Deviendrais-je fou?
J'ai passé une bonne partie de ma vie à rejeter la faute de mes erreurs et des mes défauts sur ce que j'appelais à l'époque "L'autre". J'avais environ 13 ans.
Pourquoi je l'ai crée, au fait? J'assumais pas. Jamais. Pourquoi?
Toujours est-il que le temps à passé. Les fautes se sont accumulées, ah! Il a bon dos, "L'autre"!
Et cet autre, il était le bouc émissaire parfait. Il pouvait pas l'ouvrir. Il prenait, sans discuter. Et moi j'étais content de me débarrasser d'un fardeau.
Mais les choses ont changé. Le temps à passé. L'autre, il a pris sur lui tous ce que je lui balançais, il en a fait une sorte de nourriture affreuse, dégoutante, mais il a pu se nourrir.
Il m'a regardé dans ma dépravation de l'adolescence, l'alcool, la drogue, le sexe, tout!
Et puis un jour il a pu s'affirmer. J'étais instable, très instable. Et un soir, avec des amis, contents qu'on était de notre acquisition de champignons hallucinogènes!
On se marrait à l'avance de ce qu'on allait voir.
Une demi-heure après la prise des champignons, j'me sentait bien. Mes jambes en coton, la tête ailleurs, les choses bougeaient, les couleurs se mélangent. Et tout à coup, une voix. J'ai cru que c'était un de mes amis qui me parlait.
Bing, la baffe que j'ai reçu.
"Salut toi, on dirait bien que tu sera plus jamais seul"
J'me suis dit, c'est un coup des champignons, ça! Ahaha. Je rigole tout seul. Comme depuis 1h à peu près, rien d'anormal aux yeux de mes amis.
"C'est L'Autre, tu te souviens de moi? Ca va, Bergé, t'es bien au chaud à ta bergerie pendant que je me les gèle dans les pâturages?"
J'ai couru, comme pour fuir. Fuir un truc qu'était dans ma tête. Et là, il se lâche, il se marre, il me ridiculise. Je cours sous la pluie, j'entends à peine les voix de mes pairs qui me demandent où je vais, ou ce qu'il m'arrive.
"Qu'ils aillent au diable! Toi et moi, c'est pour la vie, et j'te jure que le bouc devient le berger à partir de maintenant!"
bord**, ce que j'ai peur. Je continue de courir, manque de me faire écraser par une voiture dont je ne me rappel d'ailleurs toujours pas.
Il pleut, je suis trempé de la tête au pied, je suis en t-shirt, j'ai froid, et il me nargue.
Je pourrais plus jamais faire taire sa voix.
Je reste dans le champs dans lequel je me suis écroulé, en position fœtal. La pluie coule de partout, je suis gelé, et lui me rabaisse, sa rancoeur me détruit.
Coup de chance, les champignons cessent leurs effets. Mais les réminiscences sont toujours là.
"On se reverra, et tu m'entendra hurler tout les jours tout ce que tu oses pas dire à qui que ce soit"
Je rentre, je me sèche. On me demande où j'étais. Plus aucune importance.
Aujourd'hui, je suis sans cesse au bord de la dépression, et je sais qu'il est toujours là, dans ma tronche, à ressasser sa haine envers moi. Et je sais qu'il en a marre d'être au second plan.
Après ce cap qu'il a franchi, qui sait ce qu'il pourra faire?
Et non, je n'irais pas voir un psychologue ou quoi, pas envie de passer ma vie dans une cellule à prendre la pilule rose.
Et ce qui me fait le plus peur, c'est que c'est une de mes inventions... Un copain imaginaire, celui avec qui on s'acoquine pour se mettre en valeur.
Un moyen simple et efficace de le détruire avant qu'il ne le fasses?
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