Le projet SECOQC (Secure Communication based on Quantum Cryptography) en Europe, visant à doter celle-ci de ses propres outils de chiffrement quantique, est sur les rails.

Ce projet, impliquant le CNRS, l'ENST et Thalès, s'est fixé comme objectifs de protéger les communications communautaires contre toutes tentatives d'interception et d'espionnage, y compris celles pouvant être menées par l'administration américaine avec Echelon.

"Le but du projet est de créer un système de communication qui ne puisse être intercepté par quiconque, ce qui inclut Echelon" a déclaré Sergio Cova, un des coordinateurs du projet et professeur au département électronique de l'école Polytechnique de Milan.

Ce système de cryptage devrait tirer profit des propriétés physiques des particules de lumière, les photons, pour créer et transmettre des messages binaires. La polarisation du photon, son angle de vibration, peut ainsi être utilisée afin de qualifier l'information binaire 0 ou 1.

En effet, de par sa nature, le chiffrement quantique est inviolable, toute tentative d'interception du signal transportée par les photons étant repérée.

"J'ai insisté auprès de la Commission sur le chiffrement quantique pour sécuriser la PKI. Il faut se méfier des solutions américaines, car les éditeurs d'outre-Atlantique contrôlent toute l'infrastructure informatique. L'enjeu est de se protéger contre l'espionnage économique", estime Michel Riguidel, chef du département informatique et réseaux de l'ENST.

Il reste néanmoins à le concrétiser : "Nous devons prouver que c'est réalisable, ce qui n'est pas le cas pour le moment".

Pour cela, de nombreuses voies alternatives devront être proposées dans les 18 mois afin de déterminer les orientations technologiques les plus prometteuses.

"Les deux premières années seront consacrées à tester les méthodes pour envoyer et recevoir les photons. Ensuite, il faudra réfléchir au moyen de réaliser une infrastructure réseau compatible avec les communications quantiques", explique Michel Riguidel

Il s'agira donc de créer des senseurs capables d'enregistrer l'arrivée de photons à grande vitesse, mais aussi des générateurs de photons permettant de donner naissance à un unique photon à la fois, la production de 2 ou 3 photons générés en même temps les rendent vulnérables à une interception.

Il faudra aussi déterminer le meilleur compromis possible entre distance et débit : "Sur de la fibre optique, le débit utile est d'environ 4 kbit/s sur 10 km, mais devient quasi nul sur 100 km. À l'air libre, ce débit n'est observé que sur quelques kilomètres. Mais ce n'est pas grave, une clé a une longueur d'une centaine de bits seulement", poursuit Michel Riguidel.

Pour cela, ce projet disposera d'un budget d'environ 10 millions d'euros sur quatre ans et sera développé par des universités, des centres de recherche et des entreprises de la plupart des pays européens ainsi que le Canada, la Russie et la Suisse.