Des hommes vivaient en Angleterre il y a 700.000 ans (étude)
La présence humaine dans les îles britanniques remonte à 700.000 ans, révèle une étude à paraître jeudi dans la revue britannique Nature, qui fait ainsi remonter un peuplement humain dans le nord de l'Europe quelque 200.000 ans plus tôt qu'on ne le pensait.
L'analyse d'outils en silex découverts près de Lowestoft (Suffolk), dans le sud-est de l'Angleterre, a montré qu'ils dataient de 700.000 ans, rapporte l'équipe du Pr Anthony Stuart, du University College London, de Londres.
Ces populations auraient ainsi traversé les Pyrénées et les Alpes, venant du sud, bien plus tôt que ne le pensaient jusqu'à présent les experts. Une présence humaine en Europe du Sud remonterait, elle, à 780.000 ans, selon des vestiges retrouvés en Espagne (l'homme de l'Atapuerca) et en Italie (l'homme de Ceprano).
Les objets ont été découverts sur le site de Cromer, à Pakefield, le long de la côte de la mer du Nord. Les fouilles avaient déjà permis de trouver des traces de grands mammifères disparus, de mollusques, d'insectes, de graines, de fruits et même d'arbres.
Dans les sédiments d'une rivière, les archéologues ont exhumé des outils en silex noir taillés, de plus de 2 centimètres de long, et une certaine quantité d'éclats de rebut.
Ces vestiges, retirés de quatre couches différentes, fournissent "une rare occasion de reconstituer l'environnement dans lequel vivaient les humains qui ont façonné ces outils", soulignent les auteurs de l'article.
Les plus anciens objets ont été découverts notamment dans une couche contenant également des traces de mammifères marins tels que dauphins ou morses.
A d'autres niveaux se trouvaient des fossiles d'animaux proches de l'hippopotame, ainsi que d'insectes et de plantes sensibles au gel, ce qui implique que les températures moyennes pendant le mois le plus chaud de l'époque (juillet) se situaient entre 18 et 23 degrés, et pendant les plus froids (janvier-février) entre -6 et +4 degrés Celsius.
L'âge des vestiges déterrés correspond à la période de l'existence de l'espèce "Homo erectus", celle des premiers humains partis d'Afrique à la conquête du monde et dont la progression a pu être partiellement reconstituée grâce aux fossiles.
Certains d'entre eux ont atteint les régions situées entre la mer Noire et la mer Caspienne, dans l'actuelle Géorgie, il n'y a pas moins de 1,7 million d'années environ, comme en témoignent les ossements attribués à l'homme dit de Dmanissi.
Les premiers "Anglais" étaient donc contemporains des "Allemands" qui vivaient bien plus au sud, près de Heidelberg. A noter par ailleurs que le célèbre homme de Tautavel, trouvé dans le sud-ouest de la France, près de Perpignan, n'est qu'un jeunot de 450.000 ans.
Dans un commentaire également publié dans Nature, Wil Roebroeks, de l'université de Leide (Pays-Bas), estime cependant que les pierres taillées de Pakefield "ne témoignent probablement pas" d'une colonisation des régions plus froides d'Europe septentrionale, mais plutôt d'occupations temporaires en fonction des oscillations climatiques.
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