Personne ne l'avait posté celui-là ?
Le feuilleton commence jeudi 11 août, dans le bloc opératoire central de l’hôpital Nord de Marseille. Une dizaine de personnes employées dans la salle de réveil se plaignent de nausées et de maux de tête. Alertée, la direction fait vérifier le système de ventilation. Rien à signaler. Dès le lendemain, pourtant, d’autres aides-soignantes et infirmières sont malades. La décision de fermer la salle tombe. Le week-end passe, sans incident. Puis, le mardi 16 août, c’est la crise.
L’étrange épidémie touche désormais non seulement la salle de réveil, mais aussi certains blocs opératoires. Le jeudi 18 août, toutes les salles du bloc central sont fermées. Les urgences lourdes sont détournées sur d’autres hôpitaux. Serge Halimi, directeur de l’hôpital, parle de «mystère»: les analyses des marins-pompiers ont révélé une qualité de l’air parfaite. Les syndicats évoquent pour leur part une seconde piste: ils lient les symptômes des employés aux travaux effectués dans ces salles. Espoir: si le chantier en cours et sa poussière sont réellement coupables, le mal devrait être éradiqué dès le week-end, date de la fin des travaux.
Le bloc central rouvre donc le lundi 22 août à midi, après quatre jours de fermeture et un bon coup d’aspirateur. Le personnel est doté de petits capteurs – des mouchards qui détectent la présence de substances nocives. Ce jour-là, tout va bien. Mais dès le lendemain, certains se plaignent d’irritation des yeux. Cinq des douze salles du bloc sont de nouveau fermées. Les analyses succèdent aux expertises, mais aucun coupable n’est identifié. On a d’abord accusé le toluène, une substance chimique toxique présente dans les peintures. Puis le monoxy-de de carbone. Enfin, le mistral, qui produirait des infrasons perturbant l’oreille interne et provoquant des nausées. Mais toutes les pistes se sont révélées infructueuses.
L’affaire commence à tourner à la farce. Les standardistes de l’hôpital Nord sont assaillis de conseils promulgués par des spécialistes en tout genre. «Entre les radiesthésistes, les voyantes et les experts des ondes, on en a vu de toutes les couleurs», raconte une responsable de la communication. Son hôpital est «le plus surveillé au monde», mais le mystère reste entier.
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