Bonjour,
Le petit baigneur a écrit:
J'ai une question stupide comme ça et je ne sais pas si je vais bien l'expliquer.
Serait-il possible que de toutes les maladies psychiatriques répertoriées et découvertes, qu'il y en reste encore à découvrir, mais que celles-ci soient tellement rares, qu'il soit pratiquement impossible de les remarquer? Et qu'éventuellememnt, qui sait dans 200-300 ans, leurs découvertes permettraient d'expliquer les cas de possession actuelle?
C’est une question très épineuse en réalité,
Le petit baigneur.
C’est tout le problème de savoir s’il existe une possibilité de classification exhaustive des troubles mentaux ou s’il ne s’agit que d’un mirage … Les Américains tentent depuis plusieurs années de classer avec précision tous les troubles qu’ils rencontrent dans un manuel qui enfle davantage à chaque nouvelle édition…
On l’appelle le
DSM (
Diagnostic and Statistical Manual) et c’est une véritable référence pour beaucoup de professionnels de la santé mentale qui y trouvent probablement le côté rassurant de la « délimitation » d’une classification calquée sur le domaine médical…
Le souci que soulèvent d’autres personnes, c’est qu’il semble bien qu’il n’existe pas de « trouble type ». Il n’existe pas UNE schizophrénie mais DES schizophrénies, DES autismes, DES hypocondries, DES anorexies, etc. En gros, et même si ça semble couler de source, il y a autant de pathologies mentales que de personnes.
Plus encore, les divers troubles sont à appréhender en fonction de l’histoire et de la culture des individus… Par exemple, pour l’hystérie (qui n’apparaît plus dans le DSM), à l’époque de Charcot on avait des symptômes récurrents (crises épileptiformes, tétanie, transe, coma… ) qui ont été rapprochés très rapidement des fameux cas de « possessions ». Puis il y a eu des évolutions de l’hystérie corrélées à la culture (je me référais aux cas « d’abduction » sur un autre topic par exemple). Il y a d’ailleurs plus « d’abductés » que de « possédés » aux Etats-Unis à l’heure actuelle.
Or, les crises de transe, de possession, etc. se manifestent encore beaucoup aujourd’hui sur le continent Africain notamment.
Alors, bien entendu, on constate que même s’il existe plusieurs types de phobies, d’obsessions, de schizophrénies, de paranoïas, etc., il semble bien difficile de tout regrouper dans un manuel … surtout si on y ajoute les troubles d’origines organiques (démence de type Alzheimer par exemple). Et pourtant, des gens très sérieux y travaillent depuis des années … Parfois ils se perdent dans le listing de symptômes… ajoutant «l’ angoisse » ou « l’agressivité » avec abondance dans de nombreux tableaux cliniques, etc…
Je fais partie des gens qui n’y croient pas. Vouloir classer « toutes » les pathologies mentales me semble être du même ordre qu’essayer de donner un nom à l’infinité de points de vue possibles sous lesquels nous pouvons photographier un même objet …
Ce qui existe en revanche, ce sont bien des « constantes »
structurales qui permettent de déterminer la structure clinique des patients… Il y a des mécanismes communs dans la névrose, dans la psychose, dans la perversion, mais toujours présentés de manière singulière en fonction des individus.
Pour le tableau des « possédé(e)s », c’est pareil… Il y a autant de cas de possession que de possédés… Dans certains cas le tableau de la névrose hystérique sera très net (entre parenthèse, les cas de cryptomnésie, de glossolalie ou de dissociation n’ont plus rien d’énigmatique dans le cadre de la psychopathologie) dans d’autre, il s’agira plutôt de psychose... Le diagnostic de structure (psychose/névrose) n’est pas toujours évident à poser, c’est aussi pourquoi certains auteurs se réfugient souvent derrière le fourre-tout des « borderline »… mais c’est une autre histoire.
Il existe également différents problèmes de lobbying… Par exemple, la « création » de nouveaux syndromes tel que « l’hyperactivité » chez les enfants dans le DSM permet l’écoulement de larges stocks de Ritaline depuis plusieurs années… C’est du lobbying pharmaceutique, mais rien ne nous empêche de prolonger l’idée à l’Eglise où seuls les prêtres dûment reconnus pour leurs talents sont appelés pour exorciser les victimes. Ils ont alors tout intérêt à maintenir comme véridique l'existence du phénomène…