suite à une série de transformations permettant de dégager une constante, quelque chose de stable d'une trace à l'autre.

La TPS… Si vous saviez comme je méprise ces gens ;)

Alors que les tenants de la TET empruntent à la Science et à sa méthode (voire, s'inspirent d'une conception tout à la fois erronée et polémique de la science), les tripatouilleurs psycho-sociaux se servent de la sociologie et des sciences sociales dans ce qu'elles ont de pire : ils savent de quoi se compose le monde social, les acteurs sociaux ne le savent pas, aliénés qu'ils sont à des fictions sociales nécessaires… Les premiers donneront donc des leçons de social et d'objectivité aux deuxièmes, ils leurs apprendront la vérité de leurs fausses "croyances" (comme s'il ne s'agissait justement que de croyances).

C'est ce que j'appelle la "sociologie des restes" : alors que la science, la raison et la vérité se suffiraient à elles-mêmes, la sociologie et les sciences sociales n'auraient pour toute mission que d'étudier ce qui en dévie, de pister les raisons (sociales et culturelles) du faux, de l'erreur, de l'irrationalité des masses. Société et culture seraient ici un obstacle, un frein à la ligne droite de la raison, un voile jeté sur les yeux des acteurs sociaux afin de ne pas les exposer à la froide et dure vérité. Ce type de sociologie accomplit la basse besogne des épistémologues auxquels je fais allusion plus haut.

Ces gens n'ont toujours pas tiré les leçons de leur échec devant la nature paradoxale du phénomène. Let the dead bury the dead et oublions les.

Reste la troisième thèse, qui selon moi n'est pas du tout une "version modifiée de la TPS". Elle est en fait tout autre. Et c'est celle que je privilégie.

Outre que l'on y reconnaît les incidences à la fois physiques et psychiques, on y fait aussi une large part à l'anthropologie du phénomène mais non en un sens platement psycho-sociologique (TPS). Le phénomène OVNI a lui-même des incidences proprement sociales, culturelles et probablement politiques. C'est certainement vrai pour les contactees et les abductees mais aussi pour tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin au phénomène puisqu'il nous enjoint à changer les représentations que nous avons de nous-mêmes, du monde et de l'univers. Selon moi, ceci fait partie du phénomène et devrait donc faire partie de son étude.

Keel et Vallée promeuvent justement une conception infiniment plus large du phénomène OVNI. Leurs thèses m'apparaissent bien plus intéressantes que les recherches de certains, disons, sur le système de propulsion des OVNIS. D'ailleurs, la technologie observée ne repose peut-être même pas sur ce que nous entendons par "propulsion".

Pour revenir à ce que j'énonçais au début de mon texte, la question est de savoir si les thèses de Vallée sur le système de contrôle des consciences et les formes de communication qu'il est susceptible de favoriser, sont recherchables, s'il nous est possible de concevoir des dispositifs de recherche qui permettent de les opérationnaliser et de les tester. Et là, je n'en sais rien… Vallée a quitté le monde de l'ufologie il y a quelques années, écoeuré qu'il était des faux débats et de la régression intellectuelle du champ. Il faudrait qu'il revienne pour reprendre ses travaux là ou il a laissé… Ou qu'un nouveau Vallée se pointe et poursuit le travail laissé en friche.


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MessagePosté: Dim Janvier 30, 2005 20:03 
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Il y a quelques mises au point à faire.

La thèse psycho-sociale (TPS) et la thèse Magonia (TM) sont issues d’un même questionnement, à savoir pourquoi les observations ufologiques ont tendance à révéler des éléments socio-culturels alors que l’on devrait s’attendre à rencontrer l’altérité complète (c.-à-d. des non-humains).

La TPS est en effet très pauvre à la fois d’un point de vue théorique et empirique. Pour une critique dévastatrice de la TPS en français, voir l’ouvrage de Michel Picard “Les OVNI: laboratoire du futur”.

Ensuite, les pionniers de la thèse extra-terrestre (TET) ont certainement fait une contribution utile malgré leur réflexe initial de jeter un regard dit scientifique sur le phénomène. Hynek a développé une classification utile. Aimé Michel et Jacques Vallée, dans les années 1950, ont pu démontré que la France était sous le coup d’une véritable vague d’OVNI en 1954, et qu’il ne s’agissait pas seulement d’un phénomène médiatique. John Keel, dans les années 1960, arrive à des conclusions similaires pour les États-Unis.

Ce que les tenants de la TET semblent ne pas vouloir accepter est ce que les pionniers comme Vallée et Keel ont réussi à accepter: l’analyse scientifique traditionelle est une voie sans issue. D’où leur abandon de la TET et leur intérêt pour la TM.

Il important, cependant, de regarder plus en profondeur pourquoi l’analyse scientifique traditionnelle est sans issue. D’abord, les analyses qui se veulent objectives ne peuvent pas l’être. La source de leur données est subjective de par la nature propre des données: témoins disparates et involontaires, souvent dans un état altéré de conscience (ce que Jenny Randles appelle le “facteur Oz”). Ensuite, l’analyse scientifique traditionnelle implique un certain contrôle des variables, alors que dans le cas de l’ufologie il n’y a aucun contrôle possible sur le phénomène observé, les observateurs, ou l’environnement. Bref, nous sommes en système complètement ouvert.

Dans des situations de systèmes ouverts, une méthodologie souvent utilisée est celle de l’étude de cas. Mais encore faut-il savoir l’utiliser. L’étude de cas ne peut pas servir à développer des patterns statistiques. Il est impossible de faire de la statistique descriptive ou inférentielle parce que on ne sait même de quoi est fait la population de données. Bref, une accumulation de cas ne donne pas de validité quantitative.

La force des études de cas est dans la logique interne qui pourrait se révéler dans chaque cas particulier. Ainsi, on peut construire des patterns qualitatifs, mais ces derniers ne peuvent se vérifier que dans le cadre d’une théorie ou au moins d’un schéma d’explication plus général. C’est essentiellement ce qu’a fait Jacques Vallée dans son ouvrage Magonia. Mais cette méthodologie a ses limites dans la mesure où on ne peut pas développer de validité externe. L’archéologie, qui est comparable à l’ufologie en terme de système ouvert et de cas unique (on ne peut déblayer un site archéologique qu’une seule fois), peut toujours se référer à notre commune humanité pour comprendre pourquoi nos ancêtres faisaient ceci ou cela. La validité externe est possible. Pour l’ufologie, nous ne savons même pas ce à quoi nous avons affaire. Ainsi, pour l’ufologie la validité externe demeure hors d’atteinte via les études de cas.

Je ne suis pas certain, en revanche, qu’il faille rejeter la recherche d’explications qui se situent au-delà des impressions intutives des témoins. Les grands progrès dans les grandes sphères du savoir ont presque toujours passé par le rejet de l’évidence. Pensons à Galliée et à la chute des corps en physique, à la découverte de l’ADN par Watson et Crick et aux préjugés sur l’hérédité qui existaient à leur époque, à Durkheim en sociologie et à l’idée de faits sociaux, ou encore en psychologie avec Freud et le concept d’inconscient. Même si ces progrès ont été souvent historiquement “améliorés” par l’addition d’observations intuitives ou de critiques, comme Einstein qui questionnait les variations inexpliquées du mouvement de certaines planètes; en biologie il semble que Lamarck n’est pas tout-à-fait tort; nous savons maintenant que les faits sociaux des sociologues sont aussi des constructions sociales; et que l’analyste tend à projetter son inconscient dans l’étude de celui d’autrui. Il en demeure que la possibilité de progrès est passé par ce que Bachelard appelait la rupture épistémologique (laquelle ne peut se produire qu’au tournant de nouveaux développements majeurs, contrairement à ce que Bachelard en pensait).

Je pense que l’ufologie doit faire cette rupture épistémologie pour sortir de l’impasse. Nous devons accepter que les modèles issues des sciences physiques ou sociales ne sont pas appropriés à l’objet sous étude, et que l’accumulation de cas, qui peut être un hobby plaisant, est sans grande utilité s’il n’y a pas de théorie pour les valider. Je voudrais souligner, en revanche, que je ne supporte pas la régression de l’ufologie vers des schèmes religieux d’explications. La nécessité d’adhéré à une foi pour expliquer ne permet pas de faire de rupture épistémologie, ni de créer les conditions nécessaires pour développer un champ de savoir où de véritables débats de fond peuvent se produire. Cette régression de l’ufologie vers le religieux est une des raisons qui ont poussées des pionniers comme Jacques Vallée à lancer la serviette.





