Le réchauffement du climat fait fondre ours et glaciers au Canada

MONTREAL (AFP) - Le Canada peut mesurer les effets du réchauffement du climat au tour de taille de ses ours polaires, au recul de ses glaciers ou encore à la montée des eaux qui menacent certaines villes côtières de ce vaste pays, comme le montre un rapport du ministère de l'Environnement.

Il y a tout juste un an, après des mois d'âpres débats, le Canada avait finalement ratifié le protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Mais les récentes volte-face de la Russie, et surtout le rejet obstiné des Etats-Unis, laissent sceptique le nouveau Premier ministre Paul Martin sur l'intérêt qu'a son pays à se plier aux objectifs fixés par le traité.

Pourtant, le rapport publié cet automne récapitule une nouvelle fois les signes évidents des variations climatiques au cours du siècle dernier, et leur impact sur la vie quotidienne et les écosystèmes.

La température a gagné 0,9 degré dans le sud du pays, là où vivent la grande majorité des Canadiens, allant même jusqu'à 1,5 degré dans les grandes plaines centrales qui ont vu se multiplier les sécheresses en dix ans.

Mais c'est dans le nord-ouest que le réchauffement s'est fait sentir. Le permafrost (sol gelé en permanence en profondeur) de l'Arctique a perdu 80.000 km2 en trente ans, soit près du quart de sa surface, et la saison des glaces s'est écourtée.

Si la diminution de la période de gel a de quoi relancer l'idée d'un axe de navigation maritime comme le rêvaient les premiers explorateurs de la région, elle perturbe d'abord la vie des Inuits.

"Nous avions l'habitude d'aller sur la glace en traîneau à chiens pour chasser le phoque, maintenant nous devons y aller en bateau", témoigne un habitant de Sachs Harbour, hameau des Territoires du nord-ouest, dans ce rapport intitulé "Le climat, la nature, les gens".

"Il est arrivé en quelques occasions que des Inuits aient besoin d'être secourus en bateau, alors qu'un littoral entier s'était libéré des glaces, raconte un résidant de Sanikiluarq au Nunavut (nord). Il se peut que nous ne soyons plus en mesure à l'avenir de chasser l'ours ou le phoque".

Les ours polaires, dont le Canada abrite les 3/5e de la population mondiale, ont perdu du poids, parce que les glaces se fissurent prématurément, les empêchant de chasser et bouleversant leurs habitudes de reproduction.

Le rapport estime que "si ces changements se poursuivaient, ils pourraient menacer la survie des ours polaires dans de nombreuses régions, sinon dans la totalité du Grand nord canadien".

Si le loup arctique ne s'aventure plus dans le sud de la Baie James, d'autres animaux ont fait leur apparition dans le Grand nord, comme le saumon et le rouge-gorge, oiseau si rare qu'il n'avait pas de nom jusqu'à présent en dialecte inuit.

Le fuligule à collier, un canard de la côte pacifique, est visible désormais dans le nord du Yukon (nord-ouest, frontalier de l'Alaska), tandis que les opossums ont passé la frontière canado-américaine pour s'installer aussi en Ontario (centre-sud).

Dans les Rocheuses, les experts répertorient 1.300 glaciers qui ont perdu entre le quart et les trois quarts de leur surface depuis 1850.

Les villes ne sont pas épargnées, surtout celles du littoral, menacées d'inondations et d'érosion par la montée générale du niveau des océans. L'une des plus concernées: Charlottetown, la capitale de la province de l'Ile-du-Prince-Edward (est) où en un siècle, la mer est montée de 30 cm.

Et ce n'est qu'un début.

"L'ampleur des changements climatiques perçus au cours du XXe siècle semble plutôt minime comparativement à ce que la plupart des scientifiques prévoient pour les cent prochaines années", prévient le rapport.

Source : Yahoo!Actualités