Alors voilà en vrac les articles mis en ligne par ma copine sur un autre forum. Il s'agit d'un article original, qui ne vient pas de la presse, sauf certains passages qui sont cités et que l'on peut (ou pouvait, je ne sais pas) trouver en ligne sur le site dont j'ai mis le lien. Si cela pose problème, je ne me vexerai pas qu'on l'enlève.
Onze communes rejettent la proposition de l’Andra
Pour l’heure, onze communes ont rejeté l’appel à candidature de l’Andra pour accueillir un centre de stockage de déchets radioactifs à vie longue et faible activité (FA-VL).
Elles ne sont que onze pour le moment à avoir répondu négativement à l’appel à candidature lancé en juin par l’Andra.
Quelque 3 115 communes sont concernées et 152 dans le département pouvant accueillir un centre de stockage de déchets radioactifs à vie longue et faible activité (FA-VL). Aucune des communes haut-marnaises n’a répondu favorablement, selon la préfecture. Parmi les communes ayant refusé d’être candidate figure Poissons, toute proche du laboratoire de Bure… Mais également Manois, commune qui a pour citoyen un certain Bruno Sido, président du Conseil général. Ce dernier n’a pas caché qu’il souhaitait qu’une commune haut-marnaise soit retenue par l’appel à candidature de l’Andra car il s’agit selon lui « d’un atout de développement économique ».
Hier soir sur Europe 1 dans une émission consacrée au nucléaire en France, Gilles Desnouveaux, maire de Reynel, a rappelé son opposition à ce projet « que ce soit à Reynel où ailleurs », a-t-il déclaré, soulignant que l’argent pour le laboratoire de Bure serait mieux exploité s’il était dédié à la recherche pour le retraitement des déchets radioactifs. Dernièrement, l’association les Amis de la terre pointait du doigt la rédaction du dossier de présentation transmis par l’Andra aux communes concernées. « Un mensonge d’Etat inadmissible », selon l’association, qui poursuit : « l’Andra triche avec les becquerels pour duper les élus. » Selon les Amis de la terre, une confusion (volontaire ?) présente les déchets non pas avec leur durée de vie (toxicité) mais avec leur période physique radioactive qui est dix fois moins importante. Ainsi pour le chlore 36 la période serait de trois millions d’années et non 300 000 ans.
D’autre part, le Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (Cedra) a relevé dans le rapport de la Commission na-tionale d’évaluation cette phrase : « On est confronté à un problème plus complexe qu’il n’y paraît pour stocker des déchets graphites. » Ces déchets graphite, issus du démantèlement de réacteurs français sont estimés à 100 000 m3 sur les 170 000 m3 du futur centre de stockage des déchets FA-VL.
Un front contre les déchets nucléaires (FAVL) dans l'Est de la France ?
Invitation à une rencontre "d'urgence"
Début juin, l'Andra, mandatée par le ministère de l'Ecologie a envoyé un dossier à 3115 communes en France situées sur des zones géologiques "favorables"pour leur proposer d'accueillir un stockage en sous-sol de déchets nucléaires dits FAVL (Faible activité à vie longue). Leur candidature "volontaire" a pour date butoir le 31 octobre 2008.
Carte de France et dossier visibles sur le site du Réseau Sortir du Nucléaire -www.sortirdunucleaire.org
Le Grand EST dont la Lorraine, la Champagne-Ardenne et l'Alsace est largement concerné par ce projet.
Il faudrait qu'on soit un maximum d'associations et pas seulement anti-nucléaires à interpeller les communes pour connaître leur position, et la faire connaître.
Pour l'instant, pas ou très peu d'infos filtrent dans les presses régionales.
Les cantons concernés des départements 08,10, 51, 52, 54, 55, 57 et bientôt 67 et 88 sont sur le site -www.burestop.org
Pour certains, les communes y figurent aussi.
Pour connaître les communes des départements 57, 67 et 88, l'Andra dirige vers les préfectures.
Les pref. de Meuse et de Moselle, contactées, ont refusé de donner la liste des communes.
En Meuse, nous nous sommes débrouillés autrement. Il faut savoir que si un canton est retenu, toutes les communes de ce canton ont reçu le courrier de l'Andra. Un conseiller général nous a fourni la liste des communes (en fichier-étiquettes) qu'il a de par sa fonction. Ensuite, c'était assez simple de faire un courrier à chaque maire.
(Voir notre courrier en pièce jointe.)
On sait déjà qu'en 52, 54, 55 et 88 quelques communes ont refusé ce projet.
Le Conseil général du Lot a refusé à l'unanimité, et de nombreuses communes dans le Quercy notamment ont délibéré contre.
Les communes n'attendront pas octobre pour donner leur avis.
Des contacts inter-associatifs sont déjà établis entre 55, 52, 08, 54, 57, 67, 88. Ils sont en cours vers une partie du 51 grâce à Meuse Nature Environnement.