S’il y a un avenir pour l’ufologie, je crois que nous devrions commencer à le développer dès maintenant pour sortir de l’impasse. Pour ce faire, je pense qu’il faut repenser non seulement les catégories, et les schémas explicatifs utilisés, mais aussi la nature même des possibilités d’explication du phénomène, ou comme le dirait les philosophes, il faut repenser certains fondements épistémologiques. Bref, il faudrait commencer à regarder ailleurs.

Je m’explique. Bien que les tenants de la thèse extra-terrestres (TET) soient persuadés d’avoir à faire à des êtres biologiques et à des machines en métal, il appert qu’il y a un facteur psi directement impliqué dans les observations des 1e, 2e, et 3e types. Nombres d’observations relatent des effets paralysants, des sensations étranges, et une atmosphère franchement onirique. La célèbre ufologue britannique Jenny Randles parle du “facteur Oz” pour décrire l’étrangeté de l’expérience ufologique (nom tiré du classique du cinéma américain le Magicien d’Oz). On peut aussi souligner le projet Anamnesis, dirigé par l’autrichien Alex Keul, qui pour une rare fois dans l’histoire de l’ufologie voit un chercheur s’intéresser aux témoins eux-même. Ses enquêtes ont tenté de développer un profil sociologique des témoins d’OVNI, dans le but de vérifier certains éléments de la thèse psycho-sociale (TPS). A sa grande surprise, il n’y aucun pattern qui émerge en terme de sexe, age, niveau de revenu, etc. Le seul facteur significatif qui est relevé est la prépondérance d’expériences avec le paranormal chez les témoins. Soulignons encore les travaux de John Keel, qui démontrent que les observations ufologiques sont souvent accompagnés, dans une même région, d’observations paranormales par d’autres témoins.

Il me semble y avoir assez d’éléments pour suggérer que l’ufologie devraient intégrer dans ses schémas explicatifs l’analyse des phénomènes psi. Le malheur est que les phénomènes psi sont tout aussi mal compris que la question OVNI. La parapsychologie a réussi à démontrer, sans doute raisonable, qu’il y avait un phénomène réel, mais sans avoir aucune idée de la nature de ce qui est observé.

Cette autre réalité qui s’exprime à travers les phénomènes psi mérite d’avoir des méthodologies et des schémas explicatifs appropriés pour leur objet. Il y a là une possibilité d’avenir pour l’ufologie dans la mesure où elle pourra mettre son énergie à comprendre comment les données sont produites, c.-à-d. à mieux comprendre comment les capteurs (les témoins) reçoivent et enregistrent les déviations (OVNI et extra-terrestres) par rapport à la norme socio-culturel qui les entourent.


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MessagePosté: Ven Février 04, 2005 18:19 
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Inscription: Mar Octobre 19, 2004 17:29
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Bien le bonjour cher Abiff. Et désolé de ce contre-temps.

Hiram Abiff a écrit:
Il y a quelques mises au point à faire.

La thèse psycho-sociale (TPS) et la thèse Magonia (TM) sont issues d’un même questionnement, à savoir pourquoi les observations ufologiques ont tendance à révéler des éléments socio-culturels alors que l’on devrait s’attendre à rencontrer l’altérité complète (c.-à-d. des non-humains).


Peut-être… Sauf que la thèse Magonia relève et ne réchigne pas devant l'improbable et l'absurde. L'enquête de John Keel sur les événements de Mont Pleasant en Virginie en 1968, The Mothman Prophecies, est un ouvrage classique du genre.

Citation:
La TPS est en effet très pauvre à la fois d’un point de vue théorique et empirique. Pour une critique dévastatrice de la TPS en français, voir l’ouvrage de Michel Picard “Les OVNI: laboratoire du futur”.


A mon tour, je vous recommande la lecture des travaux du sociologue Pierre Lagrange. Plusieurs de ses textes sont disponibles en ligne. Il a aussi écrit l'ouvrage, La rumeur de Roswell (que je n'ai pas lu) et dirigé un numéro spécial du périodique Ethnologie française au sujet de l'anthropologie des extraterrestres.

Citation:
Il important, cependant, de regarder plus en profondeur pourquoi l’analyse scientifique traditionnelle est sans issue. D’abord, les analyses qui se veulent objectives ne peuvent pas l’être. La source de leur données est subjective de par la nature propre des données: témoins disparates et involontaires, souvent dans un état altéré de conscience (ce que Jenny Randles appelle le “facteur Oz”). Ensuite, l’analyse scientifique traditionnelle implique un certain contrôle des variables, alors que dans le cas de l’ufologie il n’y a aucun contrôle possible sur le phénomène observé, les observateurs, ou l’environnement. Bref, nous sommes en système complètement ouvert.


L'ufologie est une science - pour autant que l'on puisse parler de science - de la trace. Le phénomène étant furtif et insaisissable, les ufologues ne peuvent l'étudier directement et à sa source, ils ne peuvent qu'en étudier les signes de son passage et de sa présence antérieure. Et si nombre de ces signes témoignent de la matérialité du phénomène, les ufologues travaillent (ou ont à travailler) d'abord et avant tout avec des témoins, et non avec des objets volants. Dans ces conditions, une approche anthropologique du phénomène m'apparaît nécessaire et prioritaire.

Citation:
Dans des situations de systèmes ouverts, une méthodologie souvent utilisée est celle de l’étude de cas. Mais encore faut-il savoir l’utiliser. L’étude de cas ne peut pas servir à développer des patterns statistiques. Il est impossible de faire de la statistique descriptive ou inférentielle parce que on ne sait même de quoi est fait la population de données. Bref, une accumulation de cas ne donne pas de validité quantitative.


Hum… on peut néanmoins y déceler des cas de figure (ou comme vous le dites plus bas, construire des "patterns qualitatifs"), en chercher la récurrence et en calculer les fréquences.

Citation:
La force des études de cas est dans la logique interne qui pourrait se révéler dans chaque cas particulier. Ainsi, on peut construire des patterns qualitatifs, mais ces derniers ne peuvent se vérifier que dans le cadre d’une théorie ou au moins d’un schéma d’explication plus général. C’est essentiellement ce qu’a fait Jacques Vallée dans son ouvrage Magonia. Mais cette méthodologie a ses limites dans la mesure où on ne peut pas développer de validité externe. L’archéologie, qui est comparable à l’ufologie en terme de système ouvert et de cas unique (on ne peut déblayer un site archéologique qu’une seule fois), peut toujours se référer à notre commune humanité pour comprendre pourquoi nos ancêtres faisaient ceci ou cela. La validité externe est possible. Pour l’ufologie, nous ne savons même pas ce à quoi nous avons affaire. Ainsi, pour l’ufologie la validité externe demeure hors d’atteinte via les études de cas.


Et alors ? Ne mettons pas la charrue avant les bœufs. La théorie est un produit, elle vient après, pas avant. C'est d'abord en construisant et en relevant la fréquence de ces patterns que l'on peut éventuellement élaborer des modèles explicatifs ou descriptifs.

Une théorie permet de tenir ensemble un grand nombre de cas (c'est le secret de sa force). Cherchons d'abord à construire différents types d'association entre les cas avant de s'inquiéter de validité externe.

D'ailleurs, les théories, ou devrais-je dire les hypothèses spéculatives, abondent déjà amplement. Ce qui leur fait défaut, c'est qu'elles en restent justement à ce stade spéculatif : elles ne semblent pas inspirer des questions recherchables ou des dispositifs de recherche. A titre d'analogie, ces activités spéculatives, contemplatives, logothéoriques, sont du même ordre que les discussions entre lettrés du moyen-âge sur le sexe des anges ou sur les desseins du bon Dieu suite à l'observation d'un phénomène céleste quelconque. Oui, c'est intéressant, c'est intellectuellement agréable et tout mais ce n'est pas de la recherche.

De même, bien que j'aime aussi spéculer sur le phénomène ovni et que j'apprécie la présente discussion, force est de reconnaître que nous ne faisons pas de recherche en ce moment et que nous ne percerons pas le mystère ufologique sur ce fil !

Citation:
Je pense que l’ufologie doit faire cette rupture épistémologie pour sortir de l’impasse. Nous devons accepter que les modèles issues des sciences physiques ou sociales ne sont pas appropriés à l’objet sous étude, et que l’accumulation de cas, qui peut être un hobby plaisant, est sans grande utilité s’il n’y a pas de théorie pour les valider. Je voudrais souligner, en revanche, que je ne supporte pas la régression de l’ufologie vers des schèmes religieux d’explications. La nécessité d’adhéré à une foi pour expliquer ne permet pas de faire de rupture épistémologie, ni de créer les conditions nécessaires pour développer un champ de savoir où de véritables débats de fond peuvent se produire. Cette régression de l’ufologie vers le religieux est une des raisons qui ont poussées des pionniers comme Jacques Vallée à lancer la serviette.


