La mesure du temps
Depuis que les premiers hominidés réfléchissent, et ceci à l'encontre de tout le monde animal qui l'entoure et qui lui subit le temps qui s'écoule, ils ont eux cherché à en mesurer l'écoulement. Durant le paléolithique supérieur, avant même que l'écriture ne se développe, ils ont aligné d'énormes pierres pour se rappeler l'orientation du Soleil et de la Lune à des moments précis afin d'essayer d'en comprendre les éphémérides sur de très longues périodes. C'est pourquoi ils utilisaient de si grosses pierres pour qu'elles soient toujours à la même place plusieurs générations après eux : c'est le début de la Civilisation mégalithique. On ne sait depuis combien de millénaires certaines sont toujours là où elles ont été érigées. On les retrouve dans toutes les parties du monde alors que les peuples qui les ont érigées n'avaient aucun rapport les uns avec les autres. Cela prouve bien que ce soucis est commun à tous les hominidés dont les anthropologues essayent de savoir de quelle branche les hommes actuels sont finalement les descendants.
Le site le plus remarquable est sans conteste celui des Stonehenge en Angleterre. Il est prodigieusement intéressant à plusieurs points de vue.
Le premier a trait à ce qu'on appelle aujourd'hui le génie civil vu le nombre de pierres rassemblées en cet endroit (165 probablement) et surtout leur poids respectif (chacune pèse plusieurs tonnes). Comment ont-ils d'abord pu les extraire et puis les tailler, rudimentairement bien sûr, ensuite les transporter depuis si loin (en général du pays de Galles) et surtout finalement en hisser toute une série chevauchant horizontalement tout le cercle formé par celles qu'ils avaient dressées verticalement. On reste médusé sur la prouesse technologique de ceux qui ont construit ce site et on se demande comment ils ont bien pu le réaliser. Vu l'importance du site il a fallu plusieurs dizaines de générations pour le construire (certains parlent de trois siècles de travaux). Cela suppose un plan d'ensemble prédétermininé et une volonté collective de le réaliser. De quels outils disposaient-ils et quelles étaient les machines qu'ils ont dû utiliser ? Personne jusqu'à présent n'a encore pu répondre à ces questions.
Le second a trait au patrimoine culturel même avant de parler du but et de la signification de l'entreprise. On ne connaît absolument rien des auteurs de cette construction. En effet si des Chaldéens et des Egyptiens qui eux aussi ont érigé des monuments dont certains sont également encore visibles et plus grandioses encore, on a pu déterminer leur histoire avec une certaine datation, personne jusqu'à présent ne peut affirmer de quand date ce site ni surtout par qui il a été conçu. Rien dans la taille des pierres ne permet d'émettre une quelconque date de fabrication. Les auteurs de cet exposé émettent l'idée qu'il a pu être construit juste après la dernière glaciation Würm dont nous vous avons entretenu au paragraphe précédent. Comment expliquer en effet que l'on ne possède absolument aucun indice sur son édification et que lorsque l'on commence à connaître quelque chose du peuple qui habite cette région un millénaire avant notre ère, et que l'on appelle " Beaker Folk" en raison des gobelets en étain que ses membres étaient capables de façonner - ils savaient en effet fondre l'étain et le cuivre pour en faire du bronze- , on ne peut cependant leur attribuer la paternité de ce site qui devait exister bien avant qu'ils n'occupent la région.
