Nili a écrit:
Ce que tu expliques sur le mot "blinder" Linele, mon amoureux me faisait la même réflexion. Quand je lui ai demandé comment il faisait quand il intervenait sur un accident mortel, s'il se blindait, il m'a répondu que ce n'était pas possible à moins d'être un robot. Par contre il parle de gestes techniques, de protocoles à suivre, de toutes ces choses qui permettent de faire ce que l'on a à faire sans penser au côté émotions.
Comme dit plus haut, il y a, d'après lui, des cas plus difficiles à gérer techniquement. Quand il s'agit d'enfants, c'est presque impossible. Et l'ambiance dans l'équipe n'est pas la même, plus lourde, plus pesante.
Il me racontait également que lorsqu'il y a des témoins, des gens de la famille ou autre, qui ne font donc pas partie des "techniciens", ils se comportaient autrement. Par respect. Par contre lorsqu'ils sont seuls, ils se permettent des plaisanteries entre eux. Par exemple lorsque le médecin annonce qu'une des victimes vient de décéder, il se retourne vers son collègue et lui dit "on a une audition en moins." C'est horrible et cynique mais c'est, d'après lui, une manière de chasser la colère ou la tristesse qui pourraient les atteindre.
Effectivement cela demande vraiment de gérer au cas par cas. Selon les situations, l'humour (noir) peut être un moyen comme un autre de se protéger en prenant de la distance vis-à-vis d'un évènement difficile. Le fait d'être entouré par les collègues est très important aussi dans la mesure où il s'agit la plupart du temps d'un travail effectué en équipe. Evoluer au sein d'un groupe soudé est essentiel, ne serait-ce que pour échanger ensemble sur la question des difficultés quotidiennes et la manière de les aborder. On se sent forcément plus forts en groupe que seul à ressasser ses problèmes personnels. Cela dit tout n'est pas tout noir non plus. Comme le précisait L'idéaliste, avec de l'expérience et un recul suffisant, ce type de profession peut justement permettre de faire évoluer le regard que l'on porte soi-même sur la mort.