En fait, pour comprendre ces multiples allusions, il faut savoir que la religion japonaise traditionnelle est une forme d'animisme nommé le shintoïsme*. C'est la religion ancestrale originelle du Japon, même si par la suite au cours du Moyen-Age d'autres religions et philosophies (le bouddhisme et ses nombreuses sectes, le confucianisme, le taoïsme...) sont venues de Chine et se sont implantées dans l'archipel. La cohabitation entre ces diverses religions n'a pas toujours été de tout repos, d'ailleurs, mais c'est une longue histoire...
Le shintoïsme donc, comme je le disais, est un animisme, c'est à dire une spiritualité polythéiste qui comporte une multitude de divinités (nommées 神
kami en japonais). Chacun de ces
kami sont une personnification d'un élément naturel ou d'un objet, et en fait, on peut diviser le panthéon japonais en deux catégories :
- d'une part, il y a une centaine de divinités principales et très puissantes. Si je devais les comparer à quelque chose, je dirais qu'elles sont assez similaires aux dieux grecs ou nordiques.. On a Amaterasu (déesse
kami du soleil), Susano-wo (
kami des orages et typhons), Tsukuyomi (
kami de la Lune), Uzume (déesse
kami de la joie), Inari (
kami des céréales et cultures, représenté sous la forme d'un renard), Hachiman (
kami de la guerre)...
- d'autre part, à côté de ces grands dieux, il existe une myriade de divinités inférieures (il y en aurait 8 millions, selon le folklore japonaise, ce qui est une façon imagée de dire qu'il y en a
beaucoup). Ce sont souvent des divinités toponymiques, c'est-à-dire associées à un lieu dit ; ainsi, une cascade, un gros rocher, un cours d'eau... peuvent être considérés comme des
kami.
Certains objets rares et anciens acquièrent parfois eux aussi le statut de dieux : c'est le cas par exemple du miroir
yata no kagami ou de l'épée
kusanagi du Trésor Impérial Japonais... ou des vieux objets de la vie quotidienne qui peuvent prendre vie (voir
Tsukumogami). Certaines personnes sont également déifiées après leur mort et rentrent dans le panthéon des kami (il existe ainsi un
kami Victor Hugo au Japon, même s'il n'est pas très populaire...

).
Les arbres ne font pas exception à la règle. Certains grands arbres, ou les arbres particulièrement vieux, sont également vu comme des « dieux ». Dans ce cas, pour marquer leur statut, on leur enroule une cordelette et des
shide (des petits papiers pliés en zigzag) autour du tronc ; parfois, on construit carrément un petit temple autour. Ils sont vénérés, on leur fait de petites offrandes, on vient s'adresser à eux pour obtenir une récolte propice ou pour se délivrer d'un mauvais sort ou d'une maladie...
La plupart des sanctuaires japonais possèdent un arbre de ce genre dans leur enceinte. Mais parfois, en se baladant simplement dans la forêt ou dans la campagne au milieu de nulle part, on peut tomber sur un de ces arbres...
Parmi tous les arbres japonais, le plus important est peut-être... Non, pas le camphrier, mais le sakaki (
Cleyera japonica). Il joue un grand rôle dans divers épisodes de la mythologie japonaise, et ses branches sont utilisées pour faire divers talismans ou offrandes rituelles (tel le
tamagushi).
* Au cas où tu te poserais la question : le terme vient du japonais 神道 ou
kami michi (« voie divine »), mais il peut se lire "shin-to" en lecture chinoise
on'yomi... d'où le nom de « shintoïsme » en français.