Je viens de tomber sur un article qui remet un peu les choses en perspective.
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REPORTAGE. Une maison hantée dans le Pas-de-Calais ? C’était l’affaire d’avril à Mentque-Nortbécourt, paisible village de moins de 600 âmes près de Saint-Omer. Forcément, le sujet a attiré de nombreux médias. Quelques semaines plus tard, une fois le village au calme, une équipe d’intrépides journalistes est allée vérifier les rumeurs (*).
En ces premiers jours de mai, sur la place du village, en attendant le retour des enfants de l’école à midi, deux mamans discutent. Cette maison hantée ? « Moi, j’y crois pas », lâche l’une d’elle. « Moi, j’y crois », rétorque l’autre. Certes, elles ne connaissaient pas vraiment les locataires du 376 de la rue Principale, qui habitaient avant pas très loin à Nielles-lès-Bléquin. « Toujours bonjour, au revoir, mais rien de plus ». Pourtant, l’histoire qui a secoué leur petit village de moins de 600 habitants a de quoi faire frissonner. Et surtout faire parler.
Car les rumeurs vont bon train sur ce couple de quinquagénaires, un homme retraité, une femme sans emploi et le fils de cette dernière, qui approche l’âge de la majorité. Ils sont arrivés il y a deux ou trois ans dans le hameau. « Le couple devait deux mois de loyers au propriétaire », croit savoir l’une des mamans. « Ils n’ont aucune preuve à avancer. Ils n’ont voulu faire entrer personne, c’est leur droit mais c’est un peu louche. Depuis dix ans que j’habite ici, je n’ai jamais rien vu autour de cette maison. Et j’aimerais bien voir… ». Pour la deuxième mère de famille, ce qui sème le doute, c’est que le maire en personne « a affirmé dans le journal qu’il avait reçu un œuf sur la tête. Est-ce que le gamin était avec eux ou pas ? Doit-on croire à une farce de la part de leur fils ? C’est quand même bizarre parce que la maison est constituée au rez-de-chaussée d’une seule grande pièce, et il paraît difficile de lancer quelque chose du haut de l’escalier, situé à l’extrémité de la maison. »
Hanté = relogé ?
Toujours est-il que parmi les locataires de cette maison « hantée », la mère était au bord de la crise de nerfs. Les ennuis auraient commencé en juillet dernier. Et à force de se répéter, ces phénomènes paranormaux ont été pris au sérieux par le maire en personne. La presse locale s’en est fait l’écho dans un premier temps. Puis la télévision et la presse nationale. « La mère était vraiment dans un sale état les derniers jours. Sûr que si elle était restée, elle aurait fini par faire une dépression. » D’où un relogement express après intervention du maire de la commune, Jean-Marie Béclin et du conseiller général du canton, Ludovic Loquet, auprès du Conseil général du Pas-de-Calais. Sollicités par DailyNord, les deux élus n’ont en tout cas jamais souhaité répondre à nos questions. On en avait pourtant une bonne à leur poser : « Faut-il avoir une maison hantée pour être relogé ? »
Plus prosaïquement, le service communication du Conseil général a indiqué qu’un « dossier Fonds de solidarité pour le logement est en cours d’instruction pour juin,” en précisant derechef que « l’intervention de la collectivité n’est pas conditionnée au fait que les personnes s’estiment victimes de phénomènes paranormaux, mais elle intervient comme elle le fait à chaque fois que des familles en situation de précarité font appel aux services du Département. » On ne peut se douter que la délibération, prévue dans quelques semaines, va en embarrasser plus d’un… Avis en tout cas à ceux qui attendent un logement depuis quelques années !
Toujours est-il que la question demeure : « Pourquoi cette maison serait maintenant hantée alors qu’il n’y a jamais eu de problème avec les six précédents locataires ? ». A l’Estaminet, le patron ne mâche pas ses mots. « Que les gens qui ont vu s’avancent et s’expliquent. Pour moi, il n’y a rien du tout. La famille de locataires a des ardoises dans de nombreux commerces. Je ne pense pas que ce soit des gens crédibles ». C’est d’ailleurs ce même commerçant qui est passé sur toutes les télévisions, pour répondre face caméra, que lui n’y croyait pas. « C’est ce que les journalistes cherchaient en tout cas. Ils sont carrément venus en me demandant ça, suite aux articles parus dans la Voix du Nord. Moi, de toute façon, c’est vrai, je n’y crois pas ». Pour lui comme pour ses clients, il faut en « finir une bonne fois pour toute avec cette histoire de maison hantée » (si vous voulez revoir tout le feuilleton, c’est ici pour France 3 et ici pour La Voix du Nord).
Pour le couple de propriétaires, qui habitent également Mentque-Nortbécourt, le plus difficile s’annonce est à venir. Comment relouer cette maison dont tout le monde a entendu parler désormais ? Ils ont reçu le 30 avril dernier le préavis de deux mois. Ont été payés de la majeure partie du loyer du mois dernier. Et attendent impatiemment que l’histoire se termine. « Ce logement était conventionné avec le CAL-Pact. Nous sommes propriétaires de cette maison depuis quinze ans. J’ai complètement rénové les 118 m2 et les 4 chambres et je n’ai jamais vu aucun phénomène paranormal. » Les précédents locataires aussi a priori : « J’ai essayé de contacter les anciens locataires pour fournir les contacts aux médias », assure même la propriétaire, visiblement de bonne foi.
Pour boucler son enquête de haute volée, DailyNord, n’ayant pas froid aux yeux, aurait bien passé un peu de temps dans la fameuse maison (ben oui, nous on ne croit que ce qu’on voit) mais les locataires étaient en théorie encore chez eux (enfin… même s’ils n’y habitaient plus) lors de notre virée à Mentque-Norbécourt. D’ailleurs, quid de ces fameux locataires qui s’estiment victimes de phénomènes paranormaux ? On a essayé de les joindre par téléphone. On a entendu au bout du fil une personne qui s’énervait et qui menaçait de porter plainte. Tant que la plainte reste fantôme…
(*) Un premier papier qui va nous permettre d’inaugurer un petit dossier made in DailyNord sur le paranormal dans le Nord – Pas-de-Calais. Rendez-vous pour les prochains articles, dès la semaine prochaine.
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