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Le célèbre Archaeopteryx arborait certainement des plumes noires, assure une étude publiée mardi. Celle-ci lève pour la première fois le voile sur les couleurs de ce petit dinosaure aux allures de volatile
L’Archaeopteryx a longtemps été considéré comme la forme d’oiseau la plus ancienne. Les spécialistes de l’évolution ont toutefois accumulé ces dernières années des éléments laissant penser qu’il n’était en réalité qu’un banal dinosaure terrestre à plumes, comme il en existait bien d’autres au Jurassique, voici 145 à 200 millions d’années.
Le coloris de son plumage continuait en revanche à tenir en échec les paléontologues jusqu’à ce jour.
Une équipe américaine dirigée par Ryan Carney a donc procédé à toute une batterie d’analyses sur le fossile d’une plume du premier spécimen d’Archaeopteryx découvert en Bavière en 1861. Après plusieurs essais infructueux, ils ont finalement réussi à isoler les structures des cellules renfermant ses pigments, préservées par la fossilisation durant 150 millions d’années.
En l’occurrence, il s’agissait de «mélanosomes» produisant le pigment le plus répandu dans le règne animal: la mélanine, de couleur foncée. Or on retrouve ce pigment dans les plumes de tous les oiseaux modernes, à l’exception des individus albinos, note l’étude, publiée dans la revue Nature Communications.
Restait aux chercheurs à déterminer plus précisément le coloris de la plume. Ils ont donc comparé ces mélanosomes de l’Archaeopteryx avec ceux de 87 espèces d’oiseaux actuels, classés en quatre types de plumes: noires, grises, brunes et celles caractéristiques des pingouins.
«Nous avons découvert que la plume était noire avec 95% de certitude», résume Ryan Carney dans un communiqué diffusé par l’Université Brown (USA).
L’équipe en est en revanche réduite à spéculer sur l’utilité du pigment noir pour le dinosaure. Elle aurait pu lui servir à réguler sa température en protégeant sa peau des rayons solaires, servir de camouflage ou servir au contraire de signal. La couleur noire aurait aussi très bien pu l’aider à voler.
«Nous ne disons pas que c’est la preuve que l’Archeopteryx était un dinosaure volant. Mais nous sommes en mesure de dire ces mélanosomes donnent une plus grande force et une meilleure résistance aux plumes des oiseaux modernes, indique Ryan Carney.
«Si l’Archaeopteryx battait des ailes ou planait, la présence des mélanosomes aurait contribué à une meilleure structure des plumes» ce qui aurait constitué un avantage pour les dinosaures dans l’évolution vers le vol, explique-t-il.
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