BAYEUX (Calvados) (AFP), le 07-10-2004
Un camion escorté par des véhicules de gendarmerie et susceptible de transporter le chargement de plutonium militaire américain arrivé mercredi en France, a pris la route tôt jeudi matin depuis l'usine de retraitement de La Hague (Manche).

Peu avant 06h00, le poids-lourd, précédé de deux véhicules de gendarmerie et suivi par deux autres, roulait sur la Nationale 13 à hauteur de Bayeux (Calvados) en direction de Caen. Les véhicules circulent gyrophares allumés.

D'importantes forces de police et de gendarmerie ont été déployées le long du parcours emprunté par le convoi. Policiers et gendarmes sont positionnés à toutes les insersections et sur les ponts enjambant la N-13.

Interrogée par l'AFP, la Cogema, société propriétaire de l'usine de La Hague, s'est refusée à tout commentaire sur le convoi qui a quitté l'usine à 04h15.

Le plutonium à usage militaire américain, d'un poid de 140 kg, était arrivé mercredi à 07h20 au port de commerce de Cherbourg, à bord d'un navire britannique, en provenance de Charleston (Caroline du sud). Il avait été en suite transporté par camion à l'usine de retraitement de combustibles irradiés à la Hague, à 18 km de là, pour y être reconditionné.

Il devait être par la suite convoyé, à une date tenue secrète par les autorités, sur plus de 1.200 km par la route jusqu'au site de la Cogema à Cadarache (Bouches-du-Rhône), avant un ultime retraitement à l'usine de cette société à Marcoule (Gard).

L'association écologiste Greenpeace a vivement protesté contre le transport à travers l'Atlantique de ce plutonium et son retraitement en France.

Le transport de ce plutonium, qui doit être recyclé en deux tonnes de combustible civil Mox (Mixed Oxyde Fuel), s'inscrit dans le cadre d'accords internationaux sur le désarmement nucléaire.

Dans le prolongement des traités Start I et Start II, les Etats-Unis et la Russie ont signé en 2000 un accord sur l'élimination de part et d'autre de 34 tonnes de plutonium militaire.

En 2002, le département américain de l'Energie avait fait le choix d'éliminer cet excédent en le transformant en combustible civil, aux termes d'un programme baptisé "Mox for peace".

Washington avait retenu une technologie française, les Etats-Unis ne fabriquant jusqu'à présent pas de Mox, mélange d'uranium et de plutonium.