Tout dépend comment on aborde le cinéma, comment on aborde l'art...
Aragon était pour l'hermétisme, le poète avait le devoir de se bien au-dessus du
vulgus pecum pour lui permettre de s'élever.
J'aime le cinéma sous ses aspects artistiques et détente. Un film comme "Un air de famille" est superbe, drôle, tendre, bien tourné... mais que je le regarde sur un téléviseur ou sur un écran géant avec super son triple-numérique dolby (un café, l'addition) ne m'apporte rien de plus.
Un film comme la série des "Die Hard" ou "Miami-Vice" gagne à être vu dans un cinéma, pour plonger dans l'image, se trouver happé par l'image, déconnecter les neurones, tout oublier un instant.
Certains auteurs misent sur le côté récréatif, d'autres sur le côté artistique.
Evidemment ce ne sont que deux étapes, d'autres films me laissent une sensation de pâte à modeler, d'autres semblent me faire passer pour le dernier des didiots.
J'ai vu 2001 étant jeune (13/14 ans), j'ai reçu une excellent éducation artistique, je n'ai pas forcément tout compris mais j'ai vraiment été frappé par les images, par ce côté presque documentaire (merci A.C. Clarke
) et par ce monolithe, par la musique (d'autant que sur la VHS du père, avant le film, se trouvait une version du "Zarathustra" par Kachuatorian
) et par le silence, par la voix monocorde d'HAL (qui s'appelait encore CARL pour moi).
Je ne pense pas forcément avoir eu une révélation concernant la fin, en lisant le cycle complet on apprend que les monolithes sont en effet des sentinelles placées là par des êtres dont on ne sait pas grand-chose, ce sont presque des machines, une ancienne expérience (comme celles menée dans
2010 et
2061 sur Europe). Le thème de l'entité supérieure revient souvent chez Clarke, cette idée de s'affranchir des limites de l'espace physique, du corps... Il me semble d'ailleurs que c'est bien ce que sont les "aliens" de
2001, un peu comme dans "
Les fils d'Icare" (à lire d'urgence), un autre stade de l'évolution.
Dans le livre, le vaisseau disparaît et Dave Bowman dit "
My god ! It's full of stars ! (mon dieu, c'est plein d'étoiles)", on peut penser que le chemin qu'il parcourt est une forme d'initiation, cette même initiation qu'on vécu les premiers hommes (ce chapitre est plus long dans le livre et fait penser à de l'hypnose).
J'aime beaucoup l'idée de cette chambre, cet homme qui se voit vieillissant, comme tout un chaqun peut se voir vieillir : l'étranger qui est dans la glace. Le monolithe interviendrait pour parfaire cette oeuvre ou pour figurer ce prochain stade d'évolution.
Note : les effets spéciaux finaux sont admirables et datent d'une époque où l'on travaillait sans le "tout-numérique". Pour l'effet psychédélique de la scène finale il a utilisé un type de caméra verticale (si quelqu'un retrouve le nom du procédé je lui en serais reconnaissant).