Citation:
Quand on sait que l'Eglise n'a accordé l'âme aux femmes ou aux noirs qu'il n'y a quelques siècles le débat est loin d'avancer de ce côté.
Vraiment ?
"Quand on sait..."
Ben non... Les femmes ont été admises, au même titre que les hommes, au sacrement de l'eucharistie (qui est, je le rappelle, le plus important) dès le départ, sans que cela ne pose de problèmes particuliers... Sans parler du baptême et du reste, bien sûr.
Il faudra m'expliquer comment on peut autoriser une créature soi-disant "sans âme" à participer ouvertement et librement à ce qui constitue le pilier de la liturgie chrétienne...
Il faudra aussi m'expliquer la canonisation (à égalité de dignité avec les hommes) de toutes ces femmes "sans âme", et ce dès le début du christianisme.
Je n'ose parler de la révérence (souvent jugée excessive, d'ailleurs) de l'Eglise à l'égard de Marie...
Mais je pense que tu fais allusion au concile de Mâcon, qui s'est tenu en 585... Pendant le concile, en effet, l'un des assistants prit la parole pour demander, en substance : "la femme peut-elle être appelée 'homme' ? ".
Qu'est-ce que cela veut dire ? Deux choses :
1) l'assistant s'exprimait en latin, et utilisait le mot "homo".
2) au VIème s., le latin utilisé par les clercs n'était plus celui de Cicéron.
En latin classique, en effet, 'homo, hominis' veut dire : "homme,
être humain". A l'époque du concile, le sens avait glissé pour devenir, comme aujourd'hui, "homme,
au sens viril".
Dans l'esprit de l'assistant, il s'agissait de fixer le sens du mot "homo". Si on l'entendait au sens viril, évidemment la femme était exclue de la définition. Si on l'entendait au sens humain, elle en faisait pleinement partie.
Qu'a répondu le choeur des évêques à cette question ? Tou simplement que le mot "homo" pouvait s'appliquer indistinctement à l'homme
et à la femme. Ils tranchèrent donc en faveur d'une certaine interprétation linguistique, celle de "homo" = être humain.
Pour asseoir leur argument, ils citèrent le passage de la Genèse (5:2) :
Citation:
masculum et feminam creavit eos et benedixit illis et vocavit nomen eorum Adam
= "Il les créa homme et femme et les bénit, et leur donna le nom de 'adam' " (je cite le texte latin, parce que c'est celui qu'ils utilisaient)
Or adam est le mot hébreu qui veut dire "être humain". C'est l'équivalent du latin "homo". Les deux mots, d'ailleurs, sont liés à la notion de terre, de poussière.
Par conséquent, l'idée, récurrente, selon laquelle l'Eglise n'aurait que récemment admis que la femme dispose d'une âme est tout simplement fausse. Elle provient d'une interprétation montée en épingle de ce simple problème d'ordre linguistique, débattu un beau jour de 585 en Bourgogne...
De même pour la question des Noirs... Les essais de justifications de certains théologiens, d'ailleurs loin s'en fait pas tous catholiques (Noirs de Chanaan, etc.) à l'époque de la traite atlantique se sont toujours heurtés au fait que l'Eglise avait reconnu, dès l'origine, l'égalité des âmes (et donc leur existence) de tous les hommes sans distinction.
D'ailleurs, il y a eu, dans l'histoire, trois papes africains : Victor (189-199 -il était d'ailleurs Berbère), Miltiade (311-314), et Gélase Ier (492-496). Sans compter les patriarches de l'Eglise Ethiopienne (très ancienne), par exemple, qui étaient évidemment tous Noirs...
Quand je dis : prudence sur ces sujets, ce n'est pas pour rien...
Amicalement,
Logos