Merci pilouface !
Bon, voila ce que j'ai pondu ce week-end (ça sortira lundi dans le journal de l'école, donc là c'est une avant première, bande de... heu... veinards ?
)
Merci de ne pas le pomper ou le diffuser sans préciser de qui ça vient, etc etc.
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Fugue
« J'écris ces lignes -ou plutôt, je les grave sur les parois de ma cellule- sans trop savoir pourquoi. Peut-être pour laisser une trace de mon passage ici, avant la tentative d'évasion que je m'apprête à faire, peut-être pour une hypothétique postérité... Qui sait.
Depuis l'éternité, ou du moins aussi loin que remonte la tradition orale de ceux que j'ai croisés jadis, nous sommes leur prisonniers. J'ai passé mon enfance dans une de leurs geôles, avec d'autres de mon espèce. C'est là que j'ai appris de ceux qui étaient plus âgés, qui eux-même le tenaient de ceux qui les avaient précédés avant de disparaître, tout ce que je sais sur eux, à savoir peu de choses, au fond. On n'a aucune idée de qui ils sont exactement, ni quel est leur but. Tout ce que raconte la légende, c'est qu'ils ont asservi notre peuple pour le placer dans des prisons comme celle où j'ai grandi, avec leur parois invisibles qui vous retiennent comme si un champ de force vous empêchait d'aller plus loin, et leur sol fait de sciure et non de la prairie que, selon la tradition orale, nous avons foulé autrefois.
Je n'étais pas seul à l'époque, j'avais des amis, la plupart avaient mon âge. Il faut dire que plus l'un de nous vieillissait, plus la probabilité qu'il soit « emporté » grandissait. Souvent, un des monstres tentaculaire qui nous maltraitaient arrivait, se saisissait d'un de mes compagnons d'infortune, et personne ne le revoyait plus. Nous ne savions pas ce que devenaient les disparus, je ne savais pas.... jusqu'à ce que mon tour vienne. Et que j'atterrisse ici, dans une autre cellule, plus petite, avec des barreaux cette fois. Pas de compagnon, ici. Juste moi et le nouveau monstre qui me gardait enfermé.
J'ai essayé de comprendre, cherchant une logique quelconque, me disant qu'on attendait peut-être quelque chose de moi... Il y avait une sorte de machine circulaire dans ma prison, je ne comprenait pas trop son fonctionnement mais lorsque je m'en approchait il me semblait que mon gardien semblait satisfait. Aussi j'ai passé du temps à tenter de la mettre en marche, espérant une récompense – la liberté, qui sait ? - si j'y parvenais. J'ai finalement jugé que cela devait être un moyen de produire de l'énergie à partir des mouvements que j'imprimais à la machine, en la faisant tourner sur elle-même. Alors, des jours, des semaines, des mois durant, j'ai usé de toute ma force pour fournir l'effort nécessaire à faire tourner cet engin infernal, me muant progressivement en bête de somme, avec toujours au fond des yeux l'espérance naïve de la récompense. En vain. Si mon geôlier semblait satisfait de mon travail, il ne me libéra pas pour autant.
C'est pourquoi j'ai pris ma décision. Ce soir, je vais m'évader. Je sais que l'on va encore m'apporter de la nourriture -si on peut l'appeler ainsi-, et, pour cela, le cerbère doit ouvrir la porte de ma cellule. Certes, elle est un peu en hauteur, mais en grimpant aux barreaux, et en profitant de la confusion... J'espère parvenir à mes fins. Et même si la fin doit être tragique, même si mon châtiment pour la révolte doit être la mort, tant pis. Je ne peux plus vivre en ce lieu où, je le sens, la folie me guette. »
Mais voilà qu'il arrive... J'entends ses cris assourdissant alors qu'il se rapproche. Décidément cette chose est immense, je n'ai aucune chance... Mais peu importe, je n'ai pas le choix. Je dois le faire.
