Turquie: Mehmet Ali Agca retourne en prison après un bref intermède de liberté2006-01-20 23:30:36 - ISTANBUL (AFP)
Le Turc Mehmet Ali Agca, qui avait tenté de tuer le pape Jean Paul II en 1981, est retourné vendredi soir en prison, la Cour de cassation turque ayant annulé la décision de le libérer qui avait provoqué un profond malaise en Turquie.
Un peu plus de cinq heures après la décision de la plus haute instance judiciaire de Turquie sur son sort, Agca a été réincarcéré dans la prison de Kartal à Istanbul d'où il avait été relâché la semaine dernière sous les applaudissements d'un petit groupe de partisans, ont rapporté les médias.
Escorté par de nombreux policiers, Agca a été conduit à bord d'une voiture de la police au pénitencier qui se trouve dans la partie asiatique de la métropole turque, selon la chaîne de télévision CNN-Türk.
Avant d'arriver à cet établissement d'où il avait été remis en liberté le 12 janvier, Agca a été interrogé au siège de la police et a subi un contrôle médical, précise la chaîne de télévision.
La Cour de cassation avait jugé auparavant à l'unanimité que cette remise en liberté n'aurait pas dû avoir lieu.
La Cour a estimé que la peine purgée par Agca en Italie ne pouvait être déduite de la peine qu'il a purgée en Turquie pour d'autres délits et que de ce fait sa libération n'avait "pas de fondement juridique".
Agé de 48 ans, Agca, a été interpellé peu après cette décision à Istanbul.
"Agca n'a opposé aucune résistance à nos agents qui sont allés le chercher", a indiqué le gouverneur de la ville Muammer Güler.
Agca n'était plus apparu en public depuis sa libération.
"Je suis le Messie, je suis le Messie, je ne suis pas Dieu, je proclame l'apocalypse", a lancé à une foule de journalistes Agca, menotté et vêtu d'un pull bleu devant le siège de la police stambouliote.
Bousculé par les journalistes, il a aussi crié en anglais: "I am the Christ, I am not God (je suis le Christ, je ne suis pas Dieu), selon les images des chaînes de télévision.
Agca avait passé près de vingt-cinq ans derrière les barreaux, dont dix-neuf ans en Italie, après avoir grièvement blessé par balles le pape Jean Paul II sur la place Saint-Pierre, à Rome, le 13 mai 1981, alors qu'il avait 23 ans.
Les raisons de son acte et l'identité de ses commanditaires éventuels restent un mystère.
Au maquis du code pénal turc, compliqué par de fréquentes amnisties, s'est ajoutée une grossière erreur de calcul dans le rendu de la décision du juge qui l'a remis en liberté sur le nombre d'années purgées par Agca en Italie, donné comme 20 ans au lieu de 19 ans et un mois.
En 2000, Agca, un ancien militant ultra-nationaliste, avait été extradé vers la Turquie où il a été incarcéré afin de purger des peines pour l'assassinat en 1979 d'un journaliste libéral turc célèbre, Abdi Ipekçi, et pour deux attaques de banques dans les années 1970.
La libération anticipée d'Agca a été rendue possible par une amnistie datant de 2002 et le jeu des remises de peines. Mais cette mesure a été vivement contestée.
"Je ne dis pas que la libération était erronée, mais je dis qu'il peut s'agir d'une erreur", avait déclaré le ministre turc de la Justice Cemil Cicek quelques heures après la sortie de prison d'Agca. Quatre jours plus tard, il saisissait la Cour de cassation pour demander l'annulation de cette décision.
M. Cicek avait affirmé à un journal turc qu'Agca devait encore purger onze mois de prison.
Les médias turcs ont publié depuis la libération d'Agca des extraits de lettres, qu'il a écrites en prison, dans lesquelles l'homme qualifié de "tueur national" par la presse propose ses services pour tuer Oussama ben Laden ou dit avoir refusé une offre du Vatican pour devenir cardinal.
Les déclarations délirantes d'Agca laissent penser qu'il est soit un fou, soit un simulateur. - Source :
Agence France-Presse (AFP) L'explication de son maintien en détention est simple.
[...]été extradé vers la Turquie où il a été incarcéré afin de purger des peines pour l'assassinat en 1979 d'un journaliste libéral turc célèbre, Abdi Ipekçi, et pour deux attaques de banques dans les années 1970.[...]
N'est-ce pas suffisant pour le garder en détention. La peine qu'il a purgée en Italie n'a rien à voir avec ces autres délits commis en Turquie. Il doit maintenant rendre des comptes à la justice turque.
On peut certes admettre que l'appareil judiciaire turc à cafouillé, mais je pense que ce n'est pas l'apanage des turcs.