L'affaire Kris Kremers et Lisanne FroonAutre cas de disparition mystérieuse et glaçante. Cette fois nous quittons exceptionnellement les États-Unis pour se déplacer plus bas sur le continent...
Des vacances inoubliables dans un pays paradisiaque.Le voyage d'une viePanama, mars 2014. Kris Kremers et Lisanne Froon sont deux étudiantes néerlandaises d'une vingtaine d'années. Les amies profitent de 6 semaines de vacances dans ce petit bout d'Amérique Centrale. Kris est une personne ouverte, créative et responsable qui a complété ses études en éducation sociale culturelle. Lisane est optimiste, intelligente et diplômée en psychologie appliquée. Les deux jeunes femmes originaires des Pays-Bas ont mis de côté de l'argent pour aider les communautés locales, soutenir les organisations caritatives, faire du bénévolat auprès des enfants et prendre du bon temps. Alors qu'elles suivent des cours dans une école d'espagnol à Bocas del Toro, tout en étant en famille d'accueil, elles font d'agréables rencontres dans les bars et en profitent pour visiter Zapatilla, petite île dans les eaux turquoises de la mer des Caraïbes...
Malgré l'aventure, le charme de l'Amérique Centrale, les plages paradisiaques, Lisanne se sent plutôt mal à l'aise. Elle pleure souvent. Elle confiera à son journal se sentir comme une «
parfaite étrangère ». À Boquete, petite ville de montagne dans la province de Chiriquí, la barrière de la langue l'empêche de communiquer avec sa famille d'accueil. «
J'étais naïve de penser que je pouvais gérer, parce que c'est une situation que je ne peux pas gérer (...)
Je me suis dit que je pouvais le faire, c'était la dernière épreuve avant d'être vraiment fière de moi. Mais j'ai échoué misérablement ! M*rde ! ». Kris, de son côté, estime qu'il est également difficile de s'adapter à la vie dans un petit village du Panama.
Du 31 mars au 25 avril, il était question que les filles travaillent comme bénévoles dans un établissement pour enfants. Mais le jour J, le personnel leur informe qu'il y a un problème d'agenda et que personne ne peut les recevoir. Il leur faudra attendre au moins un jour pour obtenir une réponse du responsable. C'est une frustration de plus.
Une randonnée fortuite1er avril 2014. Vers 11h00, après avoir acheté une lotion anti-moustiques, Kris et Lisanne décident de visiter le parc national du Volcan Baru (
Parque Nacional Volcán Barú, área núcleo de la Reserva de la Biosfera La Amistad). Haut de 3474m, le volcan est le point culminant du Panama. Par temps clair, il offre une vue sur les côtes du Pacifique et des Caraïbes. Le parc national de 143 km² offre de nombreuses possibilités de randonnée, d'alpinisme et de camping.
Loin de se préparer à une randonnée de baroudeuses, les deux amies choisissent plus volontiers le sentier touristique facile
El Pianista. Il faut en moyenne 3h pour le parcourir. Mais sans véritable itinéraire, elles flânent et s'amusent à se prendre en photo. Puis elles s'enfoncent de plus en plus dans les profondeurs de la jungle...
Le 3 avril, les filles sont portées disparues dans le parc national. La protection civile met immédiatement en place une recherche de dix jours à l'aide de chiens, d'un hélicoptère et d'équipes au sol. Les populations locales comme les étrangers s'unissent sur le terrain, mais personne ne trouve quoi que ce soit. Il n'y a rien, pas même une empreinte de pas, qui indique l'itinéraire ou la localisation des deux touristes, si ce n'est le témoignage de quelques personnes qui affirment les avoir vues, comme le patron du restaurant
Il Pianista à l'entrée du sentier de randonnée.
Le 6 avril, les parents des jeunes femmes arrivent au Panama avec des détectives privés, une escouade de chiens et une récompense de 2500 dollars. Mais ils retournent aux Pays-Bas le cœur déchiré, sans avoir pu trouver la moindre trace de leurs enfants.
Découverte macabreTrois mois plus tard. À 8km des précédentes zones de recherches, un sac à dos bleu est retrouvé sur les rives du village perdu d'Alto Romero. À l'intérieur, les deux téléphones des disparues, un appareil photo, un passeport et 83 dollars. Marcher 8 kilomètres dans une jungle aussi dense sans armes ni nourriture, et en short, est une épreuve. De plus, Alto Romero est si petit qu'il n'apparaît même pas sur les cartes...
Les enquêteurs se dépêchent d'obtenir des informations complémentaires importantes, car chaque minute compte désormais. Mais ils font bientôt une horrible découverte dans la jungle...Un morceau d'os de bassin, une botte avec un pied à l'intérieur, 33 fragments d'os dispersés avec des bouts de peau encore attachés dessus... Des tests ADN confirment que les restes sont ceux des deux touristes...Mais l'analyse prend une tournure inattendue quand l'équipe médico-légale découvre également des échantillons de 3 autres personnes inconnues...Un détail effrayant qui signifie essentiellement que les deux femmes ne sont pas mortes seules...
Une mystérieuse photographieÀ l'intérieur du sac à dos se trouvait l'appareil photo de Lisanne. Le 8 avril, 90 photos ont été prises entre 01h00 et 04h00 du matin. 90 photos au flash, montrant la jungle dans l'obscurité totale. Certaines personnes pensent que le flash de l'appareil photo a été utilisé comme source de lumière, ce qui est une conclusion valable. D'autres pensent qu'il s'agissait d'une dernière tentative pour documenter leur emplacement avant de succomber à une mort inévitable.
Étrangement, l'une des photos a été effacée de la carte mémoire. Totalement supprimée, comme si quelqu'un avait connecté la carte SD à un ordinateur et supprimé manuellement toute trace de la photo avec un logiciel. Ce détail de l'enquête a enflammé les débats. Certains prétendent qu'il s'agit de la dissimulation d'une preuve majeure par les autorités...Mais quelle preuve ? Que montrait cette photographie ?
Une conclusion inconcevableLe procureur général du Panama, Betzaida Pitti, a finalement affirmé que les malheureuses touristes étaient décédées des suites d'un accident de randonnée. Malgré la colère des familles et de leurs avocats, "l'affaire Kris Kremers et Lisanne Froon" fut classée.
- Les restes des victimes se trouvaient à des kilomètres de la randonnée initiale.
- Les crânes n'ont jamais été retrouvés, comme le reste des plus gros os. Il n'y avait aucune égratignure ni ADN d'animal sur les fragments découverts. Un prédateur naturel n'est donc pas responsable.
- Le sac à dos intact est apparu mystérieusement avec des téléphones, un appareil photo et de l'argent à l'intérieur. Si les victimes étaient tombées dans la rivière, le sac montrerait des signes de dommages causés par l'eau. Il était sec.
- Un os a été blanchi avec un produit chimique. Cela pourrait signifier que quelqu'un a essayé de se débarrasser des corps en utilisant de la chaux.
Qu'est-il arrivé ? Pourquoi continuer dans la jungle plutôt que de rebrousser chemin vers l'entrée du parc ? Se sont-elles perdues ? Est-ce une affaire de meurtre ? Quelqu'un est-il responsable de leur mort ? Y a-t-il eu dissimulation des preuves ? Le monde n'aura peut-être jamais les réponses à ces questions...
Je dépose en lien l'excellent travail de l'enquêtrice CamilleG :
https://camilleg.fr/le-projet-el-pianista-sur-les-traces-des-disparues-du-panama-1/
http://camilleg.fr/le-projet-el-pianista-sur-les-traces-des-disparues-du-panama-2/