Le Nouvel Obs / Marie Vaton 17.07.08
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2280/articles/a379907-.html3 115 communes ont été présélectionnées
Cherche poubelles nucléaires désespérément
En France, les déchets produits par les centrales atomiques ne cessent de croître. Ils resteront parfois radioactifs des dizaines de millions d'années. Où les mettre ? Les mairies retenues font l'objet d'une cour assidue. Récit
En ouvrant son courrier, il a cru à un gag. Quoi ? Donner à l'Etat ses terres, ses forêts, ses sites naturels protégés pour y enfouir des milliers de tonnes de déchets nucléaires ? Un mauvais canular. Hélas pour Gilles Desnouveaux, la lettre n'est pas un faux : Reynel, son petit village de 180 habitants perdu au coeur de la Champagne, a été désigné comme «zone géologiquement compatible» pour le stockage de déchets radioactifs. Et c'est à lui, le maire, de décider si sa commune veut ou non se porter candidate, en échange d'un «accompagnement financier». Gilles n'a pas réfléchi longtemps. Ce matin- là, son fils prenait son petit déjeuner avant de partir au lycée. «Il m'a regardé dans les yeux et m'a dit : «Papa, si tu fais ça, t'es plus mon père». J'ai pas hésité.» Le lendemain, il écrit au préfet, convoque son conseil municipal, appelle les autres maires de la région. Eux aussi ont reçu la missive. Tous refusent de devenir la «poubelle nucléaire» nationale.
Ca ressemble à une loterie. Comme Reynel, en Haute-Marne, 3 115 communes ont été présélectionnées par l'Andra (1) pour accueillir dans leur sol une décharge atomique. A l'heure de la relance mondiale de l'énergie atomique, du deuxième EPR promis par Nicolas Sarkozy, l'initiative embarrasse. L'énergie renouvelable tant vantée a une faille de taille : ses déchets. Depuis le démarrage du premier réacteur expérimental français, en 1949, ils s'accumulent, inexorablement : en quarante ans, nos 58 réacteurs ont produit plus d'un million de mètres cubes de déchets. En 2020, ils atteindront 2 millions. Une montagne d'ordures encombrante. Car les rebuts ont la vie dure : ils restent actifs pendant au moins trente ans, voire plusieurs dizaines de milliers d'années...
L'Andra a sur les bras 170 000 mètres cubes de déchets radifères et graphites dont elle ne sait que faire. Issus d'anciennes mines d'uranium et du démantèlement des premiers réacteurs français, ils sont pour l'instant entreposés sur d'anciens sites de production. En attente d'une solution plus pérenne. Mais les lieux manquent. A la Hague, le centre de stockage de la Manche est plein, saturé depuis 1994. Bure, dans la Meuse, aurait pu aussi convenir, mais le site n'existe pour l'instant qu'à l'état de laboratoire. Et pas question de les y entreposer en attendant : les antinucléaires veillent. Quant aux deux centres en activité, Soulaines et Morvilliers, dans l'Aube, ils sont conçus pour des déchets à vie courte, stockés en surface. Or les rebuts radifères de l'Andra ont la vie longue. Très longue : jusqu'à 200 000 ans d'activité ! Il faut donc les enterrer. Un nouveau site s'imposait. «Nous avons souhaité une démarche fondée sur le volontariat des collectivités, en toute transparence, se défend Marie-Claude Dupuis, la directrice de l'Andra. D'ailleurs, une dizaine de maires se sont déjà portés candidats.»
Qui sont les heureux élus ? Mystère. L'Andra refuse d'en dire plus. Mais l'affaire est juteuse pour les communes sélectionnées. L'agence a reçu une généreuse subvention pour aider au «développement harmonieux du territoire d'accueil» de l'ordre de plusieurs dizaines de millions d'euros par an, murmure-t-on. «C'est de l'achat de conscience !», se révolte Carlo Mercier, un prêtre-ouvrier à la retraite. A 78 ans, il a rejoint le Cedra (Collectif contre l'Enfouissement des Déchets radioactifs) en Haute-Marne. Ex-chauffeur routier, il a sillonné pendant dix- huit ans la région. Il a appris à aimer cette terre rude et pauvre, peuplée de moins de 7 habitants au kilomètre carré. «Ici, c'est le trou du cul du monde», dit-il. A l'époque, il vendait du lait aux ouvriers des fonderies de l'Est. Au fil du temps, l'activité a périclité. Une à une, il a vu les usines fermer, les ouvriers partir, et les derniers commerces mettre la clé sous la porte. «Y a plus personne ici, à part des vieux comme moi ! s'exclame- t-il. Alors quand l'Andra est arrivée avec ses projets de poubelles, il n'y avait pas grand monde pour protester.»