La spéculation théorique est aussi un hobby... Je ne saisis pas trop ce que vous voulez dire au sujet de la "régression de l’ufologie vers des schèmes religieux d’explications". Pouvez-vous élaborer ?

Citation:
S’il y a un avenir pour l’ufologie, je crois que nous devrions commencer à le développer dès maintenant pour sortir de l’impasse. Pour ce faire, je pense qu’il faut repenser non seulement les catégories, et les schémas explicatifs utilisés, mais aussi la nature même des possibilités d’explication du phénomène, ou comme le dirait les philosophes, il faut repenser certains fondements épistémologiques. Bref, il faudrait commencer à regarder ailleurs.


Où ?

En passant, bien qu'Aimé Michel partageait la position de Vallée, il était en désaccord avec lui sur la possibilité d'expliquer le phénomène. Nous serions devant celui-ci comme un chien devant la physique quantique. Tout comme le chien ne pourra jamais comprendre celle-ci parce qu'il en est psychiquement incapable, nous sommes condamnés à tourner en rond devant le phénomène ovni parce que sa compréhension se situe au delà de ce dont est capable notre propre psyché.

C'est une question non résolue. Pour ma part, j'ose croire que nous pourrons parvenir à la compréhension du phénomène.

Citation:
On peut aussi souligner le projet Anamnesis, dirigé par l’autrichien Alex Keul, qui pour une rare fois dans l’histoire de l’ufologie voit un chercheur s’intéresser aux témoins eux-même. Ses enquêtes ont tenté de développer un profil sociologique des témoins d’OVNI, dans le but de vérifier certains éléments de la thèse psycho-sociale (TPS). A sa grande surprise, il n’y aucun pattern qui émerge en terme de sexe, age, niveau de revenu, etc. Le seul facteur significatif qui est relevé est la prépondérance d’expériences avec le paranormal chez les témoins.


Intéressant. Cela fait écho aux travaux de Michael Persinger sur les perturbations du champ magnétique lors de la manifestation de phénomènes étranges (ovni, poltergeist, fantômes, entités diverses, etc.). Je pense qu'il s'agit là, d'un élément du phénomène, de son point d'entrée… mais il faut prendre garde aux dérives réductionnistes. A ce sujet, veuillez consulter le fil suivant, "Paranormal et dopamine" :

http://www.paranormal-fr.net/chat-et-fo ... -3409.html

Citation:
Soulignons encore les travaux de John Keel, qui démontrent que les observations ufologiques sont souvent accompagnés, dans une même région, d’observations paranormales par d’autres témoins.

Il me semble y avoir assez d’éléments pour suggérer que l’ufologie devraient intégrer dans ses schémas explicatifs l’analyse des phénomènes psi. Le malheur est que les phénomènes psi sont tout aussi mal compris que la question OVNI. La parapsychologie a réussi à démontrer, sans doute raisonable, qu’il y avait un phénomène réel, mais sans avoir aucune idée de la nature de ce qui est observé.


D'où d'ailleurs, l'une des raisons du scientisme et de l'obsession épistémologique des partisans de la TET orthodoxe. Ces derniers voient d'un très mauvais œil ces manifestations "paranormales" accompagnant leur objet d’étude. C'est non seulement embêtant quand on ne se préoccupe que de tôle et boulons, c'est aussi gênant quand on cherche à joindre les rangs de la science normale et à convaincre l'establishment scientifique de la légitimité de son objet d'étude et du sérieux de ses recherches. Pendant que tous taisent et dissimulent systématiquement l'occurrence de ce type de phénomène autour des observations recensées, plusieurs cherchent aussi à épurer l'ufologie des recherches impures qui, en les prenant en compte, en menacent le sérieux.

Citation:
Cette autre réalité qui s’exprime à travers les phénomènes psi mérite d’avoir des méthodologies et des schémas explicatifs appropriés pour leur objet. Il y a là une possibilité d’avenir pour l’ufologie dans la mesure où elle pourra mettre son énergie à comprendre comment les données sont produites, c.-à-d. à mieux comprendre comment les capteurs (les témoins) reçoivent et enregistrent les déviations (OVNI et extra-terrestres) par rapport à la norme socio-culturel qui les entourent.


Hum… cette mention de "déviations (OVNI et extra-terrestres) par rapport à la norme socio-culturel qui les entourent" m'embête… c'est un préjugement, un présupposé, qui est lourd de sens et que je ne partage pas.

Cela dit, et parlant de méthode, je suggérerai à titre provisoire l'Actor-Network Theory ou la sociologie de la traduction de Bruno Latour. Cette méthode - il s'agit moins d'une théorie que d'une méthode - permet de suivre les acteurs, voire les actants, et le réseau qu'ils dessinent. Et pour mieux comprendre la question ovni, il faut justement commencer à suivre le réseau dans lequel ils se manifestent. A ce sujet, il ne faut pas perdre de vue que les ovnis transitent souvent selon des voies militaires et qu'ils se sont incrustés dans la culture populaire. Il ne m'apparaît pas sage d'ignorer (ou de suspendre) ces aspects ou de n'y voir que distorsion et récupération : quelque soit la nature du phénomène ovni, celui-ci semble toujours renvoyer aux activités des services de renseignement militaire et à sa représenttaion et à sa diffusion médiatique, sur grand écran et en Dolby Stereo.

Enfin, c'est une voie de recherche.


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MessagePosté: Ven Février 04, 2005 20:22 
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Cher Epistemon,

Merci pour vos éclaircissements. Je pense, en revanche, que sur certains points je n’ai pas été suffisamment clair.

Si les études de cas nous permettent de développer des figures de cas, leur simple accumulation ne donne rien en soi. Un point souvent mal compris, en particulier chez les tenants de la thèse extra-terrestre (TET) qui cherchent souvent à se donner une aura de scientificité.

La construction théorique, même en ufologie, est un phénomène non-linéaire et qui implique à la fois l’induction et la déduction sans ordre particulier. Encore une fois, je me permet de citer Jacques Vallée et son ouvrage sur Magonia. Vallée test une hypothèse, ou une théorie, sur la nature du phénomène OVNI en analysant des figures de cas. Le travail est ici déductif, et il s’agit d’un usage approprié de la méthode de l’étude de cas. Une hypothèse ou théorie est spéculative s’il y a un manque de validation emprique, mais ce manque doit être à la fois inductif et déductif. Le malheur en ufologie est que les études de cas sont rarement utilisées dans un cadre déductif authentique. On les utilisent comme s’il s’agissait de données statistiques pouvant permettre une induction véritable. Encore une fois, il n’a pas de raison valable pour maintenir en vie la philosophie des sciences des années 1950 où seul le travail inductif des sciences naturelles serait la seule source valable de constructions théoriques. Le besoin de se donner une aura de scientificité en ufologie est beaucoup plus pernicieux qu’on le pense.

Lorsque j’ai pris soin de mentionner qu’il ne faut pas régresser vers le religieux, je voulais exprimer mon désaveux envers certaines approches en ufologie. Certains pensent, comme vous le dites dans votre dernier message, que le phénomène ne peut s’expliquer. Ainsi, la réponse de certains est mettre l’ufologie dans le cadre de croyances spirituelles (ce qui a commencé dès les années 1950 avec les « Space Brothers »), pour éviter d’avoir à expliquer l’inexplicable. La nécessité de faire un acte de foi envers certaines croyances anéantit toute possibilité de discours rationnel. Si quelqu’un rejette les fondements d’une croyance, ce dernier ne peut avoir de discussion de fond avec un croyant car ils ne peuvent s’attendre sur les premisses de base d’un potentiel discours. (Par exemple, et dans un autre domaine, si quelqu’un considère que le Nouveau Testament de la Bible est une oeuvre de fiction, comme peut-il discuter de la descendance possible de Jésus via les rois mérovingiens?) Cette question de religiosité en ufologie est un élément supplémentaire pour encourager ceux qui s’intéressent à l’ufologie à prendre du recul pour juger si l’ufologie a un avenir.

