Finalement elle a foncé droit sur ma table. Elle marchait fièrement, le menton haut, les mains sur les hanches. J'aurais bien voulu soutenir son regard mais je n'y arrivais pas. Alors j'ai regardé ailleurs en conservant mon petit sourire.
"Vous voulez autre chose ?" elle a demandé.
Sa blouse blanche sentait l'amidon.
"Vous appelez ça du café, cette saleté ?"
Son rire est parti sans prévenir. C'était plus un cri qui lui avait échappé, un fou rire comme un bruit de plats qu'on entrechoque, terminé aussi vite qu'il avait commencé. Je me suis remis à fixer ses pieds. J'ai senti quelque chose en elle se rétracter. J'avais envie de lui faire du mal.
"C'est peut-être même pas du café, cette lavasse. C'est peut-être vos sales godasses qu'ils ont fait bouillir dedans." Je la regardais droit dans les yeux, des yeux qui lançaient des couteaux : "C'est peut-être pas votre faute. Peut-être que vous êtes naturellement souillon. Mais moi si j'étais une fille je ne voudrais même pas me faire voir dans une impasse derrière Main Street avec des godasses pareilles."
J'avais quand même le souffle court en terminant. Mais elle je voyais ses lèvres pleines qui tremblaient, et les poings qu'elle avait fourrés dans ses poches se tordaient sous le tissu raide.
"Je vous déteste", elle a fait.
Je sentais sa haine. J'en sentais l'odeur, je pouvais même l'entendre émaner d'elle. Mais j'ai continué de faire le malin.
"J'espère bien" j'ai fait d'un air mauvais, "parce qu'il n'y a sans doute que les types bien que vous ne pouvez pas sentir."
Là elle a dit quelque chose d'étrange qui m'est resté. Elle a dit :"Je voudrais vous voir crever d'une crise cardiaque. Ici sur cette chaise."

"le journal d'un vieux dégueulasse" de Charles Bukowski ?

Ca y est, on va dévier sur les SAS !

Non mais tu brûles.


Et il y a une sacrée différence entre Bukowki et SAS !
C'est comme si tu comparais Pierre Desproges et Arthur...

Autant te dire que je ne connais ce monsieur... MAis vu le titre, ça m'a l'air d'être du "lourd" !

BUKOWSKI : Vies de m**de

"le vent souffle fort ce soir
un vent glacial
et je pense aux
copains à la rue.
j'espère que quelques-uns ont une bouteille
de rouge.

c'est quand on est à la rue
qu'on remarque que
tout
est propriété de quelqu'un
et qu'il y a des serrures sur
tout.
c'est comme ça qu'une démocratie
fonctionne :
on prend ce qu'on peut,
on essaie de le garder
et d'ajouter d'autres biens
si possible.

c'est comme ça qu'une dictature
aussi fonctionne
seulement elle a soit asservi soit
détuit ses
rebuts.

nous on se contente d'oublier
les nôtres.
dans les deux cas
le vent
est fort
et glacial."

Charles Bukowski, Avec les damnés.

Ah...j'ai vu passer ça il y a longtemps, c'est une citation connue ça...