En quelques années, les décharges nucléaires ont remplacé les anciens sites de fonderies le long des routes champenoises. Sur soixante kilomètres, les Déchetteries se succèdent : le terminal de l'Andra à Brienne-le-Château, le camp militaire de Perthes qui contient de l'uranium appauvri, les deux centres de stockage de l'Aube, Soulaines et Morvilliers, et enfin Bure, le fameux laboratoire géologique où est étudié l'enfouissement des déchets les plus dangereux à plus de 500 mètres de profondeur. «C'est la route de la honte !», râle Michel Marie, le fondateur du Cedra. Début juin, cet ambulancier retraité a rejoint un groupe d'une vingtaine de marcheurs originaires du monde entier qui sillonnent à pied la «route des déchets» : 1 500 kilomètres en deux mois et demi. Dans les villages qu'ils traversent, on leur ouvre les portes, on les encourage. «Ils pensent comme nous, mais ce ne sont pas des résistants, c'est pas dans leur nature», dit Michel. Ici, on n'a pas l'âme du Larzac. On respecte les décisions des notables. Surtout quand elles rapportent de l'argent. En 1994, le conseil général de la Meuse n'a pas résisté à la carotte fiscale de 5 millions d'euros par an promise aux collectivités en échange de Bure. La région, une des plus pauvres de France, espérait s'enrichir. «Mais tout le monde s'est fait rouler dans la farine ! se désole Michel Marie. Le laboratoire n'a pas créé les emplois promis.» Depuis, une pétition a circulé pour réclamer un référendum sur Bure. Cinquante mille signatures ont été recueillies. Et puis rien. Les années ont passé. Bure est toujours là. Alors pour Michel Marie, ça ne fait aucun doute : c'est encore la Champagne-Ardenne qui héritera des déchets de l'Andra. «Parce qu'en cas d'accidents ça fera moins de morts !», grince-t-il. Pourtant, les experts de l'Andra l'assurent : si la région est visée, c'est pour la qualité de son sous-sol bourré d'argile, un des minerais les plus imperméables à l'eau, vecteur principal des radionucléides.
D'ailleurs, ajoutent-ils, l'enfouissement sera «peu» profond : de 50 à 200 mètres, pas plus. Rien à voir avec le projet de Bure. «Ils présentent leur projet d'enfouissement comme une prouesse technologique, mais en réalité ce n'est qu'un trou rempli d'ordures qu'on rebouche une fois plein», conteste Michel Marie. «Tout le monde profite de l'électricité, mais on ne veut pas entendre parler des déchets !», regrette Francis Chastagner, directeur scientifique de l'Andra. Pourtant, d'immenses progrès ont été réalisés depuis cinquante ans. Après guerre, on ne s'embarrassait guère des colis gênants : on affrétait un cargo, et on jetait tout à la flotte. 40 000 fûts ont été ainsi immergés au large de l'Atlantique, de l'Espagne et de la Bretagne. Bien plus tard, dans les années 1980, les Etats-Unis avaient étudié la possibilité de les envoyer dans l'espace. Puis on envisagea de les déposer dans le désert. «C est finalement l'enfouissement qui a été retenu par le Parlement comme la solution la plus acceptable pour tous», explique Monique Sené, physicienne nucléaire au CNRS. Une solution contestée par plusieurs experts. Car, en enterrant les déchets, on ne les voit plus. On les oublie. Et les erreurs du passé ne sont plus rattrapables.
Christian Keranaoet est un ancien ingénieur de l'Andra. En 1969, il a participé au premier centre de stockage de déchets nucléaires du monde, dans la Manche, juste en face du site de la Hague. «A l'époque, on ne maîtrisait pas les techniques comme maintenant, explique-t-il. Rien n'a été pensé : les fûts de déchets ont été posés à même le sol, juste au-dessus d'une nappe phréatique !», se désole-t-il. Lorsque le dernier colis est arrivé, en 1994, on a coulé du béton dans les alvéoles, posé une membrane de bitume au-dessus et recouvert le tout de plusieurs couches de terre. Aujourd'hui, le centre de la Manche ressemble à une jolie pelouse de golf. Mais sous les pieds, la pile de déchets empilés s'est peu à peu tassée. Par endroits, le terrain s'est affaissé d'une cinquantaine de centimètres, fissurant légèrement la membrane. Et on retrouve du tritium dans la rivière Sainte-Hélène en contrebas. «Rien de grave pour l'instant, rassure le directeur du site Jean-Pierre Vervialle, mais il faut rester vigilant.» Alors, pour éviter les mauvaises surprises, l'Autorité de Sûreté nucléaire a déclaré le site sous surveillance pendant plus de trois siècles ! Un héritage empoisonné légué aux générations futures. «On ne peut jamais prévoir ce que seront les évolutions d'un site, explique Yves Marignac, expert nucléaire. Faire un trou peut modifier la composition des couches géologiques, même extrêmement stables !» En Allemagne, 100 000 fûts radioactifs ont été stockés dans les années 1960 dans une mine de sel désaffectée, qu'on pensait imperméable depuis 70 millions d'années. Las, le sol a bougé, l'eau s'est infiltrée partout. Chaque jour, on doit pomper 12 mètres cubes d'eau contaminée. La nature est capricieuse.
(1)Agence nationale pour la Gestion des Déchets radioactifs.