La question de la déviation par rapport à la norme socio-culturelle n’est pas un pré-jugement, mais bien un constat ontologique. Si des témoins se présentent avec des histoires considérées comme hors de l’ordinaire c’est que justement, ils ont remarqué quelque chose qui sort de la norme. Cette norme est bien entendu socio-culturelle et relative car dans d’autres sociétés et à d’autres époques la réaction aurait été bien différente à la vue d’un extra-terrestre ou d’un OVNI. Pourtant, cette norme doit être bien comprise pour comprendre pourquoi il y a une observation en premier lieu, et ensuite pour comprendre comment cette norme influence l’observation elle-même. Les épisodes de « airships », ou de dirigeables, dans les années 1890-1900, indiquent une forte influence de la norme socio-culturelle (en particulier si on tient compte de la nature des échanges entre les Terriens et les voyageurs ). En ce sens, une approche anthropologique est d’autant plus nécessaire parce que, justement, il y a des normes socio-cuturelles en jeu.

Pour ce qui est des travaux de Bruno Latour et de la théorie de l’acteur-réseau, je ne suis pas certain qu’il s’agisse d’une piste bien utile. On peut certainement faire un meilleur constat des controverses au sein de l’ufologie et une meilleure analyse du débat entre science et pseudo-science à l'aide de la théorie de l’acteur-réseau. Bref, on peut faire une critique encore plus minutieuse de ce qui se passe en ufologie (et chez les sceptiques) grâce à la sociologie des sciences, mais je ne vois pas en quoi cela pourrait être utile pour aller de l’avant, pour proposer quelque chose de neuf, et de courageux. Au fond, peut-être que le problème central de l’ufologie est la peur de l’innovation authentique.


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MessagePosté: Sam Février 05, 2005 03:01 
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Hiram Abiff a écrit:
Si les études de cas nous permettent de développer des figures de cas, leur simple accumulation ne donne rien en soi. Un point souvent mal compris, en particulier chez les tenants de la thèse extra-terrestre (TET) qui cherchent souvent à se donner une aura de scientificité.


Certes. Je ne dis pas autre chose.

Citation:
La construction théorique, même en ufologie, est un phénomène non-linéaire et qui implique à la fois l’induction et la déduction sans ordre particulier. Encore une fois, je me permet de citer Jacques Vallée et son ouvrage sur Magonia. Vallée test une hypothèse, ou une théorie, sur la nature du phénomène OVNI en analysant des figures de cas. Le travail est ici déductif, et il s’agit d’un usage approprié de la méthode de l’étude de cas. Une hypothèse ou théorie est spéculative s’il y a un manque de validation emprique, mais ce manque doit être à la fois inductif et déductif. Le malheur en ufologie est que les études de cas sont rarement utilisées dans un cadre déductif authentique. On les utilisent comme s’il s’agissait de données statistiques pouvant permettre une induction véritable. Encore une fois, il n’a pas de raison valable pour maintenir en vie la philosophie des sciences des années 1950 où seul le travail inductif des sciences naturelles serait la seule source valable de constructions théoriques. Le besoin de se donner une aura de scientificité en ufologie est beaucoup plus pernicieux qu’on le pense.


Pas plus que l'on ne produit du lait de façon laitière, de l'énergie nucléaire de façon énergétique ou de l'acier de façon acière, on ne produit pas davantage de théorie de façon théorique. Ce qu'il faut faire c'est se servir du corpus accumulé pour poser de nouvelles questions de recherche, voire pour établir de nouvelles orientations de recherche.

Je pense qu'il y a confusion entre théorie et hypothèse. Avant de théoriser, il faut formuler des hypothèses, les mettre à l'épreuve et établir des faits nouveaux. Ce n'est que sur cette base que nous pouvons ensuite élaborer un modèle théorique et éventuellement poser une nouvelle détermination.

Or, je pense que nous tenons au moins un fait intéressant avec le résultat des travaux de Michael Persinger sur les perturbations du champ magnétique. C'est un point de départ, à partir duquel on peut soulever de nouvelles questions et élaborer d'autres dispositifs de recherche.

Le travail scientifique est comme un réseau circulatoire où se transforment les objets, les substances, les données avant de se stabiliser en un fait établi. Le problème avec les résultats statistiques produits par les ufologues est qu'une fois obtenus, on ne sait plus trop quoi en faire ! Ces inscriptions ne permettent aucune autre transformation.

En attendant, des hypothèses il y a en déjà pas mal. Faudrait maintenant voir lesquelles il est possible de mettre à l'épreuve.

Citation:
Lorsque j’ai pris soin de mentionner qu’il ne faut pas régresser vers le religieux, je voulais exprimer mon désaveux envers certaines approches en ufologie. Certains pensent, comme vous le dites dans votre dernier message, que le phénomène ne peut s’expliquer. Ainsi, la réponse de certains est mettre l’ufologie dans le cadre de croyances spirituelles (ce qui a commencé dès les années 1950 avec les « Space Brothers »), pour éviter d’avoir à expliquer l’inexplicable. La nécessité de faire un acte de foi envers certaines croyances anéantit toute possibilité de discours rationnel. Si quelqu’un rejette les fondements d’une croyance, ce dernier ne peut avoir de discussion de fond avec un croyant car ils ne peuvent s’attendre sur les premisses de base d’un potentiel discours. (Par exemple, et dans un autre domaine, si quelqu’un considère que le Nouveau Testament de la Bible est une oeuvre de fiction, comme peut-il discuter de la descendance possible de Jésus via les rois mérovingiens?) Cette question de religiosité en ufologie est un élément supplémentaire pour encourager ceux qui s’intéressent à l’ufologie à prendre du recul pour juger si l’ufologie a un avenir.


Ah, ok. Je ne connais pas toutes les tendances du champ ufologique mais je n'y vois vraiment pas de ça... En revanche, la culture ufologique ambiante est lourde de cette religiosité. Cela apparaît très clairement chez les contactees et les adeptes du channeling. Chez de nombreux believers aussi... Mais comme je le disais dans un message précédent, ce genre de chose fait justement partie du phénomène, c'en est un effet manifeste et il nous faut aussi l'étudier.

Pour mémoire, je rappelle que Vallée fut le premier, je crois, à lier le phénomène ovni aux histoires médiévales de fée, de lutin et de cercle de sorcière. Et sans avoir été le premier à faire le rapprochement, il a aussi suggéré des liaisons du même ordre avec les apparitions religieuses. Du reste, le mot "religion", du latin "religio", signifie "relier". En d'autres mots, la religion est ce qui nous lie aux dieux, aux entités divines, mais aussi au ciel, à la terre, à la mer et au reste de la création. Ce n'est pas un vilain mot et c'est infiniment plus noble que tout le blablabla ronflant sur la spiritualité !

Citation:
La question de la déviation par rapport à la norme socio-culturelle n’est pas un pré-jugement, mais bien un constat ontologique. Si des témoins se présentent avec des histoires considérées comme hors de l’ordinaire c’est que justement, ils ont remarqué quelque chose qui sort de la norme. Cette norme est bien entendu socio-culturelle et relative car dans d’autres sociétés et à d’autres époques la réaction aurait été bien différente à la vue d’un extra-terrestre ou d’un OVNI. Pourtant, cette norme doit être bien comprise pour comprendre pourquoi il y a une observation en premier lieu, et ensuite pour comprendre comment cette norme influence l’observation elle-même. Les épisodes de « airships », ou de dirigeables, dans les années 1890-1900, indiquent une forte influence de la norme socio-culturelle (en particulier si on tient compte de la nature des échanges entre les Terriens et les voyageurs ). En ce sens, une approche anthropologique est d’autant plus nécessaire parce que, justement, il y a des normes socio-cuturelles en jeu.


Bien vu… Je note.

Citation:
Pour ce qui est des travaux de Bruno Latour et de la théorie de l’acteur-réseau, je ne suis pas certain qu’il s’agisse d’une piste bien utile. On peut certainement faire un meilleur constat des controverses au sein de l’ufologie et une meilleure analyse du débat entre science et pseudo-science à l'aide de la théorie de l’acteur-réseau. Bref, on peut faire une critique encore plus minutieuse de ce qui se passe en ufologie (et chez les sceptiques) grâce à la sociologie des sciences, mais je ne vois pas en quoi cela pourrait être utile pour aller de l’avant, pour proposer quelque chose de neuf, et de courageux. Au fond, peut-être que le problème central de l’ufologie est la peur de l’innovation authentique.


