Accident A340 à Toronto: le Canada et Air France se rejettent la faute2005-08-04 13:19:39 - PARIS (AFP)
Les enquêteurs ont entamé l'étude des boîtes noires de l'A340 d'Air France, après sa sortie de piste mardi à Toronto, tandis que le Canada et Air France se rejettent désormais la responsabilité de la décision d'avoir fait atterrir l'appareil lors d'un violent orage.
Le Pdg d'Air France, Jean-Cyril Spinetta, arrivé mercredi à Toronto, a paru mettre en cause la responsabilité des autorités aéroportuaires, en soulignant que celles-ci avaient autorisé un atterrissage sur l'aéroport Lester B. Pearson, alors que l'avion avait assez de carburant pour se poser ailleurs.
"Les autorités aéroportuaires apparemment ont estimé que les conditions pour atterrir étaient difficiles mais restaient possibles", malgré la pluie et le vent, a déclaré M. Spinetta lors d'une conférence de presse.
"Il y avait probablement beaucoup d'eau sur la piste", avait souligné plus tôt le directeur exécutif d'Air France, Pierre-Henri Gourgeon, n'excluant pas de fait l'éventualité d'un aquaplaning au moment du freinage.
Interrogé sur la responsabilité de faire se poser un avion dans des conditions météorologiques extrêmes, le ministre canadien des Transports, Jean Lapierre, a de son côté estimé sur Radio-Canada que "la seule personne qui prend la décision d'atterrir c'est le pilote. Et par conséquent lui seul a la responsabilité totale de cette décision-là".
M. Lapierre a également sous-entendu que l'appareil d'Air France aurait tardé à atterrir, ce qui expliquerait sa sortie de piste, avant qu'il ne prenne feu.
"On nous a dit que l'avion s'est probablement posé trop tard sur la piste, ce qui expliquerait qu'il se soit retrouvé à 200 mètres" au-delà, a-t-il déclaré au journal canadien Globe and Mail.
Air France ne souhaitait pas jeudi matin réagir à ces propos dans l'immédiat, renvoyant à l'enquête en cours.
Les boîtes noires de l'appareil, récupérées "en assez bon état" mercredi par les enquêteurs, fourniront sans doute des réponses plus précises sur les causes de l'accident.
L'investigation, menée par une équipe de 35 enquêteurs du bureau de la sécurité des transports du Canada et d'experts étrangers, dont des Français du bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), pourrait prendre plusieurs semaines, a-t-on indiqué de source proche du dossier.
Elle portera sur tous les aspects de l'accident, a déclaré le chef des enquêteurs, Réal Levasseur, dont les conditions météorologiques.
L'hypothèse selon laquelle l'Airbus aurait pu être frappé par la foudre, un temps évoquée par certains passagers, semble être écartée. Selon M. Levasseur, les éclairs ne présentent habituellement pas de danger pour les avions, ne provoquant au pire que des dégâts mineurs.
Un point de vue partagé par Air France. "Je ne pense pas qu'il y ait eu de foudroiement", estime le directeur exécutif de la compagnie aérienne.
Air France assure par ailleurs que l'A340, fraîchement révisé, était parti de Paris sans problème technique.
Le vol AF358 a quitté la piste et pris feu après son atterrissage alors qu'un orage sévissait sur Toronto. Ses 309 passagers et membres d'équipage, évacués en moins de deux minutes, ont tous survécu à l'accident, qui a fait 43 blessés.
Quatorze d'entre eux étaient toujours hospitalisés mercredi en fin de journée, dont le commandant de bord de l'appareil. La blessure dont il souffre est "grave", selon Air France. Il s'agirait de problèmes de colonne vertébrale.
M. Spinetta a toutefois assuré qu'aucun des blessés n'était en danger de mort.
Source :
Agence France-Presse (AFP)