Le troisième est finalement du ressort de l'astronomie. On a longtemps cru qu'il s'agissait d'un temple. Puis l'on remarqua au siècle passé que l'alignement de certaines pierres correspondait à l'axe du lever de Soleil au solstice d'été. Mais l'ensemble est dans un tel état chaotique, de nombreuses pierres verticales se sont en effet couchées au cours des siècles passés, qu'il n'est pas possible de déterminer leur position originale. Tout récemment cependant un groupe d'informaticiens a répertorié l'ensemble de toutes les pierres pour en introduire l'emplacement actuel exact dans un programme qu'ils ont mis au point. Ils ont alors recherché à quoi cela pouvait correspondre en replaçant les pierres là où elles auraient pu se trouver originellement suite à des photographies aériennes du site. Les résultats auxquels ils sont arrivés sont absolument stupéfiants et tout à fait en rapport avec les éphémérides du Soleil et de la Lune sur plusieurs millénaires. La mesure du temps faisait certainement partie du concept ayant prévalu à la construction de ce site. On distingue très bien sur la photo d'ensemble ci-après, prise d'hélicoptère, que ce vaste ensemble était voué à l'observation des éphémérides astronomiques.
Nous connaissons par contre beaucoup mieux l'histoire des Chaldéens et des Egyptiens. Ils semble que ce soit eux les premiers qui ont découvert que l'année comportait 365 jours et un quart de jours. Les Egyptiens ont également très vite tenu compte de cette valeur lorsqu'ils ont commencé à ériger leurs monuments qui sont tous en rapport avec les éphémérides du Soleil. Nous aurons l'occasion d'en reparler par après. La notion de la mi-journée a très vite été précisée grâce à l'ombre que projette sur le sol un bâton planté verticalement dans le sol. Lorsque l'ombre a sa plus petite longueur c'est que le Soleil est à son point culminant et que le temps qui s'écoulera avant qu'il ne se couche sur l'horizon sera égal au temps qu'il vient de mettre depuis son lever. C'est ainsi qu'en notant chaque jour la position extrême de l'ombre à la mi-journée les hommes de l'antiquité ont vite découvert que le cycle se répétait tous les 365 jours. Le quart de jours supplémentaire n'a été découvert qu'à la suite de plusieurs siècles d'observation. C'est ce même principe de l'ombre projetée qui est à l'origine du cadran solaire pemettant de diviser le jour en parties égales.
Dans l'antiquité et surtout en Egypte on recommençait à compter les années à chaque règne d'un nouveau pharaon ce qui fait qu'il est impossible de déterminer exactement à quand remonte la première des trente deux dynasties que cette antiquité a connues. N'ayant pu retrouver la durée du règne de tous les pharaons, les égyptologues se sont mis d'accord il y a plus d'un siècle sur un règne moyen de 25 années ce qui nous donne l'année -3.200 pour le premier pharaon Ménès de la première dynastie de l'Epoque Thinite. Cette nomenclature est fortement remise en question à l'heure actuelle depuis les découvertes de nombreux indices à partir de la fin de la seconde guerre mondiale en 1945, période durant laquelle des fouilles systématiques donnent à penser qu'une période de 6.000 années serait plus appropriée.
C'est par contre aux Romains que l'on doit de connaître avec la précision d'une année la date de tous les événements qui se sont déroulés durant les sept derniers siècles avant notre ère. En effet le calendrier de Numa (dû à Numa Pompilius, second roi légendaire de Rome) qu'ils utilisaient, répertorie exactement chaque année depuis l'an -700 jusqu'à -45. Chaque année était divisée en 12 mois portant soit le nom d'un Dieu, "janvier" pour Janus (Dieu de Rome à deux visages) soit celui d'un concept comme "février" pour Februa (fête de la purification), soit celui d'une planète "mars" pour Mars mais également Dieu de la guerre et de l'agriculture, soit encore d'un nombre "septembre" pour September, le septième mois etc... Ces noms n'ont d'ailleurs plus changé depuis l'antiquité et sont toujours ceux encore utilisés aujourd'hui. Chaque mois devait durer la longueur d'une lunaison soit 29 jours et 12 heures et comportait donc alternativement 30 puis 29 jours ce qui faisait 354 jours pour une année encore qualifiée aujourd'hui de lunaire. Il en résultait un manque de 11 jours. Pour y remédier, chaque année lunaire était suivie d'une année comportant un treizième mois de 22 jours. Les Romains répartissaient également la succession des jours en période de sept jours (septimus=sept) , d'où le nom de "semaine", chaque jour comportant le nom d'un des sept astres du ciel : le Soleil, la Lune et les cinq planètes visibles à l'oeil nu à cette époque et ce dans l'ordre suivant : Dies solis, Dies lunae, Martis dies, Mercurii dies, Dies Jovis, Veneris dies, Saturni sacra dies. L'appellation des trois langues latines actuelles (italienne, française et espagnole) pour désigner le premier jour de la semaine, (domenica, dimanche et domingo) provient de la naissance du christianisme qui attribua le premier jour de la semaine au jour du Seigneur=Dominus. Par contre les langues germaniques (anglaise et allemande) ont conservé l'origine romaine avec sunday et sonntag.
