Oui, là on est d'accord, il y a un peu de ça. Mais ne crois tu pas que, bien au contraire, cette tendance judéo-chrtéienne ne serait pas plutôt l'un des aspects de nos tribulations amoureuses depuis la nuit des temps et que les religions n'auraient fait que cimenter en un absolutisme de l'amour ???
Bien plus, crois-tu réellement que l'amour chez les chrétiens puisse se résumer à d'aussi passionnels et uniques retranchements ? J'ai eu l'occasion une fois de discuter avec une catho pratiquante et un protestant. Tu ne peux pas savoir comme l'idée de l'amour unique et abrasif a évolué chez beaucoup d'entre eux, mais aussi dans leur Eglise. Attention, je parle bien de l'idée d'amour dans le couple, je ne fais surtout pas d'éloge, car c'est toujours relatif quand aux particularismes de chaque couple. Je pense que ce n'est pas aussi simpliste que ça, j'irai même jusqu'à dire que leur idée de l'amour est beaucoup plus calme et sereine que ce que tu en dis...
Le syncrétisme voudrait bêtement qu'on fasse fusionner toute cette drogue amoureuse dans le dogmatisme des religions. Je crois que c'est beaucoup plus complexe que ça, et qu'il s'agit de passions de l'âme, au sens où Descartes en parlait. Tu ne peux pas déduire de cette tendance la main mise des religions. Disons plutôt que les religions portent un absolutisme amoureux qui n'est pas vraiment ce que nous entendons comme tel, un amour pour l'autre que nous ne comprenons pas vraiment, car nous sommes des créatures qui s'aiment à s'enflammer, certains philosophes parlaient d'esprits de feu, d'esprits trop chauds pour connaître un quelconque apaisement ou une satiété dans l'amour.
L'amour, pour le catholique est au contraire une économie et une gestion des sentiments, idem pour la religion juive et chez les Musulmans. Il y a là une confusion entre notre modernité qui veut tout de suite et ne juge que par performance, et le vrai message des religions. Bref, nous sommes victimes surtout de notre propre modernité, et accuser les religions pour en revenir aux formes anciennes de l'amour souffrira du même échec.
Le peu que je sais des religions ne considère pas cet oubli du moi dans l'amour de l'autre, mais bien au contraire un chemin égale à deux, chacun apportant une partie d'un amour partagé, alimenté par le quotidien, les petits sacrifices, les attentions et surtout ce qu'on nomme la considération de l'autre, chose bien mal comprise par notre société qui a souvent tendance à considérer l'autre comme un objet, à la fois esthétique et de performance.
Mais entendons nous bien, je ne fais l'éloge d'aucune religion, mais je m'efforce d'être objectif entre le regard qu'on leur porte, et qui est toujours plein d'apriori, et les réels vertus qu'elles offrent à leurs croyant, notamment dans ce délicat chemin à deux qu'est l'amour.
Je reste un laïc dans l'âme, mais ça ne m'empêche pas de voir les vertus qu'il y a méditer dans chacune de nos confessions. Les juifs et musulmans ont également une belle vision du couple, si on évite ce qu'on nous montre la plupart du temps à la télé.
Voilà donc pourquoi je ne peux adhérer dans sa totalité à ta thèse, qui reste un regard trop culturel et généraliste et qui ne vient pas au contact des données, et des témoignages qui en résultent sur le bien ou pas de tels dogmes.
Ceci dit, je trouve que ce sont les asiatiques qui ont le mieux compris le corps, la sexualité et l'amour, malgré les difficultés et les limites, souvent également impliquées par la modernité faussement triomphante de nos sociétés basées sur l'image et sur la comm faute de dialogue sincère et de réelle considération du corps et des sentiments de l'autre...