Stocker le CO2 dans le bassin parisien pour combattre l'effet de serre vendredi 16 avril 2004, 18h17
PARIS
(AFP) - Le grand bassin parisien recèle en profondeur des formations géologiques favorables au stockage du CO2, a estimé vendredi l'institut de recherche public BRGM, plaidant pour la création d'un site expérimental en France d'ici trois ans.
Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) faisait le point vendredi sur ses recherches sur la "séquestration du CO2". Le stockage à grande profondeur du gaz carbonique (CO2) émis par les industries intéresse de plus en plus la communauté internationale, comme une des solutions pour combattre le réchauffement climatique.
Le BRGM, qui participe à une dizaine de programmes de recherche internationaux sur le sujet, souhaite à présent expérimenter "grandeur nature" un site en France, dans le grand bassin parisien.
On y trouve des couches géologiques susceptibles de "piéger" le CO2 (qui passe de l'état gazeux à un état dense à 800 m de profondeur): les carbonates du Dogger (1.400 à 2.200 m de profondeur) et les grés du Trias (1.500 à 3.000 m).
A terme, "plusieurs centaines d'années d'émissions françaises de CO2" pourraient être piégées en profondeur, a évalué vendredi Christian Fouillac, directeur de la recherche au BRGM.
Les industries françaises (centrales thermiques, raffineries, aciéries, cimenteries...) émettent chaque année 160 millions de tonnes de CO2 (40% du total des émissions françaises).
Ce CO2 "industriel" est suffisamment dense pour être capté en sortie d'usine, séparé et compressé pour être injecté dans le sous-sol en profondeur. La région parisienne émet 8 millions de tonnes de CO2 par an.
Outre l'intérêt du stockage pour diminuer les émissions françaises, un tel projet donnerait un atout supplémentaire à la France sur "un marché qui peut être colossal à terme", selon M. Fouillac.
De grandes entreprises françaises sont sur les rangs, comme Air Liquide, Gaz de France ou Alstom.
Les principaux obstacles à la mise en oeuvre de cette technologie sont d'ordre scientifique (durée et sécurité du stockage) et économique: la capture du CO2 coûte cher, entre 35 et 50 euros la tonne.
"Nous devons être capables de démontrer d'ici 3 ans la sécurité de ce type de stockage en profondeur quand les projets seront sur la table", a expliqué Philippe Vesseron, président du BRGM.
Gaz de France démarre ce mois-ci un projet pilote de stockage dans un puits désaffecté d'un gisement de gaz (K12-B) au large des Pays-Bas. Une dizaine de projets pilotes doivent démarrer un peu partout en Europe (Danemark, Allemagne, Espagne etc.) dans les années qui viennent, a expliqué Isabelle Czernichowski, chef de projet au BRGM.
Deux opérations industrielles existent déjà: à Sleipner, en mer du Nord, la compagnie pétrolière norvégienne Statoil injecte depuis fin 1996 un million de tonnes de CO2 par an dans un aquifère profond (nappe d'eau souterraine).
Depuis septembre 2000, 5.000 tonnes de CO2 sont injectées chaque jour dans le réservoir pétrolier de Weyburn au Canada pour favoriser la récupération de pétrole encore enfoui. Le CO2 est acheminé sur 330 km par pipe line d'une usine de gazéification du charbon du nord du Dakota (Etats-Unis).
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