L'anthropologie des sciences et des techniques peut justement nous apprendre à contourner les pièges tendus par l'épistémologie politique ainsi que les faux débats, les fausses questions dans lesquelles mijote à feu tiède la philosophie des sciences. Mieux encore, elle nous montre surtout comment se fait la science en action et propose différents programmes de recherche dont pourrait s'inspirer l’ufologie. C'est en tout cas un bon remède contre la théorite aiguë ;)

Et bien sûr qu'elle ne propose rien en matière d'innovation ufologique (ou physique ou chimique ou biologique ou quoique ce soit). Ce n'est ni son rôle ni son problème… c'est celui des ufologues eux-mêmes. Il leur appartient à eux seuls d'innover dans leur domaine. Comment ? En posant justement de nouvelles questions et en élaborant des dispositifs de recherche originaux.

Et vous cher Hiram, qu'avez-vous à nous proposer ? :P


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MessagePosté: Sam Février 05, 2005 12:18 
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Et avis à tout le monde, j'ai retrouvé les auteurs de la Bible, c'est epistemon et hiram abiff. Chapeau les gars !

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MessagePosté: Lun Février 07, 2005 21:00 
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La Bible ? Parmi les ouvrages que j'aurais aimé avoir écrit, il y a La science en action de Bruno Latour, le Tableau des éléments périodiques de Mendeleiev... et The 50 Greatest Conspiracies of All Times de Jonathan Vankin et John Whalen !

Ça me semble pas mal plus ambitieux :lol:


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MessagePosté: Jeu Février 10, 2005 05:42 
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Humm, si j'ai écrit la Bible il me faut réclamer mes royautés, avec intérêts composés sur 2000 ans... ça devrait faire une jolie somme...

Plus sérieusement, je pense qu’il y au moins un aspect de la question OVNI qui mérite d’être repensé en fonction de ce qui a été écrit plus haut sur ce fil. Il s’agit de la géo-politique des vagues d’OVNI. Le sujet est plus restreint, mais pourrait servir de cadre pour d’autres études plus larges.

Les vagues d’OVNI semblent souvent coincider avec des moments de grandes tensions. Par exemple, en 1952, vague au-dessus de Washington, pendant la guerre en Corée qui aurait bien pu être le prétexte pour une troisième guerre mondiale; la vague de 1954 en France, c’est l’époque de la défaite en Indochine, et l’accélération de la guerre en Algérie, et essentiellement la fin de l’ère coloniale française; la vague de 1962 en Amérique du Sud, quelques mois avant la crises des missiles de Cuba; la vague de 1973 et la guerre du Yom Kippur qui aurait facilement pu dégénérer en affrontement est-ouest; et depuis l’invasion de l’Irak par les Américains il y a une vague en Iran, qui est aussi dans la mire des USA.

Certains y voit un message des extra-terrestres pour nous avertir de faire attention. C’est un mélange de thèse extrat-terrestre (TET) et de spiritualisme OVNI, où nos « frères » extra-terrestre s’attardent à nous. D’autres y voit du délire collectif soutenu par les médias (thèse psycho-sociale (TPS)). Dans les deux cas, il s’agit d’explications spéculatives car il n’y a de validation inductive ou déductive possible. Mais il y a une autre approche possible qui pourrait être validée de façon inductive, mais pas déductive, du moins pour l’instant. Cette autre approche implique que les vagues d’OVNI sont en fait des projections matérialisées de nos angoisses collectives. Cette idée n’est pas nouvelle, mais elle n’a pas été exploitée.

Carl Jung dans son ouvrage classique de 1958 « Les soucoupes volantes », malgré son approche sceptique (et cette dernière constitue un des piliers de la TPS), ouvre pourtant la porte à l’improbable. Il accepte qu’il y a des observations extraordinaires et bien documentées qui demeurent sans explication, et qui le pousse à croire qu’il faut envisager deux hypothèses improbables: (1) il s’agit d’objets réels mais sans masse expliquant pourquoi les lois de la physique ne semblent pas s’appliquer (et d’où la possibilité de voyages interstellaires), et (2) qu’il s’agit de phénomènes psi impliquant une forme de projection matérialisante de la pensée. Jung n’a pas osé s’aventurer sur ces sentiers, mais ces deux hypothèses ne sont pas mutuellement exclusives.

En dehors du monde de l’ufologie, cette idée que la pensée puisse influencer la matière n’est pas nouvelle non plus. L’anthropologue français Pierre Saintyves, dès 1914 dans son ouvrage « La Force magique » parlait de cette force impersonnelle qui, sans conscience propre, absorbe les idées et les intentions des hommes (et des femmes) afin de se réaliser de façon autonome mais pour durée limitée. Cette description est moderne, mais elle réfère à des pratiques très anciennes que l’on retrouvent, entre autre, dans le shamanisme. Plus récemment, l’anthropologue Carlos Castaneda relate des expériences de matérialisation temporaire de la pensée par un shaman mexicain. Ses travaux sont controversés, mais il en demeure que le lien entre la pensée et la monde physique est pris au sérieux par plus d’un, comme l’équipe d’ingénieurs de l’université Princeton qui étudient certaines anomalies dans le monde matériel. Dans la mesure où on accepte qu’il y a un rapport entre la pensée et le monde matériel, il faut aussi accepter que ce rapport peut-être involontaire.

Cette idée que nos angoisses peuvent se matérialiser en phénomènes paranormaux est un sujet relativement bien documenté par les parapsychologues. Par exemple, des phénomènes de poltergeist ont plusieurs fois été associés à des troubles familiaux sérieux lors d’enquêtes de terrain. Et puis il y a le cas classique des fantômes qui sont décrits comme des âmes torturées qui ne peuvent quitter la Terre. Serait-il possible qu’un processus similaire se produise au niveau collectif? Voilà une question fraîche pour l’ufologie.

De plus, si on poursuit la question des vagues d’OVNI sous cette angle, on peut expliquer que les médias de masse sont en effet intrinsèquement liés au phénomène OVNI. Les médias de masse permettent de communiquer des informations qui peuvent susciter de l’angoisse collective (p. ex. rumeur de guerre), et en même temps créer une frénésie où tout le monde voit des OVNI dans le ciel, à tort ou à raison. Bref, les médias pourrait créer les projections à cause de l’angoisse, donner un contenu à ces projections matérialisées, et créer une mixture d’observations d’OVNI authentiques et erronés. En tout cas, cela permetterait de résoudre en partie les faiblesses respectives de la TET (forte présence d’éléments socio-culturels) et de la TPS (présence de traces physiques inexplicables). De plus, l’arrivée des OVNI en 1947 pourrait s’expliquer par justement cette explosion des médias de masse électronique qui a commencé après la guerre en Amérique. Finalement, on peut expliquer pourquoi on ne retrouve jamais d’objets physiques en bout de ligne. (Peut-être que la US Air Force ne ment pas quand elle dit ne rien avoir dans ses entrepôts, et que le véritable mensonge est qu’ils ne veulent pas expliquer des choses très étranges sans avoir d’explications suffisantes).

J’ai commencé à regarder sommairement quelques cas, et il faudra du temps. Un devis pour évaluer ce que pourrait constituer une angoisse collective à travers la presse populaire doit être mis en place. Ensuite, il faut regarder les cas de vagues d’OVNI pour voir si on peut établir une corrélation raisonnable. Puis il faudrait aussi voir si cette corrélation existe avec d’autres phénomènes paranormaux. Par exemple, il y a quelques années, une sorte de monstre étrange a été observé dans une ville de l’Inde, causant quelques morts, et qui a disparu aussi vite qu’elle est apparue. (Jacques Bergier a écrit un ouvrage classique sur ce genre d’évènements). Ce fut un phénomène médiatique alors que les tensions nucléaires entre l’Inde et le Pakistan étaient clairement à la hausse. Puis, bien sûr, regarder des cas où il y a une angoisse collective évidente, mais sans phénomène OVNI ou paranormal.


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MessagePosté: Jeu Février 10, 2005 13:55 
Juste pour souligner quelques points. Je ne suis pas spécialiste de la question ufologique, mais une certaine partie de ton texte m'a interpelé, étant donné que tu mentionnes Jung et les matérialisations dues à la pensée.

Bon je ne rebondirai pas sur les considérations jungiennes, personne n'étant réellement allé plus loin que Jung lui-même depuis son temps... (et c'est bien dommage, mais il n'est pas donné à tout le monde d'avoir du génie dans ce qu'il fait et/ou étudie).