C'est à Jules César que l'on doit la première réforme du calendrier originel de Numa qui ne tenait pas compte du quart de jour qui s'ajoutait chaque année. Au bout de 650 ans ce décallage était de 46 jours soit quasi un mois et demi de différence, le solstice d'été (21 juin actuel) se produisant en avril. Pour y remédier, Jules César fit appel en -46 à l'astronome égytien Sosigènes pour rétablir un calendrier tenant compte d'une année ayant 365 jours et un quart. Il fut décidé que l'année de la réforme comporterait 445 jours répartis en 15 mois mois et qu'à partir de là, trois années consécutives comporteraient 365 jours, la quatrième étant de 366 jours. Les mois conservant leur nom et comportant, à partir de ce moment, le nombre de jours qu'ils ont actuellement. Jules César venait donc de décréter l'existence des années bisextiles se présentant tous les quatre ans. Ce décompte annuel de 365 et 1/4 de jours par an resta en vigueur jusqu'en 1582 de notre ère. Le seul seul changement se produisit dans la numérotation des années lorsque l'on recommença à recompter les années à partir de un, en l'an 955 du calendrier "Numa" en revenant de 300 ans en arrière, année de la naissance supposée du Christ , lorsque, au troisième siècle, cessèrent les persécutions et que le monde occidental adopta la religion chrétienne. Les années bisextiles étant celles multiples de quatre : on l'appelera "Calendrier Julien" du nom de son célèbre auteur.
En 1582, sous le pontificat du Pape Grégoire XIII, eut lieu une nouvelle modification du calendrier qui est depuis lors toujours en vigueur et que l'on appellera "Calendrier Grégorien". Cette modification fut motivée pour la raison suivante. L'année tropique n'est en effet pas longue de 365,25 jours mais de 365,242196 jours ce qui fait qu'au bout de seize siècles le décallage entre l'année julienne et tropicale était de 10 jours. A remarquer que déjà au second siècle avant notre ère, Hipparque avait pourtant déjà trouvé cette valeur égale à 365,242 jours. Pour gommer un fois pour toute cette différence il fut décidé que le jeudi 4 octobre 1582 serait suivit d'un vendredi 15 octobre 1582. Ne demandez donc pas à un ordinateur pouvant vous répondre quel jour on était en lui donnant comme date le 10 octobre 1587, il ne pourra pas vous répondre puisque ce jour n'a jamais existé. Afin en plus de ne pas devoir répéter cette correction trop souvent dans les siècles suivants il fut décidé en outre que les années séculaires bien qu'étant multiples de quatre ne seraient pas bisextiles, à l'exception toutefois de celles dont les deux premiers chiffres seraient néanmoins multiples de quatre.
Cela veut donc dire que, bien que 1800 et 1900 n'ont pas été bisextiles, l'année 2000 le sera ainsi que l'année 2400 mais pas 2100, 2200 ni 2300 et l'on vous assure que ce n'est pas une histoire de fou ! Malgré ces ultimes corrections il faut encore de temps en temps corriger ce calendrier. Cela se fait maintenant subrepticement grâce aux horloges atomiques dès que l'erreur dépasse une seconde. C'est ainsi que le 31 décembre 1998, la dernière minute de l'année aura duré 61 secondes sans que qui que ce soit s'en soit rendu compte parmi le commun des mortels.
