Etoile du soir a écrit:
On peut à 6 ans donner le biberon à son petit frère ou sa petite soeur, aider maman à changer le bébé, apprendre à le faire si on en a envie, le bercer, le câliner,pousser le landau, mais allaiter le bébé, ça c'est une affaire de femme, pas de petite fille et il n'y a que maman qui peut le faire, parce qu'elle est une femme.
C’est très subtil, mais on retrouve une fois de plus le problème de la distinction entre être "femme" et être "mère". Or, il semble qu’être "femme" ne puisse se résumer totalement à être "mère".
Visiblement, ce qui entre en jeu dans la distinction qui vient faire polémique ici, c’est la présence ou l’absence d’une partie du corps, le sein, qui devient presque un "objet séparable" du corps.
C’est toute l’ambiguïté de cet "objet-sein" qui transparaît ici. Biologiquement, le sein se destine bien à la sécrétion de lait alimentant le nourrisson. Ça, c’est être "mère". Mais, symboliquement, le sein en tant qu’attribut propre à la féminité participe à l’identification de ce qu’incarne le fait d’être "femme" (dans ce qu’elle a de désirable pour l’autre sexe, c’est-à-dire l’homme).
Ce n’est pas du tout la même chose. D’un côté l’objet-sein comme extension de la mère nourrissante, et de l’autre : l’objet-sein en tant qu’objet de désir (érogène), une des signatures de la féminité.
Dans le cas de la poupée à allaiter, il existe une volonté de mimétisme des petites filles envers leur mère, généralement seule personne référente leur permettant de s’orienter dans la construction de leur identité de femme. Sauf que c’est là que se situe le biais : être femme ne peut pas se résumer complètement à être mère.
La poupée à allaiter, bien qu’elle puisse inspirer un malaise à travers la prégnance de l’objet-sein, vient surtout renforcer l’idée que la femme ne semble n'être / naître qu’à travers la maternité ...