Il se penche vers l'ouverture de la prison... Ca y est, la porte s'ouvre lentement... Je me tiens prêt. Un de ses membres tentaculaires descend pour apporter de la nourriture, c'est le moment.
D'un bond, je saute sur le tentacule le plus proche, et j'y plante mes dents aussi profondément que possible. Secousse, hurlement, le membre du monstre se retire vivement tandis que je retombe au sol, sonné. Vite, il faut agir avant qu'il ne revienne. Profitant de la confusion, et tandis qu'il hurle toujours de douleur, je bondis, j'escalade, je grimpe, de toutes mes forces et de tout mon être, jusqu'à cette ouverture qui se rapproche tandis que je monte. Enfin, j'y suis. Je regarde autour de moi, puis rapidement, sans réfléchir, je saute à terre, puis je cours droit devant moi, en prenant soin d'éviter le monstre. J'ai peut-être atteint un centre nerveux, il est à terre et pousse toujours ses hurlements suraigus. Pas le temps de rêvasser, je continue de fuir. Je cours aussi vite que je le peux -au fond, mon entraînement avec cette machine aura servi à quelque chose – droit devant moi, puis j'avise un abri sous une chose immense que je n'arrive pas à identifier, et je me cache dans l'ombre. Je reprends mon souffle un moment, puis je réfléchis. Je dois continuer à fuir. Je suis fatigué, mais le monstre va bientôt me pourchasser. D'ailleurs il semble avoir appelé des renforts, car un autre, encore plus gros, s'approche de lui.
Je me remets donc à courir dans la direction opposée aux deux créatures et à la prison, en suivant le contour d'un mur gigantesque qui semble faire comme un enclos autour de nous. En le longeant, j'arriverai probablement à une sortie.
Soudain, je me fige. Là, devant moi, se dresse... A vrai dire j'ignore ce que c'est exactement, mais de toute évidence il doit s'agit d'un animal, probablement aux ordres des monstres. Longiligne et démesuré, il ne bouge pas, comme s'il était prêt à bondir, attendant le moment propice. Le fuir prendrait trop de temps, je dois avancer. Je saute sur lui, et encore une fois, je plante mes dents dans sa chair.
Aussitôt, je ressens une vive douleur. Ser... serait-il venimeux ? Je m'évanouis.
A mon réveil, je réalise que je suis dans un autre endroit, mais qu'un des monstres - tiens, il y en a trois ici - m'agrippe fermement. J'entends des cris, sans comprendre leur sens... Je m'évanouis à nouveau.
« Docteur, est-ce que panpan va mourir ?
-Non, rassure-toi ma petite, ton hamster va bien. Il va encore avoir quelques petits problèmes pour s'orienter dans les prochains jours, mais les effets de l'électrocution vont vite passer. Tu peux remercier ton papa de l'avoir amené aussi vite.
-Merci docteur, vous savez, elle est très attachée à sa bestiole... Bien sûr j'aurais pu lui en racheter un chez l'animalier du quartier, mais vous savez comment sont les enfants...
-Oui, elle semble beaucoup y tenir. Par contre vous devriez l'emmenez voir un médecin, la morsure qu'elle a à la main à l'air vilaine.
-Oui docteur, j'ai eu très mal, mais je n'ai presque pas pleuré, hein papa !
-Non, elle n'a même pas crié », répondit le père en esquissant un clin d'oeil à l'attention du vétérinaire.
« Par contre, ma petite, il faudra faire attention à ne pas le laisser à nouveau sortir de sa cage, tu sais c'est très dangereux pour lui de mordre les fils électriques. Il est encore jeune et a de belles années devant lui, si tu t'en occupes bien.
-Promis, docteur », répondit-elle. Avant d'ajouter à l'adresse de la boule de poils terrifiée qu'elle avait entre ses mains :
« Rassure-toi, panpan, je vais bien m'occuper de toi, et je ne te laissera plus t'échapper de ta cage. Plus jamais ! »