Il est inutile dans le cadre de cet exposé de commencer à vous expliquer la différence entre l'année sidérale et l'année tropique cela n'a en effet aucune répercussion sur notre vie de tous les jours et suppose de devoir utiliser de nombreuses formules mathématiques relativement compliquées, ce que nous avons exclu de faire.
Par contre, il est intéressant de relever que depuis plusieurs millions d'années la rotation de la Terre se ralentit très légèrement suite à l'action d'un FREIN imperceptible sur une période d'un million d'années. Cela est dû à l'attraction réciproque que se font la Terre et la Lune. Cette attraction est responsable de plusieurs effets:
- Pour la Terre
Celui le plus spectaculaire est sans conteste le phénomène de la marée haute qui se produit à la cadence d'un demi jour des deux côtés du globe terrestre dans le prolongement de l'axe Terre-Lune. La force gravitationnelle en augmentant face à la Lune fait monter le niveau de la mer et diminuant par contre au même moment sur la face opposée y provoque également un apport d'eau qui se traduit aussi par une marée haute. En réalité les marées hautes se produisent toutes les 12h30' car après une rotation exacte de la Terre sur elle-même, la Lune n'est plus au même endroit mais a une demi-heure de retard dû à son orbite de 29,5 jours autour de la Terre.
b) Il y en a un autre, imperceptible pour l'homme, mais beaucoup plus en rapport direct avec l'objet de ce paragraphe sur la mesure du temps. Il s'agit du freinage que provoque ce va et vient des marées sur la vitesse de rotation de la Terre. Ce ralentissement infinitésimal et imperceptible sur 24 heures de temps se traduit par 0,002 de seconde au bout d'un siècle. Comme l'histoire bien connue de l'humanité remonte à -4.000 ans avant notre ère, cela ne fait sur 60 siècles que douze centièmes de seconde. Cependant sur 180.000.000 d'années cela représente une heure pleine. Le jour à l'époque des dinosaures, durant le Jurrasique, ne durait donc que 23 heures de notre temps actuel. Par contre à l'époque de la formation de la Terre il y a quatre milliards et demi d'années au début de l'Archéen, la Terre tournait sur elle-même en 8 heures au lieu de 24. Peu de gens savent cela.
C'est pour pallier à ce ralentissement infinitésimal sur un siècle que l'on a inventé l'horloge atomique basée sur un atome de césium. En une seconde celui-ci vibre 9.162.831.770 fois indépendamment de la rotation de la Terre sur elle-même et de sa révolution autour du Soleil. C'est le « Bureau international des poids et mesure » de Sèvres près de Paris, où est conservé le mètre étalon en platine irradié, qui déterme grâce à elle l'heure exacte à laquelle se réfère le monde entier.
Pour la Lune
Celle-ci ne possédant pas de mer, la Terre ne peut donc y provoquer de marées aquatiques. Par contre la force gravitationnelle qu'elle exerce sur notre satellite naturel, vu sa masse par rapport à la Lune, est beaucoup plus importante et s'exerce sur le sol. Aussi lorsque son écorce était encore maléable, il y deux à trois milliards d'années, cette force était tellement grande qu'elle parvenait à soulever imperceptiblement son écorce provoquant une marée lunaire avec comme conséquence de lui faire ralentir considérablement sa rotation sur elle-même jusqu'au point de l'empêcher de tourner sur elle-même plus d'une fois par orbite qu'elle décrit autour de la Terre : c'est pourquoi elle nous présente toujours la même face. Demandez autour de vous comment se fait-il que la lune nous présente toujours la même face, pas un personne sur dix mille ne saura vous répondre et vous ne trouverez pas l'explication dans un dictionnaire, ni dans une encyclopédie et très rares sont les livres d'astronomie qui en mentionne la cause.
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