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NEW YORK (Reuters) - "Je suis pris au piège, je ne peux plus respirer. Sauvez-moi, il ne me reste plus beaucoup d'air. Je vous en supplie, aidez-moi ! Je peux à peine respirer".
Ce témoignage poignant d'une victime anonyme des attentats du 11 septembre 2001 fait partie des transcriptions-radio de la brigade de pompiers (NYFD) de New York qui ont été publiées vendredi sur injonction de la justice.
Ces documents comprennent aussi des enregistrements et des témoignages oraux fournis par les soldat du feu et les secouristes qui sont intervenus peu après la destruction par deux avions de ligne suicide des tours jumelles du World Trade Center à Manhattan.
Ces attentats ont fait près de 3.000 morts dans les tours du WTC et coûté la vie à 343 pompiers de New York.
Le pompier Maureen McArdle-Schulman raconte ainsi comment elle a vu, impuissante, "un flux ininterrompu" de personnes prisonnières des tours en feu sauter dans le vide pour échapper aux flammes.
"Ces gens avaient choisi de mourir, j'ai assisté à leur mort programmée et je n'aurai pas du. J'ai donc détourné mon regard de cette vision d'horreur mais je pouvais toujours les entendre s'écraser au sol !".
Un autre secouriste, Lonnie Penn, décrit comment il est tombé sur des morceaux de corps humains, dont le pied d'une petite fille portant une basket de couleur rose.
La municipalité de New York a tenté, en vain, de s'opposer à la diffusion de ces documents, en faisant valoir que les témoignages oraux avaient été recueillis sous le sceau du secret et que certains détails risquaient de traumatiser les familles des victimes.
UNE FEMME EN ROBE BLEUE
Mais le New York Times et plusieurs familles de victimes ont intenté une action en justice et il y a quelques mois, une cour d'appel de l'Etat de New York a ordonné la publication de la majeure partie des témoignages.
Ces récits semblent confirmer les soupçons de dysfonctionnements, et notamment les difficultés de communication entre les services de pompiers et de police utilisant pour leurs radios des longueurs d'ondes incompatibles.
Près de trois heures après l'écrasement du premier avion détourné sur une tour, une voix déclare: "Je suis en liaison avec quatre responsables différents, qui me donnent quatre ordres différents (...) Quelqu'un sur place doit venir m'aider à régler ce problème".
Sur un autre enregistrement, un pompier ou un secouriste lance cet appel désespéré: "Nous sommes seuls au moment où je vous parle. La seconde tour vient de s'écrouler. Je ne vois rien parce que nous ne sommes, pour le moment, en contact avec personne".
Les appels à l'aide lancés à d'autres brigades sont accueillies par d'inquiétants silences alors qu'on peut entendre les voix tendues de pompiers grimpant quatre à quatre les escaliers des tours en feu juste avant leur effondrement.
Les soldats du feu racontent qu'ils éprouvent le plus grand mal à respirer et qu'ils se débarrassent dans la fournaise de leurs lourdes vestes.
Un pompier, Robert Dorritie, raconte qu'une femme vêtue d'une robe bleue s'est jetée dans le vide pour échapper aux flammes. Son corps s'est écrasé malencontreusement sur un soldat du feu, qui a été tué sous le choc.
Lors d'une conférence de presse, la mère d'un pompier tué le 11 septembre 2001, Sally Regenhard, a apporté son soutien à la publication de ces documents.
"Je me félicite que près de quatre ans après le drame, je finis par obtenir des informations sur ce qui est arrivé à mon fils", a-t-elle dit. "C'est très dur de revivre ces événements, d'entendre les appels et d'écouter les témoignages".
source :
http://www.yahoo.fr