La schizophrénie liée au plomb La schizophrénie pourrait être liée à une exposition au plomb durant la période de développement du foetus, selon des chercheurs américains.Etats-Unis
13/02/2004 - En direct du congrès de l'AAAS à Seattle.
Il existe sans doute une relation entre la schizophrénie et une exposition au plomb durant la période de développement du foetus. Ezra Susser, épidemiologiste à l'Institut de psychiatrie de New York, s'est penché avec son équipe sur les échantillons sanguins congelés d'un groupe de femmes enceintes de 1959 à 1966 à Oakland, en Californie. L'état psychiatrique de leur descendance, aujourd'hui âgée d'une quarantaine d'années, a été diagnostiqué. La schizophrénie est une maladie chronique qui se déclare le plus souvent à l'adolescence.
Les chercheurs ont utilisé un marqueur de l'exposition au plomb, l'acide delta-aminolevulinique (delta-ala), pour mesurer la teneur en métal des échantillons sanguins. Ce marqueur a été retrouvé dans le sang de 119 mères, dont 44 ont eu des enfants devenus schizophrènes à l'âge adulte. Plus le taux d'acide dans le sang était élevé, plus le risque de schizophrénie devenait important.
“Même si les pays occidentaux ont réduit de facon drastique leur taux de plomb dans l'essence depuis les années 90, nous continuons d'y etre exposés de façon récurrente”, s'inquiète Ezra Susser. Les sources principales du métal dans l'environnement sont l'essence, la peinture, les piles ou encore les insecticides. La majorité de notre apport en plomb provient de notre boisson. “Notre étude confirme en outre le soupcon de la communauté scientifique qu'il n'existe pas de seuil en dessous duquel une exposition au métal lourd est sans danger pour la santé, poursuit le chercheur. Malheureusement, nous ne disposons pas de techniques suffisamment pointues pour détecter toutes les traces de cet élement dans l'environnement, ce qui nous pose un vrai problème de santé publique”, estime-t-il. L'étude, à paraître dans la revue Environmental Health Perspectives, a été dévoilée lors du congrès de l'AAAS qui se déroule jusqu'au 16 février à Seattle.
Ces travaux ne sont pas les premiers a établir un lien entre la schizophrénie et certains facteurs environnementaux. Une étude réalisée il y a plusieurs années aux Pays-Bas avait déja montré que la progéniture des mères qui ont subi une période de famine après la première guerre mondiale avait plus de risques de présenter les symptômes de la maladie. D'autres travaux à paraître d'Ezra Susser établissent une relation entre la schizophrénie et une exposition des mères au virus de la grippe durant la grossesse. “ Nous étudions desormais si le fait de vacciner les femmes enceintes contre le virus de l'influenza réduit ou au contraire augmente les risques d'avoir des enfants schizophrènes”, conclut le chercheur.
Source :
cybersciences