Ce témoignage m'en rappelle un autre, similaire, vécu par deux collègues de travail aussi aide-soignantes, travaillant la nuit. C'était il y a trois ans. J'étais alors élève stagiaire AMP dans un EHPAD (Etablissement Hébergeant des Personnes Âgées Dépendantes) en Haute Loire. Un très vieil établissement étendu sur un site religieux dans le centre ville historique de Brioude. Un matin, lors des transmissions de 6h30, elles étaient toutes les deux bouleversées, nerveuses, affolées. La veille, il y avait eu, comme souvent en maison de retraite, le décès d'un résident. Le corps avait été transporté à la morgue dans la journée. Bref, la chambre était inoccupée, mais pas encore vidée des effets du résident puisque la famille ne s'en était pas encore chargée. Et comme lorsque c'est le cas, la chambre est tenue fermée à clef.
C'était un monsieur très âgé, un peu désorienté, qui avait la manie de sonner pour tout et n'importe quoi. Il n'était pas rare qu'il appelle le personnel plusieurs fois par nuit. A leur prise de poste de la veille, elles s'étaient fait la réflexion que leurs nuits seraient dorénavant plus calme. Oui, je sais que ça peut sembler cruel ce genre de réflexion, mais lorsque la mort fait partie du quotidien dans son travail, c'est monnaie courante d'en plaisanter. Bref...
Le personnel de nuit comme de jour travaille avec un téléphone en poche. Lorsqu'un résident active la sonnette, le téléphone sonne et indique le numéro de chambre et l'étage. En l’occurrence, il y a trois niveaux dans cet établissement et environ une vingtaine de chambres par étage. Et là, vers 1 heure du matin, le téléphone se met à sonner et indique comme numéro "212" (soit la chambre 12 du 2ème étage) précisément la chambre du résident décédé. Pensant que la chambre n'avait pas été fermée et qu'un résident y déambulait, mes collègues y sont montées en vitesse, imaginant trouver, par exemple, quelqu'un qui se serait alité dans la mauvaise chambre. Mais là, elles ont vite déchanté en se rendant compte que la porte était verrouillée. Elles sont rentrées et évidemment n'y ont trouvé personne. Comme pour le témoignage ci dessus, les sonnettes doivent être désactivées de l'intérieur des chambres. Elles l'ont donc fait, un peu troublées, mais en pensant avant tout à un faux contact, puis elles sont reparties vers la tisanerie du RDC. Je tiens à préciser que le système ayant été entièrement refait à cette époque, il n'y avait jamais au grand jamais de "faux contacts" mais que leur réflexion s'est orientée vers la seule explication plausible : une coïncidence, un faux contact, la nuit... Elles ont rationalisé l'incident pour ne pas flipper. Une demi heure plus tard, même scénario... Là, elles en ont eu froid dans le dos. Inutile de préciser que lorsqu'elles sont montées une seconde fois pour désactiver la sonnette, elles n'en menaient pas large, pour le coup. Elles se sont forcées à tout vérifier, voir si le fil de la sonnette n'était pas pincé, voir si rien n'avait pu appuyer sur le bouton. Elles n'ont pu trouver aucune explication. Elles sont retournées vaquer à leurs occupations. vers 4 heures du matin , elles ont entamé leur dernier tour, pour changer les protections des résidents qui en avaient besoin. Arrivées au second étage, un brouhaha énorme les a accueillies. Un bruit de grésillement très fort, comme quelqu'un qui prendrait une douche à grande eau... Complètement terrorisées elles ont identifié la provenance du bruit : la chambre 212. La panique s'est emparée d'elles. Elles étaient prêtes à appeler le cadre d'astreinte car ni l'une ni l'autre n'avait le courage d'ouvrir la chambre. Elles ont fini par prendre sur elles et entrer à deux, pour trouver... la télé du résident allumée, le son monté à bloc, mais sur une chaîne auxiliaire, ce qui expliquait le bruit de friture. Elles ont trouvé la télécommande, éteint la télé et sont sorties de la chambre en vitesse. Le lendemain, nous sommes allés vérifier si la télévision n'était pas programmée sur une heure. Ce n'était évidemment pas le cas. de toute façon le résident décédé n'aurait jamais pu le faire, car diminué, il n'utilisait pratiquement plus sa télé. C'était les soignants qui lui allumaient et lui éteignaient... Nous n'avons jamais eu d'explication rationnelle à ces évènements. Il y a eu depuis d'autres occupants dans la chambre 212, plus ou moins dépendants, et jamais la sonnette ne s'est mise à sonner de manière intempestive pour rien, ou une quelconque télé ne s'y est allumée seule...
_________________ fish - "I want to believe, but..."
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