Ce n'est pas un texte impartial, mais c'est la biographie officielle (en lien avec la question de Minia).
Citation:
Chiara Badano, 18 ans : « un chef d’oeuvre lumineux »
Une jeune fille belle, extravertie, amoureuse de Dieu. Mais le splendide dessein
de sa vie va se révéler avec la dernière montée abrupte de deux années de
maladie. 18 années d’une existence qui est un modèle, pas seulement pour des
jeunes.
Chiara Badano naît à Sassello (diocèse d’Acqui, province de Savone), le 29
octobre 1971, après 11 ans d’attente de ses parents. Elle vit une enfance et une
adolescence sereines, dans une famille unie dont elle reçoit une solide éducation
chrétienne.
Chiara est d’un caractère généreux, exubérant : dès l’âge de 4 ans elle choisit
avec soin les jouets qu’elle veut offrir aux enfants démunis : « Je ne vais quand
même pas donner des jouets cassés à des enfants qui n’en ont pas ! » Au cours
préparatoire, elle est pleine d’attentions pour sa voisine de banc qui a perdu sa
maman. A Noël, sur la proposition de sa maman, Chiara l’invite à déjeuner,
demandant que l’on mette la plus belle nappe car, dit-elle « aujourd’hui, nous aurons
Jésus avec nous ! » Elle écoute avec attention les paraboles de l’Evangile et se
prépare avec beaucoup de sérieux à recevoir Jésus Eucharistie pour la première
fois. Elle rend visite aux « petites grand-mères » de la maison de retraite, et plus
tard, elle propose de rester de nuit auprès de ses grands-parents maternels qui ont
besoin d’assistance. Sa vie est constellée d’acte d’amours tout simples. Elle note un
soir dans son journal : « Une de mes camarades a la scarlatine et tous ont peur
d’aller la voir. D’accord avec mes parents, je vais aller lui porter les devoirs pour
qu’elle ne se sente pas seule. Je crois qu’il est important de dépasser la crainte, pour
aimer. »
A 9 ans, elle découvre le mouvement des Focolari et adhère comme Gen -
Génération Nouvelle ou deuxième génération des jeunes des Focolari – à l’idéal de
l’unité. Commence pour elle une ascension en cordée avec ses parents, avec Chiara
Lubich et avec les jeunes avec lesquels elle partage le même choix de vie.
Parallèlement à cet engagement avec les jeunes des Focolari, elle est active en
paroisse et dans son diocèse. En 1981, elle participe avec ses parents à un festival
mondial des familles à Rome (le Familyfest), organisé par les Focolari. C’est le
début, pour tous les trois, d’une nouvelle vie. Dans son village, elle se lance avec
enthousiasme pour aimer ses camarades de classe et tous ceux qu’elle côtoie,
décidée à vivre à fond l’Evangile qui l’a fascinée.
A cette période commence avec Chiara Lubich une correspondance. Elle lui
confie ses découvertes et ses épreuves, jusqu’à l’épreuve finale. En juin 1983, elle
participe à 12 ans, à son premier congrès Gen international à Rocca di Papa. Elle
écrit à Chiara Lubich en novembre : « J’ai découvert que Jésus abandonné est la clef
de l’unité avec Dieu. Je veux le choisir comme mon époux et me préparer à sa
venue. Le préférer ! J’ai découvert que je peux le trouver dans ceux qui sont loin de
Dieu, dans les athées et que je dois les aimer de façon toute spéciale, sans rien
attendre. » Un choix qu’elle ne remettra plus en discussion.
De sa correspondance et des témoignages transparaît la joie et l’émerveillement
devant la vie. Chiara est une fille comme les autres : joyeuse et vive, elle aime la
musique, la natation et le tennis, les randonnées en montagne. Elle a beaucoup
d’amis, et lorsqu’on lui demande si elle leur parle de Dieu, elle répond : « Je ne dois
pas parler de Jésus, mais je dois donner Jésus par ma manière de me comporter. »
Son parcours n’est pas celui d’une solitaire. C’est un chemin parcouru ensemble
avec les autres Gen : ils ne perdent pas une occasion pour, comme ils le disent,
« sceller leur unité ». Pendant leurs rencontres, ils se racontent comment ils ont
cherché à vivre l’Evangile, et communiquent aussi par des coups de fils, des visites,
des lettres, des fêtes, des ballades, des cadeaux. La mise en commun des biens est
entre eux une réalité : jusqu’à sa mort, Chiara conservera dans sa chambre une liste
de ses objets personnels, pour les mettre à la disposition de qui en aurait besoin.
