Citation:
GREFFE DE VISAGE Un Bâlois prêt à transplanter la face d'un cadavre
Prélever le visage d'un mort et le greffer sur quelqu'un de vivant: cette prouesse chirurgicale n'a pas germé que dans l'imagination des scénaristes hollywoodiens. Plusieurs praticiens ont déjà annoncé être techniquement en mesure de transplanter la face d'un cadavre sur un patient gravement défiguré. La semaine dernière, c'était au tour d'un Suisse. Le professeur bâlois Gerhard Pierer sera-t-il le premier du monde à effectuer cette opération controversée? L'idée est très loin de faire l'unanimité.
«Le tabou de la greffe de visage doit tomber», déclare le chirurgien. L'intervention concernerait les personnes grièvement brûlées ou accidentées à qui la médecine n'a pu redonner un visage humain. Peau, chair, muscles et nerfs pourraient être transplantés d'un coup.
«Actuellement, on prélève de la peau sur le patient lui-même, mais la greffe produit un effet patchwork, explique le Pr Denys Montandon, chirurgien plastique et spécialiste des malformations craniofaciales à Genève. D'où l'avantage de transplanter de la peau d'un seul bloc.»
Mais, pour le professeur genevois, le prix à payer est trop lourd. «Le risque de rejet est plus élevé avec la peau qu'avec n'importe quel organe. Imaginez-vous ce que cela peut représenter dans le cas d'un visage!» Et pour réduire ce risque, le patient devra prendre à vie des médicaments potentiellement cancérigènes.
Un avis partagé par le Pr René Chiolero, chef des soins intensifs de chirurgie au CHUV et président de la commission d'éthique de l'établissement lausannois. «Prélever le visage d'un mort pose déjà de nombreuses questions, l'accord du donneur, des proches. Sans parler du fait de vivre avec le visage d'un autre. Une telle annonce est, à mon sens, prématurée.»
Le comité français d'éthique et son homologue anglais ont d'ailleurs rejeté l'an dernier l'idée d'une telle greffe, mettant du même coup en veilleuse les équipes de chirurgiens de ces deux pays. La Suisse ira-t-elle dans la même direction? La Commission nationale d'éthique pour la médecine humaine ne s'est pas prononcée, mais pour son président, Christophe Rehmann-Sutter, qui s'exprime à titre personnel, «si le patient est bien informé, qu'il bénéficie d'un soutien psychosocial pour lui permettre de comprendre toutes les options et les conséquences pour sa vie, et qu'il les accepte parce que sa souffrance est trop grande, je ne vois pas d'argument éthique fondamental pour l'en empêcher».
© Le Matin Dimanche
GENEVIÈVE COMBY
20 février 2005
Evidemment, on ne peut que penser au film Volte Face, excellent film d'ailleurs... mais dans la réalité?
Je vous ai mis un petit sondage pour connaître votre opinion...