Je pense néanmoins que la piste est tout à fait sérieuse, d'ailleurs le lien que tu fais avec le chamanisme primitif m'apparait en effet évident, et j'y ai pensé depuis déjà assez longtemps, puisque je pratique cet art. Toutefois, je ne suis pas un chercheur, juste un pratiquant, et je n'ai pas la prétention d'expliquer les phénomènes qui se déroulent lorsque "j'opère". Toutefois, il m'apparait avec une quasi-certitude que ces phénomènes ont une composante psychologique non-négligeable. Il semblerait donc que ce qu'un chamane est capable de faire, il le tient en partie de sa psyché et de celles de ceux qu'il "traite". Il y a une part de suggestion qui semble constituer la porte ouverte à la bonne marche des processus "magiques", qui d'ailleurs a été perçue par certains psy, qui utilisent des techniques "d'hypnose chamanique", pour traiter certains patients. La suggestion, qui est déjà une certaine forme de "matérialisation" de la pensée, puisqu'elle a une influence sur le vivant, serait donc partie prenante de la "magie chamanique", ainsi, probablement, que d'autres phénomènes parapsychologiques, comme tu le mentionnes. Il semble cependant difficile de faire la part entre cette composante psychique et d'autres composantes de cette magie, puisqu'il me semble évident, à la lumière de ma propre pratique, que la suggestion sans rien d'autre, serait totalement inopérante, à tel point que l'on pourrait la considérer comme inexistante. Dans ce cas, prendre en compte que les deux hypothèses de Jung ne sont pas exclusives l'une de l'autre prendrait tout son sens... Car si mon raisonnement est juste, l'une pourrait même ne pas exister sans l'autre.

Bon, je ne vais pas développer plus avant, car je n'avance là que des hypothèses qui reposent sur un travail ésotérique, et cela m'apparait scabreux, mais je pensais que cette parenthèse pourrait apporter quelque chose au sujet.

Enfin, je voudrais faire quelque commentaire:



Hiram Abiff a écrit:
En dehors du monde de l’ufologie, cette idée que la pensée puisse influencer la matière n’est pas nouvelle non plus. L’anthropologue français Pierre Saintyves, dès 1914 dans son ouvrage « La Force magique » parlait de cette force impersonnelle qui, sans conscience propre, absorbe les idées et les intentions des hommes (et des femmes) afin de se réaliser de façon autonome mais pour durée limitée. Cette description est moderne, mais elle réfère à des pratiques très anciennes que l’on retrouvent, entre autre, dans le shamanisme. Plus récemment, l’anthropologue Carlos Castaneda relate des expériences de matérialisation temporaire de la pensée par un shaman mexicain. Ses travaux sont controversés, mais il en demeure que le lien entre la pensée et la monde physique est pris au sérieux par plus d’un, comme l’équipe d’ingénieurs de l’université Princeton qui étudient certaines anomalies dans le monde matériel. Dans la mesure où on accepte qu’il y a un rapport entre la pensée et le monde matériel, il faut aussi accepter que ce rapport peut-être involontaire.


Concernant Castaneda, il ne me semble pas raisonnable de tenir compte de ses dires. Lorsque l'on s'est suffisamment renseigné sur le vécu de la personne, il semblerait qu'une bonne partie de ses "travaux" et de ses témoignages relèvent plus de la mythomanie que d'une méthode sérieuse. Loin de moi l'idée de renier une approche alternative, par rapport à la rigidité habituelle et désolante du milieu scientifique, mais se baser sur des récits romancés et quelques interviews abracadabrantes et certainement malhonnêtes pour en tirer des conclusions, cela ne me semble pas utile.

Concrètement, il n'est pas attesté que Don Juan, ou un autre chaman-sorcier méxicain ait réellement provoqué des matérialisations, ou autres phénomènes relatés par Carlos Castaneda. J'ai pour ma part décortiqué certaines citations des livres de Castaneda, et les ai rapprochées de certaines croyances, et je n'y ai vu que de la superstition, mêlée à ce qui ressemble fort à une manie de la mystification. Donc je ne pense pas que l'on puisse tenir compte des dires et écrits de cet auteur pour étayer des thèses.

Pourtant, je n'écarte pas pour autant cette possibilité que la pratique chamanique puisse provoquer de tels phénomènes, d'une manière ou d'une autre...



Hiram Abiff a écrit:
Cette idée que nos angoisses peuvent se matérialiser en phénomènes paranormaux est un sujet relativement bien documenté par les parapsychologues. Par exemple, des phénomènes de poltergeist ont plusieurs fois été associés à des troubles familiaux sérieux lors d’enquêtes de terrain. Et puis il y a le cas classique des fantômes qui sont décrits comme des âmes torturées qui ne peuvent quitter la Terre. Serait-il possible qu’un processus similaire se produise au niveau collectif? Voilà une question fraîche pour l’ufologie.


En effet, les poltergeists ont souvent été mis en corrélation avec des situations de conflits psychologiques, souvent liés à la puberté d'une personne bien vivante, par exemple. Les poltergeists, pour peu que l'on veuille bien accepter la réalité du phénomène, constituent donc l'un des premiers indices d'une composante psychologique capable non pas de provoquer des hallucinations, comme cela est bien trop souvent avancé par les incrédules, mais de véritables phénomènes physiques.


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MessagePosté: Ven Février 11, 2005 09:47 
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Les ovnis en tant que matérialisation de nos angoisses collectives ?

Hum… Hypothèse fascinante… Mes pensées :

Pendant les années 70, une de mes anciennes prof d'université et maintenant bonne amie, avait assisté à un cours enseigné par le psychologue Pierre Bélanger (à l'Université de Montréal je pense). Suite à une préparation quelconque du prof et des étudiants, une entité spectrale apparut sur les lieux, en classe même… Il faudrait que j'en reparle avec mon amie mais, si je me souviens bien, elle tirait la conclusion que l'entité en question était une matérialisation psychique, le produit d'un travail psychique collectif.

Je ne sais pas si le prof Bélanger a écrit et publié quoique ce soit à ce sujet - il me faudrait vérifier - mais il y a manifestement là un domaine de recherche inédit et très partiellement défriché par quelques psychologues, parapsychologues et anthropologues.

Castaneda est l'un d'eux. Et bien que la valeur de ses travaux soit effectivement des plus discutables - personne n'a semble-t-il pu retrouvé le mystérieux sorcier mexicain Don Juan - il n'en demeure pas moins qu'il existe parmi les amérindiens du Mexique et de l'Amérique centrale des histoires et des témoignages au sujet du Nagual/Nahual - que l'on peut traduire par sorcier et transformation en français – de ses caractéristiques, de son comportement et de ses actions. Le nagual est une matérialisation, éphémère, de la pensée du sorcier. Il se manifesterait non seulement à son créateur mais aussi aux personnes qui se trouvent à proximité. Il semblerait aussi que ces créatures échappent à la volonté consciente de leurs géniteurs et se retournent souvent contre eux. Peut-être obéissent-elles ainsi aux désirs inconscients, et masochistes, de ces derniers... je ne sais trop.

Don Juan, en sa qualité de sorcier, créaient ses naguals à dessein (il en a même envoyé un agresser Castaneda !) mais est-il possible d'en créer un involontairement, à l'insu même du géniteur ? Et si oui, dans quelles conditions ? [Peut-être que les abductions relèvent, en partie, de ce type de chose]

Qui plus est, et en s'inspirant de l'expérience du prof Bélanger, existe-t-il de semblables phénomènes de matérialisation psychique-physique à un niveau collectif inconscient ?

Cette question en soulève d'autres, auxquelles il faut répondre au préalable. A chaud et en vrac :

La première tient au lien entre la psyché et le monde matériel. Ce lien est déjà avéré dans ce qu'il est convenu d'appeler les désordres psychosomatiques mais qu'en est-il du monde extérieur à l'enveloppe corporelle ? La psyché peut-elle agir, à distance, sur ce monde ? Si oui, comment et dans quelles conditions ?

Deuxième question : si on admet l'existence des phénomènes d'ordre télékinésique (ce qui inclut les poltergeists) - et l'existence de ces faits m'apparait indiscutable - , la source en est-elle exclusivement psychique, n'est-elle pas aussi plus largement corporelle ? Je soulève la question car il n'est pas exclu que l'être humain soit doté d'un sixième sens, la perception magnétique (voir les travaux de Yves Rocard sur les sourciers), voire d'un septième, électrique celui-là (une suggestion du sociologue Michel Dostie). Pourrait-on poursuivre ainsi et procéder à l'identification d'un huitième, d'un dixième ou d'un vingtième sens ?

