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Inscription: Mer Avril 30, 2003 10:30 Messages: 10606
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Citation: Les histoires de tigres mangeurs d'hommes dans la réserve des SunderbansGOSABA (Inde) (AFP), le 20-12-2004 Gosaba, près de la réserve naturelle des Sunderbans, c'est l'île aux veuves. On y raconte d'horribles histoires de tigres mangeurs d'hommes, pêcheurs ou ramasseurs de miel happés par les félins et dont les corps ont à jamais disparu dans la jungle de palétuviers.Gopal Mallik, pêcheur de 50 ans, a perdu son père, son oncle, deux frères, un beau-fils. Tous tombés dans les griffes des félins sauvages dans cette réserve naturelle de tigres du Bengale occidental faite d'une multitude d'îles. Son beau-fils avait 25 ans. C'était il y a six ans. Ils étaient cinq hommes, partis ramasser du bois sur un îlot peu broussailleux.
"Soudain, le tigre nous a sautés dessus. Tout le monde s'est mis à crier, à invoquer la déesse de la forêt Bono Bibi. Le tigre s'est arrêté net. Mon beau-fils s'est mis à courir et s'est retrouvé face à l'animal qui l'a tué d'un coup, l'a attrapé par le cou, l'a mis sur son épaule et s'en est allé", raconte M. Mallik.
Selon lui, 150 à 200 personnes de Gosaba sont ainsi mortes en allant pêcher aux abords de la réserve, couper du bois sur les berges de la forêt, ramasser du miel dans les profondeurs de la jungle, seuls vrais gagne-pain de cette population misérable dans cet environnement hostile et peu propice à l'agriculture.
Chaque année, 20 à 30 personnes sont tuées par des tigres dans les Sunderbans qui abritent aujourd'hui environ 270 félins, selon le département forestier du gouvernement régional.
"Si le tigre vous attrape, il y a peu de chance de s'en sortir vivant", poursuit M. Mallik. C'est pour cela qu'il y a 28 ans il a abandonné son père blessé aux griffes de l'animal qui le menaçait à son tour. Son corps, comme celui des autres n'a jamais été retrouvé.
Ici, on appelle le tigre "Mama" (grand oncle). Les habitants ont un avis bien tranché sur sa "psychologie" et parlent de son "intelligence" sournoise.
"Généralement, le tigre se cache, définit sa proie et lui saute dessus. S'il la rate, il repart, puis revient à la charge", dit Bhutnath Mondal, ramasseur de miel de 56 ans qui une fois a échappé de peu au pire et dont le père a été grièvement blessé.
A l'inverse, "si le tigre voit qu'on le regarde droit dans les yeux il ne saute pas car il croit que l'homme va l'attaquer", dit M. A. Wohab de la Direction du développement des Sunderbans. C'est mues par cette certitude que les autorités ont distribué aux ramasseurs de miel des masques à face humaine à placer derrière la tête.
"Mais si le tigre atteint sa proie, il l'attrape par la gueule et repart tranquillement, sans courir, comme un gentleman", poursuit M. Wohab.
Le tigre attaque souvent près de la rivière mais il peut aussi quitter la réserve, entrer dans les villages et se cacher dans les rizières comme cela s'est encore passé il y a 15 jours à Gosaba, disent des habitants.
Cris et tambours n'y font pas grand chose et pour le faire partir les gardes-forestiers sont le plus souvent appelés à la rescousse, qui endorment la bête avant de la relâcher dans la jungle. Entre 2001 et 2004, 16 tigres sont entrés dans des villages.
Pour parer au danger, les habitants de la région disent n'avoir qu'un seul vrai recours: prier Bono Bibi. La légende dit qu'un jour, un jeune homme, fils unique d'une veuve, fut sacrifié aux tigres par les siens mais qu'il survécut après avoir invoqué la déesse. Depuis, quiconque pénètre dans la réserve invoque Bono Bibi et fait des offrandes.
Quand leurs hommes s'enfoncent plusieurs jour d'affilée dans la jungle, au printemps, les femmes des ramasseurs de miel implorent toute la journée la déesse et vivent comme des veuves. Ces jours-là, Namita Mondal, la femme de Bhutnath, ne porte pas de "sindoor", poudre rouge placée sur le cuir chevelu pour symboliser son statut d'épouse. "Je ne cuisine pas le jour, ne lave pas mes habits, ni mes cheveux. Je prie Bono Bibi".
La routine. D'ailleurs, quand le pire arrive, ici, les habitants parlent simplement d'"accident de tigre" comme d'autre parlent d'accident de voiture.Source : Agence France-Presse (AFP)
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