Bonsoir à tous, je suis nouveau sur ce site, et je salue tous les participants.
En parcourant un peu les archives du forum, je me suis aperçu de certaines confusions dans le domaine théologique et philosophique, concernant les religions. Comme c'est un peu ma spécialité, je me permets donc d'écrire un message tentant d'exposer quelques points métaphysiques et théologiques que j'estime importants et qui, je l'espère, permettront de clarifier certains points qui sont obscurs pour beaucoup.
Le point de départ de la religion, si on l'étudie de manière philosophique, concerne la métaphysique, l'ontologie. L'ontologie est la science de l'être. Elle s'efforce, de répondre aux questions concernant l'être et le néant.
Il y a un fait admis par toutes les mythologies, toutes les philosophies et religions du monde, c'est que le néant étant par essence stérile, il ne peut rien produire : "Ex nihilo nihil". Cela veut dire qu'il existe nécessairement un être, ou, plutôt, de l'être.
Quel est cet être ? En gros, il y a trois positions fondamentales :
- hypothèse du monisme matérialiste : c'est l'univers physique. L'esprit est un accident de la matière.
- hypothèse du monisme idéaliste : c'est l'Un, l'Esprit universel. L'univers est une illusion (cf
Matrix, ... ou Platon, ou le brahmanisme acosmique), tout comme le Multiple. Nous sommes tous une parcelle du Divin.
- hypothèse du dualisme hébraïque : l'univers existe objectivement (comme pour les matérialistes). Mais celui-ci ne se suffit pas à lui-même : il dépend, pour son existence, d'un autre être (Dieu) qui, lui, est l'être nécessaire.
Il faut savoir que les antiques et vénérables mythologies de Grèce et de Rome aussi bien que d'Egypte et de Perse, sont des métaphysiques idéalistes. Dans ces doctrines, il n'y a pas de commencement, pas de création. Il y a un démiurge (Platon), ou des dieux, qui forment un monde à partir d'une matière déjà existante (mythe du chaos originel). Cette formation du monde, souvent, a lieu par tragédie : lutte et massacres entre dieux (théomachie).
Ainsi donc, qui le dieu du temps perse peut bien prier ? Pas Dieu, au sens judéo-chrétien du terme, mais soit un dieu "supérieur", qui l'a lui-même formé, soit, tout simplement, l'Unité première,
l'anima mundi.
Citation:
Je connais pas cette histoire par contre, je pense, qu'il n'y a qu'un seul Dieu, je trouve qu'il y a trop de similarités dans les religions, trop de bases identiques pour qu'il y ait"plusieurs un seul dieu"
Mais il faut faire la distinction entre les dieux créés des anciens polythéismes, et le dieu créateur du monothéisme hébreu.
Il n'y a pas là une différence de degré, mais de
nature.
Citation:
D'après moi, toutes les religions viennent de la même religion à la base, mais que chacune a pris le ''meilleur'' de la première.
Si cela était vrai, toutes les religions partageraient les mêmes fondements métaphysiques, ce qui n'est pas le cas.
Certes, entre les religions de l'ancienne Grèce, de Rome, d'Egypte, des Celtes et des Germains, il y a une parenté très forte.
Mais en revanche, il y a un fossé ontologique très profond entre ces mythologies et le monothéisme hébreu (judéo-chrétien), pour lequel il existe un Dieu personnel et créateur dont l'univers dépend essentiellement.
Citation:
Ce que je veux dire par là c'est que par exemple, beaucoup de chrétiens se rendent à la conférence du Dalaï-Lama, et que lui vient souvent donner des conférences au Canada. Il y a une belle relation avec eux
C'est vrai, mais pourquoi cette attirance ? Outre les inévitables effets de mode, c'est pour une raison essentiellement éthique. L'éthique du christianisme et celle du bouddhisme ne sont pas antinomiques, loin de là. D'où un sentiment de proximité, qui s'évapore dès que l'on aborde le problème, bien plus profond et fondamental, de l'ontologie. Là, les deux religions sont très différentes.
Citation:
Par contre attention à ne pas confondre catholicisme et christianisme, la première est la croyance en le pape en tant que représentant de Dieu, la seconde, la croyance en Dieu lui-même sans représentant sur terre.
Euh.... pas vraiment...
