Source: L'Express du 12/04/2004 - texte de Vincent Olivier
Les transplantations sont désormais très encadrées sur le plan juridique. Mais le manque de donneurs se fait encore sentir
Voilà près de dix ans que l'Etablissement français des greffes (EFG) a été mis en place. A cette époque, le contexte n'était guère favorable, entre rumeurs sur de supposés trafics d'organes ou de cornée et «affaires» en tous genres (sang contaminé, manque de transparence dans certaines régions...). Et pourtant, l'EFG a su, peu à peu, remonter la pente et restaurer la confiance. Aujourd'hui d'ailleurs, avec la publication de plusieurs décrets, dont celui de décembre 2003 relatif à la biovigilance, l'activité de greffe est très encadrée. C'est même «l'activité médicale la plus encadrée en France sur le plan juridique», estime la directrice de l'EFG, Carine Camby, qui a remplacé Didier Houssin l'année dernière.
Reste que cette confiance demeure fragile et que le manque de donneurs potentiels se fait encore sentir, puisque, au 1er janvier 2004, plus de 6 500 patients étaient en attente d'un organe compatible. Or, si la qualité des prélèvements s'est améliorée, si les techniques ont évolué, l'amélioration de la sécurité routière a eu, paradoxalement, des conséquences négatives pour l'EFG: moins d'accidents et donc moins de greffons disponibles.
En revanche, la mise en place, depuis cette année, de la «T 2 A» (tarification à l'activité) dans ce domaine a eu un résultat «à la fois attrayant et motivant», explique Mme Camby. Jusque-là, en effet, les prélèvements effectués dans un établissement étaient facturés «un peu au petit bonheur la chance», constate-t-elle. Concrètement, dans certains cas, l'hôpital receveur devait prendre en charge tous les coûts (acte chirurgical, utilisation du bloc opératoire...) et dans d'autres, une partie seulement. Désormais, les frais dits «de structure», personnel soignant et actions de formation notamment, seront remboursés sur des bases semblables à celles des urgences: avec une enveloppe spécifique, et de façon proportionnelle à l'activité.
Quant aux frais liés à l'acte de prélèvement proprement dit, ils seront facturés à hauteur de quelques milliers d'euros par prélèvement, «avec probablement une tarification particulière pour le bloc cœur-poumon qui exige plus de matériel et de personnel», annonce Carine Camby. Des mesures «extrêmement importantes sur le plan symbolique», selon elle, car elles font de la transplantation «une activité de soins à part entière, pratiquée avec les mêmes exigences et les mêmes précautions. En d'autres termes, la greffe d'organes n'est plus régulée par des mesures d'exception: elle devient, enfin, une activité médicale comme une autre».
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