Elle a 17 ans lorsqu’une douleur aigue à l’épaule, au cours d’une partie de tennis,
alerte les médecins. Commencent alors les examens cliniques et très vite le
diagnostic tombe : cancer des os. En février 89, Chiara subit sa première opération :
les espoirs de guérison sont très faibles. Les Gen et les autres amis des Focolari
s’alternent à l’hôpital pour les soutenir, elle et sa famille. Les hospitalisations à Turin
sont de plus en plus fréquentes, de même que les traitements que Chiara affronte
courageusement. A chaque nouvelle « surprise » douloureuse, son offrande est
décidée : « Pour toi Jésus, si tu le veux, je le veux moi aussi. »
Chiara perd très vite l’usage de ses jambes. Une nouvelle intervention douloureuse
se révèle inutile. Dans les moments les plus durs, son union avec Jésus abandonné
– qui sur la croix ne perçoit plus la présence consolante du Père – la soutient. Elle
affirme : « Si on me demandait maintenant si je voudrais marcher, je dirais non, car
ainsi je suis plus proche de Jésus. »
Son médecin, non croyant et critique envers l’Eglise, dira plus tard : « Depuis que
j’ai connu Chiara, quelque chose a changé au-dedans de moi. Là, je vois une
cohérence ; là, tout du christianisme me plaît. »
Contrainte à l’immobilité, Chiara demeure néanmoins très active : elle suit par
téléphone le groupe des Jeunes pour un Monde Uni qui est en train naître sur
Savona, elle se rend présente lors des congrès et des différentes activités par des
messages, des cartes, des affiches pour faire connaître aux Gen ses amis et ses
camarades de classe… Elle en invite un bon nombre au Genfest 1990 (rendez-vous
international des Jeunes pour un Monde Uni qui a eu lieu à Rome en mai 90), qu’elle
a la joie de suivre grâce à une antenne parabolique montée sur le toit de sa maison.
Elle persévère dans l’offrande de la douleur : « C’est seulement la volonté de
Dieu qui m’intéresse, bien la faire, dans l’instant présent. » Et encore : « A présent, je
n’ai plus rien, mais j’ai encore mon coeur et avec lui je peux aimer. » La certitude
d’être « aimée immensément de Dieu » la soutient. Sa confiance est inébranlable. A
sa maman, anxieuse à l’idée de comment elle pourra vivre sans elle, elle répond :
« Fais confiance à Dieu et tout sera fait ! »
Son lien avec Chiara Lubich s’intensifie. Le 19 juillet 90, Chiara Badano lui écrit :
« La médecine a déposé les armes. Avec l’arrêt des traitements, les douleurs dans le
dos ont augmenté et je n’arrive presque plus à me tourner sur le côté. Je me sens si
petite et le chemin à parcourir est si ardu… je me sens souvent écrasée par la
douleur. Mais c’est l’Epoux qui vient me visiter, n’est-ce pas ? Oui, je répète avec toi :
‘’Si tu le veux, je le veux aussi’’… Je suis certaine qu’ensemble avec Lui, nous
vaincrons le monde ! »
La réponse arrive par retour du courrier : « Ne crains pas Chiara, de Lui dire ton oui,
instant par instant. Il t’en donnera la force. Sois-en sûre ! Moi aussi, je prie pour cela
et je suis toujours là avec toi. Dieu t’aime immensément, il veut pénétrer dans
l’intimité de ton âme et te faire expérimenter des gouttes de ciel. » « Chiara Luce est
le nom que j’ai pensé pour toi, poursuit-elle – ndlr elle lui donnait ce prénom, ‘’Claire
Lumière », en réponse à sa demande de recevoir un nom nouveau -. Il te plaît ?
C’est la lumière de l’Idéal qui est vainqueur du monde. Je te l’envoie avec toute mon
affection… »
Avec l’aggravation de la maladie, il faudrait augmenter les doses de morphine,
mais Chiara Luce refuse : « Cela m’enlève ma lucidité et la souffrance est la seule
chose que je peux offrir à Jésus. » Dans un moment de souffrance physique aigue,
elle confie à sa maman qu’elle est en train de chanter dans son coeur : « Me voici
Jésus, encore aujourd’hui devant toi. » Il est clair désormais pour elle qu’elle pourra
bientôt Le rencontrer et elle se prépare. Un matin, après une nuit difficile, elle répète
spontanément à intervalles réguliers : « Viens Seigneur Jésus. » A 11 heures du
matin, arrive un prêtre des Focolari. Chiara Luce est très heureuse car depuis son
réveil, elle désirait ardemment recevoir Jésus Eucharistie. Il va être son viatique.
Chiara Luce rend son dernier soupir le 7 octobre 90. Elle a pensé à tout : aux
chants pour son enterrement, aux fleurs, à la coiffure, au vêtement qu’elle a voulu
blanc, de mariée… Avec une recommandation : « Maman, pendant que tu me
prépares, tu devras toujours répéter : ‘’A présent, Chiara Luce voit Jésus.‘’ » Et à son
papa qui lui demandait si elle était toujours décidée à donner la cornée de ses yeux,
elle avait répondu par l’affirmative avec un sourire lumineux. Puis un dernier salut à
sa maman : « Ciao, sois heureuse car je le suis», un sourire à son père.
Des centaines de jeunes ont participé aux funérailles célébrées par l’évêque du
diocèse. Un grand bouquet de fleurs et un télégramme arrivaient à ses parents, de la
part de Chiara Lubich : « Remercions Dieu pour son chef d’oeuvre lumineux. »