"Catholique" est un mot grec signifiant "universel". L'expression "église catholique" veut donc dire "assemblé universelle" (car église vient d'ekklesia, qui veut dire "assemblée", et qui un synonyme du mot "synagogue"...).
"Christianisme" vient du mot grec "christos", qui signifie "oint" (d'huile), et est la traduction du mot hébreu "maschiah", lequel est rendu en français par "messie". En gros, christ = messie.
Le Christianisme est en réalité une branche du monothéisme hébreux, au même titre que le Judaïsme moderne.
Il y avait, à l'époque de Jésus (de son vrai nom Ieschouah), différents groupes dans le Judaïsme : pharisiens, sadducéens, etc.
Le Judaïsme moderne est en réalité celui du rabbinisme des peroushim (pharisiens), adversaires des tsaddouqim (sadducéens), qui constituaient le clergé du Temple (détruit en 70).
Les premiers chrétiens, évidemment, étaient juifs (Shimon-Keipha, ou Simon-Pierre, etc.). Beaucoup étaient d'anciens peroushim (comme Schaoul-Paul).
Très tôt, le message de Ieschoua s'ouvre aux goyim (nations), c'est-à-dire aux non-juifs païens. De nombreuses assemblées de fidèles apparaissent un peu partout, d'abord à Jérusalem, puis dans tout le bassin méditerranéen. En 70, Jérusalem est détruite par les Romains, et l'assemblée de cette ville dispersée. A la même époque, et dès les années 30-40, une fraction non négligeable de l'importante communauté juive de Rome se "convertit" au christianisme naissant. Paul et Pierre, les deux apôtres (apostolos = "envoyé") meurent dans les persécutions anti-chrétiennes déclenchées par Néron. Rome gagne très tôt un prestige particulier, comme assemblée fondée par Keipha-Pierre. Une primauté de fait s'instaure, et le centre régulateur de la chrétienté naissante s'installe à Rome.
Catholicisme et Christianisme sont synonymes jusqu'au XIème s., lorsque, par excommunications réciproques a lieu le Grand Schisme d'Orient de 1054. Une grande partie des assemblées (églises) d'Orient refusent de reconnaître Rome comme centre régulateur de la doctrine. Les raisons sont multiples. En matière théologique, elles portent principalement sur la Trinité, avec la fameuse querelle dite du "Filioque".
C'est l'apparition des Eglises Orthodoxes, qui existent encore aujourd'hui (Grèce, Russie).
Une note sur le mot "orthodoxie". L'Eglise Catholique Romaine (de rite latin ou oriental, c'est un peu compliqué

...) est aussi une église orthodoxe. Orthodoxie veut dire "bonne doctrine". L'orthodoxie, c'est l'effort fait à travers les siècles pour conserver intacte l'information initiale transmise lors de l'expérience Ieschouah. En gros, il s'agit d'éviter que des théories jugées déviantes (hérésies) deviennent doctrine officielle. Cela concerne l'histoire et le développement du dogme, qui est un sujet passionnant, mais un peu long à traiter ici.
Quoiqu'il en soit, il ne faut pas confondre orthodoxie (le concept) et Orthodoxie (les églises d'Orient séparées de Rome).
Aux XVème-XVIème s. a lieu une crise encore plus grave que le schisme de 1054 : la Réforme. Luther, puis Calvin, Zwingli, Mélanchton et d'autres, se séparent aussi de Rome, mais cette fois en changeant substantiellement la doctrine orthodoxe (principalement en matière de libre-arbitre, prédestination, valeur de la raison humaine, justification par la foi et les oeuvres).
Il y a donc un Christianisme, branche de l'antique monothéisme hébreu (au même titre que le Judaïsme rabbinique moderne), qui reçoit les livres de la Bible hébraïque. Métaphysiquement, tous les Chrétiens s'accordent sur les points suivants : fait de la Création et existence du Dieu de Moïse (YHVH); fait de l'incarnation (Jésus, homme uni à Dieu); fait de la révélation (prophétisme hébreu); Trinité (Dieu en trois "personnes").
Le catholicisme est donc bien loin de se résumer au seul pape ! Ce qui fait l'originalité du catholicisme, par rapport à l'Orthodoxie et aux Protestantismes (au pluriel), c'est le contenu d'information qu'il défend en propre.
Le Pape "vicaire du Christ", conception assez tardive, ne veut pas dire que le Pape est un
substitut du Christ...
Mes amitiés,
Logos