Je vous remercie pour vos interventions. C’est vrai que je n’ai pas beaucoup développé dans mon message initial, parce que j’admets avoir eu des doutes à soulever votre intérêt. Je vais tâcher de rectifier un peu cela.
Si je reprends globalement vos remarques:
- Le problème de la séparation "sceptique/convaincus":
Oui, c'est vraiment une séparation très grossière comme je l'avais déjà souligné. Toute la difficulté d'un tel travail est de créer un outil sensible, c'est à dire capable de bien différencier les gens entre eux. Une échelle par exemple peut posséder plusieurs barreaux (en général 8 ou 10, mais rien n'empêche d'en faire davantage), chacun correspondant à un degré différent. Toute la difficulté consiste à déterminer avec précision les 2 pôles extrêmes, et à s'assurer que chaque personne puisse se retrouver sans ambiguïté entre ces deux pôles (ou alors, créer plusieurs échelles sur différents pans, ce n’est pas interdit). Au final, pour le travail que je souhaite réaliser, je n'ai pas besoin d'avoir un profil ni de pouvoir déterminer avec précision toutes les subtilités concernant les dispositions d'une personne concernant ses croyances... Tout ce que je veux c'est pouvoir récolter un chiffre, un chiffre qui puisse témoigner globalement du degré de scepticisme (un chiffre qui puisse me dire, « cette personne est plus proche du pôle sceptique que du pôle convaincu », ça n’engage à rien, ça n’informe pas de la teneur des croyances, ni des spécificités intra-individuelles, je veux juste une vue globale sur le versant quantitatif, et non qualitatif). Ensuite, comme dans toute étude scientifique, on est bien conscient qu'un résultat isolé d'une seule personne n'est pas interprétable (car un sujet est en proie à de nombreux facteurs non contrôlés qui viennent plus ou moins biaiser le chiffre) : c'est la moyenne sur un grand nombre d’individus qui prend du poids. En effet, plus le nombre de sujets est grand, plus les effets des variables parasites tendent à s'atténuer (l'écart-type se réduit), ce qui devient alors plus proche de la "vérité" (sachant qu'on n'obtient jamais la vérité absolue, on réduit juste les probabilités de se tromper en affirmer quelque chose). Bon tout ça, ce sont des paramètres méthodologiques, et je suis bien d'accord avec vous pour dire que faire preuve de rigueur et créer un outil valide nécessite de prendre des précautions (mais je n'ai jamais dit que ça prendrait 5 minutes de créer un tel outil).
- Le problème de définitions:
Définir avec précision les termes "degré de scepticisme", "phénomènes paranormaux" est la première étape du travail (c'est même généralement ce qu'on trouve en accroche dans un article scientifique, histoire d'être sûr qu'on parle bien de la même chose). Il s'agit donc bien de savoir ce qu'on entend par « scepticisme », le domaine qu'il doit concerner, et là encore les différentes attitudes possibles envers ces domaines (autrement dit, définir avec précision tous les types de profils différents: du sceptique "dur" au convaincu "dur", en passant par le zététique, par la personne qui a un fort "need for clusure", un fort "need for cognition", etc...) Ce sont autant de versants de la personnalité différents qui ne déclinent pas directement et exclusivement de l'attitude face au paranormal, mais qu'il faudra néanmoins prendre en considération. Sur l'autre rive, définir avec précision ce qu'on entend par "phénomènes paranormaux", terme qui en plus pourrait être sujet à la subjectivité de l'expérimentateur. Par exemple: si on se réfère aux OVNI, cela revient, sur le versant populaire, à croire qu'une forme de vie extra-terrestre est envisageable... question qui est nettement plus pertinente aux yeux de la communauté scientifique que de savoir si des morts peuvent revenir hanter des lieux. Donc, il y a là aussi une délimitation à faire, et qui sera à discuter au préalable. Dans l'idée sommaire que j'en ai, il s'agirait de limiter le terme "paranormal" à tout évènement qui ne puisse pas reposer à la base sur un substrat explicable par les lois de la physique ou de diverses disciplines que nous connaissons. Il s'agirait donc surtout des "maisons hantées", des "poltergeist", des "phénomènes psi", la "voyance", "les "dames blanches", "l'ésotérisme", la "magie noire" etc... Parce qu'à l'inverse, une conspiration ne repose pas entièrement sur des convictions personnelles, et pourrait être révélée au grand jour, et tout le monde pourrait en ressentir les conséquences (croyants ou non). Les OVNI comme je le disais, prennent source dans la croyance d'une vie possible ailleurs que sur Terre, or la question fait l'objet de recherches actuelles. La cryptozoologie peut avoir un fondement dans la mesure où l'on découvre toujours à l'heure actuelle de nouveaux insectes... Il y a donc un travail préalable de classement en catégories à effectuer, sur lequel il faudra restreindre l'application de l'échelle (car pour répondre à une autre remarque : oui, une étude porte généralement sur un point très précis et très restreint… donc par exemple on pourrait restreindre sur la croyance aux poltergeists). De toutes façons, une fois qu’on a le modèle d’échelle pour un domaine paranormal restreint, on peut indépendamment la décliner sur tout les autres ensuite, ça ne pose aucun problème. A considérer que même si j'ai opté dans mon explication pour une séparation en 2 catégories, il pourrait y en avoir plus (par exemple, suivant la culture, les phénomènes psi pourraient appartenir à l'une ou à l'autre), il faudra supprimer les ambiguïtés concernant les items retenus.
