Elevée par des parents quasiment absents, j'ai vu à partir de neuf ans, presque tous les films d'horreurs des années quatre-vingt et du début des années quatre-vingt dix.
Ceux qui ne sont pas capable de regarder ce genre de films étaient considérés comme des trouillards, on se moquait d'eux. Et aussi la peur est fascinante, on l'aime l'éprouver, pourquoi d'ailleurs? Pour la devancer, et ne pas être surprise par elle?
Alors avec des copains, on se passait les cassettes vidéos louées à tour de rôle.
Pendant des années, j'ai vécu dans un univers morbide et de peur. Et comme je vivais de manière instinctive, je n'avais pas cette faculté de réflexion qui pouvait me permettre de prendre conscience de mes états d'âme, et des pensées qui m'animent.
J'ai cru en l'existence d'esprits malfaisants qui prennent possession de nos corps et nous manipulent à leur bon vouloir (l'exorciste), ils sont déjà là bien présents et invisibles dans nos maisons (poltergeist, house), ils peuvent surgir à tout moment où on s'y attend le moins pour nous dévorer tout cru (tous les films d'horreurs), le mal est toujours invaincu (Jason de vendredi treize et Freddy), même dans nos rêves il nous poursuit (la série de Freddy), on ne peut se fier à tout ce qui semble gentil et rigolo au premier abord (Chuky, ça, les poupées qui tuent etc), et dans l'immensité de l'océan de gros monstres affamés, féroces et invulnérables n'attendent que nous pour nous déchiqueter (les dents de la mer).
Mais ces films auraient moins d'importance s'ils n'étaient pas appuyées par toutes ces histoires dites vérédiques sur les fantômes, les revenants, le diable, les maisons hantées, les possessions d'esprits, relatées par l'entourage, les amis, les livres et la télé (surtout l'émission mystère).
Aujourd'hui je n'ai plus peur de l'océan et ses animaux et poissons, grâce aux documentaires et aux livres sur eux.
Freddy et ses cauchemars n'ont pas fait long feu non plus, il est vital de dormir.
Les poupées et les clowns ne m'ont jamais fait peur, c'est cette idée insidieusement suggérée, qu'au fond d'un être d'apparence innocente et gentille, se tapissent la méchanceté, la cruauté et le sadisme menant au meurtre. Là, je suis d'accord avec chimère.
Mais ceux qui me donnent encore des frayeurs irraisonnées sont les esprits. Il est impossible de se défendre d'eux puisqu'ils sont invisibles à l'oeil nu. Ils peuvent se téléporter où bon leur semble, on ne peut les fuir. Ils sont même capable d'anticiper et de prédire nos gestes car ils devinent nos pensées.
Je suis tellement convaincue de leur existence que les nier est inutile.
Alors je me répète qu'ils ont en réalité besoin d'aide. Ils nous persécute parce qu'ils ne peuvent faire autrement. C'est vrai quoi, Jason et Freddy n'ont jamais été vaincu parce qu'on a voulu que les tuer pour se débarasser d'eux. Ce qu'ils voulaient était qu'on les écoutent, qu'on les comprenne et qu'on les aide.
Penser plus aux problèmes des autres qu'à ses peurs peut calmer.
Si cela ne marche pas, je me dis d'arrêter de me prendre pour le nombril du monde. Je ne suis pas si importante pour que tous les esprits de la terre m'en veuille autant.
Ou alors j'essaie de me focaliser vers autres choses, des anecdotes marrantes, des souvenirs agréables, Dieu qui est amour puisque j'y crois, etc, tout et n'importe quoi pourvu que je me tourne vers d'autres pensées.
Je ne pense pas être apte à vivre seule encore, je ne me sens pas prête, pourtant il faudra bien un jour que je quitte mes parents et fasse ma propre vie.