Du reste, il me semble bien qu'il s'agit là du véritable sens (;)) de la découverte de Michael Persinger sur les effets des perturbations du champ magnétique sur des sujets humains. Si nous ne disposions pas de ce sixième sens, ses sujets n'auraient pas ressenti les étranges effets répertoriés (sentiment d'une présence étrangère, spectre, petit gris, vision ou retour d'un défunt, etc.)… Néanmoins, les effets ressentis ne valaient que pour les sujets soumis à l'expérience (et en état de passivité). Ils n'ont pas donné lieu à des matérialisations visibles ou perceptibles par les expérimentateurs…

Troisième question : si les naguals existent vraiment, s'il est vrai qu'un sorcier peut créer, volontairement ou non, un nagual, s'agit-il d'une capacité du sorcier de créer un champ (électro)magnétique ? Et moins par la seule pensée que par des dispositions sensorielles inconnues ?

Quatrième question : la modulation du champ magnétique ayant des effets sensoriels réels sur l'être humain, cette modulation peut-elle avoir pour autre effet de matérialiser, momentanément, les entités dont la présence fut ressentie par le sujet ?

Cinquième question : indépendamment de la réponse à la question précédente, même si les modulations du champ magnétique ne provoquent rien d'autre que des effets sensoriels, pourquoi et comment ces effets prennent-ils des formes particulières (et culturelles) auprès des sujets (spectre, gris, défunts mais aussi fées, farfadets, incubes, succubes, etc.) ? Nous sommes ici dans le domaine du psychisme humain... Et rien n'est plus obscur que les liens entre la sensorialité et le psychisme.

Sixième question et toujours dans le même ordre que la question précédente : indépendamment de la matérialisation, si les modulations du champ magnétique provoquent d'étranges effets sensoriels, pouvons-nous envisager, à l'instar de Jacques Vallée, que les apparitions d'ovni sont le fruit d'un dispositif psychotronique d'origine militaire et/ou ultraterrestre ?

Septième question, et tant qu'à spéculer :P : si les sensations, les visions psychiques provoquées par les modulations du champ magnétique, loin de n'être qu'une forme d'hallucination sensorielle ou d'état psychosomatique altéré, étaient des images, des signaux provenant d'on ne sait où et transmis sur une fréquence soudainement libérée, un "canal" venant subitement de s'ouvrir ? En d'autres mots : et s'il s'agissait d'ouvertures furtives d'autant de fenêtres éphémères entre des univers parallèles ? Voire, d'images transmises de multivers, de notre lointain futur… ou d'un lointain passé ?

Tiens, pourquoi ne s'agirait-il pas d'une espère de dispositif d'alerte, un genre de distant early warning signalétique, un média reposant sur une technologie magnético-psychique (un peu comme la télé quoi !), programmé par quelque civilisation antédiluvienne, et visant à nous avertir de...

Huitième question, et pour revenir à la question initiale : s'il est effectivement possible à l'être humain de créer de toute pièce un champ électromagnétique et si la modulation de ce champ permet de matérialiser quelqu'entité que ce soit, est-il envisageable qu'il puisse y avoir un effort tout à la fois coordonné et inconscient de tout un chacun en ce sens, et que cet effort produise un effet matérialisé bien défini ?

Personnellement, j'ai beaucoup de difficulté à accepter cela... Outre que je n'adhère pas du tout à cette notion d'inconscient collectif - je n'adhère pas davantage à la théorie durkheimienne de conscience collective - je vois très mal comment les capacités de tout un chacun, furent-elles psychiques ou électromagnétiques, pourraient mystérieusement et inconsciemment s'accorder, s'entendre et se matérialiser en un objet singulier. Pareilles capacités, individuelles et inconscientes, donneraient plutôt lieu à plusieurs types de matérialisation, à des matérialisations en vrac et désordonnées.

Cela dit, et comme vous le reconnaissez, il faudrait d'abord s'entendre sur ce qui constitue une angoisse collective, sur ce qui la définit, comment elle se jauge et comment elle circule au sein d'un collectif.

Après tout, si la conscience collective est un artefact de la pensée sociologique, il existe bien quelque chose comme une conscience connective, ou à tout le moins une certaine conscience médiatique. Sans tout l'attirail médiatique des temps modems (radio (souvenons-nous d'Orson Wells), appareil photo, vidéo, reproduction sur papier glacé, télé, cinéma, internet, alouette… mais aussi les radars, les systèmes satellites, l'aviation, la construction et l'occupation de l'espace aérien), le phénomène ovni n'existerait pas…

Enfin, toutes ces considérations sur la matérialisation de nos angoisses collectives en supposant, bien sûr, que la Us Air Force ne nous mente pas et qu'il ne s’est rien passé de notable à Roswell !


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MessagePosté: Ven Février 11, 2005 21:46 
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^ Oups, je me suis gouré : le prof de l'Université de Montréal s'appelle Louis Bélanger et non Pierre.

J'ai trouvé deux entrevues fort intéressantes, l'une réalisée en 1980 et l'autre en 2000, où il résume l'ensemble de ses travaux et l'état de la recherche psi au Québec (Bélanger est le géniteur de la "psilogie").

Un petit extrait de l'entrevue de 1980 au sujet de son expérience de création d'un spectre :

Citation:
Est-ce là qu'intervient le personnage fantomatique d'Axel ?

Axel se situe comme une expérience à l'intérieur du cours de 1'Université de Montréal, avec quelques membres du GERPSI, de l'automne 1976 à l'été 1977. Nous voulions obtenir des résultats semblable s àceux du groupe "Philip" du docteur George Owen à Toronto, mais cette fois-ci, le "fantôme" créé de toute pièce devait être un personnage du futur.

La composition du groupe était assez particulière, six femmes et deux homes. Certains membres cherchaient à décortiquer le mécanisme de la genèse du "fantôme" ; c'est mortel pour une expérience de ce genre où il faut être extrêmement spontané, jouer le jeu complètement. Ce n'est qu'après une visite de trois représentants du groupe Axel au groupe Philip de Toronto que, quinze jours plus tard, nous avons obtenu les premiers "raps". Mais les effets n'ont jamais atteint la puissance de ceux du groupe Philip. Et progressivement, l'effet de déclin s'est manifesté. En 1978 les activités du GERPSI furent suspendues faute de disponibilité de ses principaux animateurs.

En mars 1979, Denise Roussel fut mandatée par la Corporation Professionnelle des Psychologues du Québec pour superviser un "Comité de Psilogie" chargé de "l'étude et l'expérimentation des phénomènes psi ainsi que du développement de cette dimension et la diffusion de l'information".


Entrevue de 1980 : http://gerp.free.fr/PA10_Belanger.htm
Entrevue de 2000 : http://gerp.free.fr/LouisBelanger2000.htm


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MessagePosté: Sam Février 12, 2005 05:43 
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Cher Epistemon,

Vous qui nous avertissiez des dangers du réductionisme, plus haut sur ce fil, semblez être un des plus grands supporters de la logique réductioniste. Est-ce que l'ensemble des phénomènes OVNI et psi peuvent se réduire à des questions de magnétisme? C'est ce que vous laissez entendre. :wink:

Si vous êtes d'accord pour dire que l'ufologie doit être repensée sur des fondements épistémologiques renouvelés, votre série de questions ne nous y mène pas. Comme l'aurait dit le philosophe Cornelius Castoriadis, on ne peut expliquer l'écologie par la physique des particules, ou bien expliquer les classes sociales par la biologie humaine. C'est pour cela que je propose un chemin indirect au phénomène, et circonscrit aux vagues d'ONVI. C'est la corrélation entre le connu et l'inconnu qui peut ouvrir la voie à d'autres fondations épistémologiques. On ne peut faire cela ex nihilo.

En passant, je ne vois pas ce que vous trouvez de si grandiose dans les travaux de Persinger. Il a démontré que le magnétisme, dans des conditions très particulières de laboratoire, peut avoir un effet hallucinogène. C'est tout. Il s'intéresse aussi, d'un point de vue sceptique aux questions OVNI. Il y a un immense gouffre entre ses recherches de laboratoire et ses intérêts de sceptique. De plus, ses travaux sont à la limite de la fraude scientifique lorsqu'il affirme que ses sujets d'expérimentation ne sont pas averti de la nature de l'expérience lorsqu'ils voient des extra-terrestres "gris"; laissant entendre que les observations du 3e type sont des hallucinations stimulées par une forme inconnue de magnétisme naturel. En fait, ses sujets sont des étudiants de l'université Laurentienne au Canada, et ils savent tous que le "professeur Persinger" s'intéresse à démystifier la question extra-terrestre. Il n'a pas besoin de leur dire pour qu'ils devienent des sujets plutôt coopératifs. :roll:

En dernier lieu, la U.S. Air Force n'a jamais dit qu'il ne s'est rien passé à Roswell. Ils ont confirmé qu'un ballon sonde s'était écrasé, après avoir affirmé ultérieurement qu'ils avaient trouvé les débris d'une soucoupe volante. :!:


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MessagePosté: Dim Février 13, 2005 00:26 
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Inscription: Mar Octobre 19, 2004 17:29
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Localisation: Fort Rouillé
Hiram Abiff a écrit:
Cher Epistemon,

Vous qui nous avertissiez des dangers du réductionisme, plus haut sur ce fil, semblez être un des plus grands supporters de la logique réductioniste.


