La pollution à l'ozone risque de s'aggraver avec le changement climatique

vendredi 5 mars 2004, 8h27

PARIS (AFP) - 2003 a été non seulement la troisième année la plus chaude enregistrée à l'échelle mondiale mais aussi la plus polluée à l'ozone à l'échelle européenne.

Elle a donné un avant-goût de l'avenir, non seulement pour l'envolée du thermomètre, mais aussi côté pollution.

"Avec le changement climatique, les épisodes de l'été dernier devraient devenir beaucoup plus fréquents", a déclaré jeudi Jacques Manach de Météo-France, lors d'un colloque organisé par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).

"Au cours de ce siècle, on devrait avoir tous les trois ans un été aussi chaud qu'en 2003", a renchéri le sénateur Jacques Pelletier (RDSE, Aisne), "frappé" par les auditions de climatologues qu'il a menées dans le cadre d'une mission d'information du Sénat sur la canicule.

Dans 31 pays ouest- et est-européens, 68% des capteurs ont enregistré des dépassements d'ozone supérieurs à 180 microgrammes de polluant par m3 d'air entre avril et août 2003, a rappelé un expert de l'Agence européenne de l'environnement, Jaroslav Fiala. Ce niveau entraîne des limitations volontaires de vitesse et des recommandations aux personnes fragiles.

39% des capteurs ont signalé des dépassements d'ozone supérieurs à 240 microgrammes/m3 sur trois heures consécutives. Ce nouveau niveau européen d'"alerte", qui n'était pas encore en vigueur l'été dernier, entraînera la mise en oeuvre de mesures contraignantes pour l'industrie et l'automobile.

L'actuel niveau d'alerte de 360 microgrammes d'ozone/m3 sur une heure n'a été dépassé qu'en France, à deux reprises en août sur une station de l'Etang de Berre (Sausset-les-Pins, Bouches-du-Rhône), une fois à Ravenne en Italie (12 août) et une fois en Roumanie (14 juin). Il n'a pas entraîné de mesures contraignantes en France où la réglementation varie selon les régions, le niveau d'alerte devant par exemple être atteint dans deux stations de mesure dans les Bouches-du-Rhône pour le déclenchement de la procédure.

L'ozone a affecté l'été dernier 30 millions de Français pendant plusieurs semaines, a relevé Christian Elichegaray (Ademe).

L'ozone est un gaz irritant pouvant engendrer toux et irritations oculaires. Polluant secondaire, il se forme sous l'effet de la chaleur à partir d'autres polluants "précurseurs" émis par l'automobile et l'industrie: NOx (oxydes d'azote), SO2 (oxyde de soufre) et COV (composés organiques volatiles).

Il a toutes chances de prospérer grâce au réchauffement climatique et d'aggraver le phénomène, étant lui-même un gaz à effet de serre.

Dans un entretien avec l'AFP en marge du colloque, M. Fiala a rappelé que l'UE avait adopté en octobre 2001 une directive (loi européenne) fixant à chaque Etat-membre des plafonds nationaux d'émissions pour 2010, notamment pour les précurseurs de l'ozone.

"Avec le réchauffement climatique, je crains que les niveaux fixés ne soient pas suffisants" pour limiter la pollution à l'ozone à l'avenir, a-t-il dit. Et d'observer qu'alors que les émissions de précurseurs ont diminué de 30% environ depuis 1990 chez les Quinze, la concentration moyenne annuelle d'ozone "est plutôt en augmentation". Et les niveaux maxima de ce polluant, qui avaient eu tendance à baisser, "ont remonté dans les dernières années".

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