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A la recherche du calamar géant.
VIGO (AFP) - 21-08-2002 - Une expédition scientifique espagnole lance le 9 septembre au large de la côte nord-est de l'Espagne une énième tentative de trouver la trace de l'architeuthis, un calamar géant évoluant dans les profondeurs abyssales et qui n'a jamais été filmé vivant.
Les eaux de la mer Cantabrique (Golfe de Gascogne) ont été choisies comme terrain de recherches parce qu'elles ont déjà livré plusieurs segments de cadavres de calamar géant, a expliqué mardi le directeur du projet, Fernando Gonzalez Sitges, lors d'une conférence de presse à Vigo (nord-est de l'Espagne).
L'un des plus gros exemplaires de calamar géant recensés à ce jour, d'un poids de 200 kg, a été retrouvé il y a un mois échoué sur une plage d'Australie, dans une région déjà explorée sans succès, tout comme les fonds au large de la Nouvelle-Zélande, par des équipes américaines, britanniques, françaises ou australiennes.
Personne n'a jamais observé dans son milieu naturel, entre 300 et 1.500 mètres de profondeur, ce mollusque carnivore géant, dont les scientifiques ignorent la durée de vie, les variétés et les comportements sociaux ou reproducteurs.
Une ignorance à la mesure du mythe qui s'est développé sous le nom de Kraken, monstre de légende qui apparaît dès le XIIe siècle dans les récits de pêcheurs norvégiens qui affirmaient qu'il était capable d'enserrer un navire entre ses immenses tentacules et de le couler.
Le même Kraken a inspiré à Jules Verne la créature qui s'attaque au capitaine Nemo dans "20.000 lieues sous les mers".
Plus récemment, le calamar géant a été ramené à des proportions moins fantasmagoriques, mais on considère toujours, témoignages à l'appui, qu'il peut s'attaquer à des bateaux, qu'il confondrait avec l'une de ses proies, le cachalot.
D'une longueur possible de 30 mètres, il est doté de tentacules s'étirant jusqu'à 15 mètres, d'un bec capable de cisailler un câble d'acier, mais il est dépourvu d'encre, inutile dans la pénombre des abysses, qu'il fouille de ses gros yeux verts, de la taille d'une tête humaine.
Les 25 hommes du "Projet Kraken" - mis sur pied par la société de production de documentaires Transglobe Films et appuyé par le ministère espagnol de la Science et plusieurs musées de sciences naturelles - se sont donnés quinze jours pour explorer une zone située à 40 milles nautiques au nord de Gijon.
A la différence d'une récente expédition en Nouvelle-Zélande du Smithsonian Institute de Washington, les scientifiques espagnols n'utiliseront pas de sous-marin, afin de ne pas effrayer le farouche géant.
Après une mission de reconnaissance en octobre 2001, la tactique choisie cette fois consiste à faire descendre à 1.500 mètres trois caméras reliées par fibre optique à leur navire océanographique, et qui tourneront en continu.
Au centre du triangle ainsi défini, une tonne d'appâts organiques, mais aussi électroniques et lumineux seront disposés, dans l'espoir d'exciter la gourmandise ou la curiosité du calamar géant.