Non mais ça va pas ? :?

Citation:
Est-ce que l'ensemble des phénomènes OVNI et psi peuvent se réduire à des questions de magnétisme? C'est ce que vous laissez entendre. :wink:


Du tout. C'est vous qui réduisez le sens de mes propos…

Peut-être n'ai-je pas été assez clair. Pourtant, en me relisant, ça me semble quand même assez limpide… Enfin, je me reprends :

Je soulève des questions et celles-ci ne visent qu'à élucider la question que vous soulevez au sujet de la matérialisation des angoisses collectives (un réductionnisme psychosociologique en passant).

Je fais part d'un cas avéré de matérialisation psychique/sensoriel (l'expérience du prof Bélanger), d'un deuxième, douteux il est vrai, au sujet des naguals de l'Amérique centrale (Castaneda, dont vous parliez à votre message précédent) et d'un troisième, vérifié expérimentalement, au sujet de la sensibilité humaine au magnétisme. Quoiqu'il ne s'agit pas, dans ce dernier cas, de matérialisation, il y a bien là un effet sensoriel manifeste, attesté par la production d'"hallucinations" (mais peut-on affirmer avec certitude qu'il s'agit bien d'"hallucinations" ?), c'est-à-dire des formes singulières imaginées par la psyché. J'ajoute du même souffle qu'il n'existe pas de passerelle entre les sens et la psyché, et donc entre la sensibilité au magnétisme et l'imagination… il est donc clair que je ne soutiens pas quelque réductionnisme que ce soit.

J'en profite aussi pour émettre quelques hypothèses spéculatives qui valent ce qu'elles valent mais qui ne sont pas davantage réductionnistes.

Alors non, je ne réduis pas le phénomène ovni à une modalité du magnétisme. En revanche, je soulève, sous forme interrogative, l'hypothèse – en suivant, je le rappelle, votre propre hypothèse sur les manifestations inconscientes de l'angoisse collective – que le phénomène comporte peut-être une dimension (électro)magnétique. Du reste, cela n'a rien d'innovateur puisque de nombreux cas d'observation d'ovni abondent en histoire de panne d'électricité, de moteur automobile qui cesse de fonctionner, de montre déréglée, etc.

Là où j'"innove" (entre guillemets car Vallée y avait déjà pensé), c'est que je pense que la 'technologie' ovni mise en œuvre n'est pas que "mécanique", elle est aussi sensorielle et psychique… Elle se réalise en déployant une série de médiateurs dont font partie le champ magnétique et la psyché.

Exemple simple : la télévision et la technologie télévisuelle. Pour qu'il y ait émission et diffusion télévisuelle, il doit exister des ondes et un spectre électromagnétique (et pour que je puisse capter l'émission de télé, il me faut une source électrique), et tout un réseau socio-technique qu'il serait trop long de décortiquer, dont il serait trop long d'énumérer les multiples médiateurs. Bon, il faut tout cela mais rien de tout cela ne nous dit quoique ce soit au sujet des contenus diffusés, rien au sujet de la programmation en tant que telle. Impossible d'écouter l'émission XYZ sans l'existence du spectre électromagnétique, mais tout aussi impossible de réduire le contenu de l'émission XYZ à ce même spectre.

C'est de cette façon que j'aborde le phénomène ovni : une technologie opérant sur plusieurs niveaux, lesquels sont autant de médiateurs en action. Et c'est à la recherche et à l'identification de ces médiateurs, de ces actants, que je m'intéresse avant tout.

Citation:
Si vous êtes d'accord pour dire que l'ufologie doit être repensée sur des fondements épistémologiques renouvelés, votre série de questions ne nous y mène pas.


Mais je ne m'intéresse pas aux questions épistémologiques… seulement aux questions ontologiques ;)

Citation:
Comme l'aurait dit le philosophe Cornelius Castoriadis, on ne peut expliquer l'écologie par la physique des particules, ou bien expliquer les classes sociales par la biologie humaine. C'est pour cela que je propose un chemin indirect au phénomène, et circonscrit aux vagues d'ONVI. C'est la corrélation entre le connu et l'inconnu qui peut ouvrir la voie à d'autres fondations épistémologiques. On ne peut faire cela ex nihilo.


J'ai lu tout Castoriadis… mais attention, Casto s'intéresse d'abord et avant tout à la portée ontologique de la science et de ses résultats : il n'étudie pas comment la science se fait, il n'étudie pas la pratique scientifique, il s'attarde à la nouveauté ontologique du produit fini, du résultat obtenu… et connu par la science déjà faite (ce qui n'est pas le cas du phénomène ovni). De celui-ci, de ce résultat, il fait une nouvelle détermination posée dans l'Etre/étant, un nouveau fragment de l'être irréductible à ses autres strates. Et de cette détermination, il dira qu'elle est ex nihilo mais non in ou cum nihilo. C'est-à-dire, elle n'est pas posée au moyen de rien du tout, sur une table rase.

Et c'est ce que je garde à l'esprit en cherchant les médiateurs, les actants, mis en œuvre par le phénomène ovni. Ce n'est qu'en pistant ceux-ci que l'on pourra petit à petit élucider ce phénomène. Celui-ci a après tout des incidences sur plusieurs plans ontologiques (physique, biologique, psychique et social). Les ovnis sont des objets hybrides. Plutôt que de les cliver en autant de formes pures que l'on remélange progressivement, suivons le réseau déployé par tout ce travail d'hybridation.

Citation:
En passant, je ne vois pas ce que vous trouvez de si grandiose dans les travaux de Persinger. Il a démontré que le magnétisme, dans des conditions très particulières de laboratoire, peut avoir un effet hallucinogène. C'est tout. Il s'intéresse aussi, d'un point de vue sceptique aux questions OVNI. Il y a un immense gouffre entre ses recherches de laboratoire et ses intérêts de sceptique. De plus, ses travaux sont à la limite de la fraude scientifique lorsqu'il affirme que ses sujets d'expérimentation ne sont pas averti de la nature de l'expérience lorsqu'ils voient des extra-terrestres "gris"; laissant entendre que les observations du 3e type sont des hallucinations stimulées par une forme inconnue de magnétisme naturel. En fait, ses sujets sont des étudiants de l'université Laurentienne au Canada, et ils savent tous que le "professeur Persinger" s'intéresse à démystifier la question extra-terrestre. Il n'a pas besoin de leur dire pour qu'ils devienent des sujets plutôt coopératifs. :roll:


Je retiens des travaux de Persinger sa démonstration de la sensibilité humaine aux altérations du champs magnétique ainsi que, effectivement, les effets "hallucinatoires" se produisant lors de ces altérations. Je pense que Persinger a ouvert une porte… Ne la refermons pas.

Citation:
En dernier lieu, la U.S. Air Force n'a jamais dit qu'il ne s'est rien passé à Roswell. Ils ont confirmé qu'un ballon sonde s'était écrasé, après avoir affirmé ultérieurement qu'ils avaient trouvé les débris d'une soucoupe volante. :!:


L'US Air Force a jusqu'ici donné trois versions différentes des événements : un flying disk, un simple ballon sonde météorologique et finalement un ballon de type Mogul… transportant des mannequins qui n'ont pourtant pas été utilisés avant 1953.

Trois versions différentes… et toutes aussi improbables l'une que l'autre. On discrédite pourtant des témoins oculaires à la mémoire vacillante pour bien moins que ça… Et aucun juge ni aucun inspecteur de police ne prêterait foi aux déclarations d'un témoin ou d'un suspect qui changerait trois fois sa version des faits. Le premier le condamnerait pour outrage au tribunal et le deuxième lui crisserait un bon coup de bottin téléphonique sur la tête !

Mais bon, s'il se trouve de bonnes âmes pour avaler ce que nous raconte l'US Air Force, j'ai un pont à leur vendre en Floride :lol:


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