=> Ces remarques concernent des problèmes d'ordre de la rigueur méthodologique. J'aimerai vous rassurer en vous disant que je les avais déjà envisagé (et il y en a encore bien d'autres que j'ai envisagé). Si je demande de l'aide de gens "avisés", c'est justement parce que la création d'un tel outil se veut être un travail conséquent. Il ne s'agit pas de se contenter de réfléchir à des questions, il s'agit d'effectuer des contrôles sur ces questions, des pré-tests, et de s'assurer du respect des 3 conditions: validité, sensibilité, fiabilité. J'ai beau avoir une certaine expérience de la méthodologie expérimentale, je sais que j'ai des grosses lacunes dans le domaine de la psychométrie, raison pour laquelle je sollicite l'aide d'une personne qui serait plus compétente que moi dans ce domaine. Maintenant, faut voir une chose aussi: est-ce que créer un outil parfait est un jeu qui en vaudrait la chandelle s'il se restreignait à n'être utilisé que sur ce forum? Si je parvenais à créer un tel outil respectant toutes les exigences, j'aurais plutôt intérêt à m'en servir pour réaliser une thèse (et à la faire financer), ou à le proposer à une revue de parapsychologie. Donc en premier lieu, pour une utilisation personnelle restreinte à ce lieu, je pense qu'on peut alléger les contraintes... ce travail vise à rester "bon enfant". Il ne s'agit pas d'en déduire une vérité absolue et de la brandir à terme comme une preuve qui l'emporte sur tout le reste. Il s'agirait plutôt de résultats qui pourraient apporter un peu d'eau au moulin, et surtout qui pourraient prêter à ouvrir d'autres débats par la suite sur le site. Donc pour en rassurer certains : il ne s’agit pas de « classer des individus », d’autant que comme je l’ai déjà lourdement mentionné : les résultats à cette échelle ne m’intéressent pas et ne voudront rien dire, ils ne prendront que du sens en comparaison à d’autres échelles évaluant d’autres composantes psychologiques.
- Quelle utilité ?:
Relisez ma phrase précédente. Comme je l’ai dis dans mon post initial, pour vous ça n’aura pas forcément d’utilité, mais pour moi si. Ca peut m’aider à répondre partiellement à certaines de mes questions (des questions existentielles que je me pose). Pour illustrer concrètement la chose, je vais prendre un exemple complètement farfelu (je vous rassure, ce n’est pas le genre de questions que je me pose, mais c’est pour illustrer) : Je pourrais me poser la question suivante: « est-ce que les sceptiques du paranormal sont en général les gens qui se montrent les plus conformistes ? » Pour répondre à une telle question, je pourrais alors proposer l’hypothèse de travail suivante : « est-ce que les gens qui ont un score élevé sur l’échelle de croyance aux poltergeists sont ceux qui ont un score le plus faible sur une échelle de conformisme ? » (sachant qu’il existe déjà des échelles de conformisme qui sont valides). Si sur une moyenne issue d’un nombre de sujets conséquents, on observe une corrélation entre les scores entre les 2 échelles, alors je peux avoir une réponse partielle à cette question, et en conclure par exemple : « les gens qui sont les plus prédisposés à croire aux poltergeists sont globalement ceux se montrent les plus anticonformistes », avec toutes les limites et les précautions inhérentes à tout résultat expérimental obtenu (mais ça ce sont les probabilités qui nous en informent). Pour autant, jamais je ne pourrai dire « un tel croit aux poltergeists, donc ça signifie qu’il est anticonformiste », car comme je l’ai dit, la marge d’erreur 0 n’existe pas dans les travaux scientifiques. Tout ce que je pourrais faire dans l’absolu c’est me dire « sachant que cette personne présente tel score à mon échelle de scepticisme, alors j’ai 90% de chances d’avoir raison en affirmant qu’elle est plutôt conformiste qu’anticonformiste… » en revanche j’ai 10% de chances de me planter en disant ça.
Mais voilà, ça c’est l’éternel débat de « qu’est ce qu’une preuve », « qu’est-ce qu’une hypothèse validée ». Pour ma part, je vais méthodologiquement m’en remettre aux outils utilisés dans mon domaine (les probabilités) pour répondre à mes questions… Mais je sais qu’il y aura toujours de mauvais plaisants pour dire que les probabilités ne sont pas un outil valide pour apporter des réponses (mais bon ça… je n’y peux rien, si pour certains 1+1 = 3, je n’ai pas les moyens de leur prouver qu’ils ont tort de penser cela). Enfin, sachez qu’en général quand on veut démonter une théorie, on ne s’en prend pas au bien fondé des outils mathématiques, on cherche plutôt des failles sur le protocole expérimental.
- Sinthome:
Je te remercie beaucoup pour ces liens, c'est effectivement super intéressant dans mon cas. J'étais déjà tombé sur une étude en imagerie concernant les différences de prédilection d'activation hémisphérique dans certaines tâches chez les religieux, mais là ça concerne encore davantage ma question. Bon après le problème, c'est que je doute que le comité d'éthique m'autorise à vous tester en imagerie sur plusieurs tâches ^^
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