Bonsoir à tous!
Je ne sais pas si vous connaissez cette histoire, mais les récents resultats de fouilles archéologique l'ont remise au gout du jour et je dois dire que cela m'a pas mal interpellé.
Citation:
Naufragés de Tromelin [modifier]
L'île Tromelin a aussi connu un épisode tragique surnommé les « naufragés de Tromelin »[2].
Le 31 juillet 1761, L'Utile, une flûte, navire négrier de la Compagnie française des Indes orientales affrétée par Jean-Joseph de Laborde et commandée par le capitaine Jean de Lafargue, fait naufrage sur les récifs coralliens de l'île. Le bateau parti de Bayonne en France avec 142 hommes d'équipage, après une escale à l'île Maurice (appelée à l'époque « Île de France »), avait embarqué cent soixante hommes, femmes et enfants malgaches à Foulpointe, sur la côte orientale de Madagascar, pour les emmener en esclavage sur l'île Maurice[3]. Une erreur de navigation fait échouer le navire sur les récifs de Tromelin.
Lors du naufrage, l'équipage et une soixantaine de Malgaches arrivent à rejoindre l'île ; mais les autres esclaves, enfermés dans les cales, périssent noyés. L'équipage récupère différents équipements, vivres ainsi que du bois de l'épave. Ils creusent un puits, permettant d'obtenir de l'eau tout juste potable, et se nourrissent des vivres récupérées, de tortues et d'oiseaux de mer.
Le capitaine Jean de Lafargue ayant perdu la raison suite à la perte de son navire est remplacé par son premier lieutenant, commandant en second, Barthélémy Castellan du Vernet. Celui-ci fait construire deux campements sommaires, l'un pour l'équipage et l'autre pour les esclaves, une forge et, avec les matériaux récupérés de l'épave, fait débuter la construction d'une embarcation. Deux mois après le naufrage, les 122 hommes d'équipage restants y prennent place difficilement, laissant les Malgaches sur l'île avec quelques vivres.
Castellan promet à son équipage ainsi qu'aux soixante esclaves restés sur l'île de revenir les chercher. Cette promesse ne sera pas tenue car le gouverneur Desforges-Boucher refusera toujours au lieutenant Castellan de lui fournir un bateau afin de retourner chercher les esclaves qu'il avait dû abandonner. Les marins atteignent Madagascar en un peu plus de quatre jours et sont transférés à La Réunion puis à l'île Maurice.
Durant la traversée de Madagascar vers La Réunion à bord du Silhouette, le capitaine Lafargue décède de maladie et Castellan demande par de nombreuses fois l'autorisation d'aller secourir les esclaves restés sur l'île. Cependant le gouverneur, furieux que Lafargue ait enfreint ses ordres de ne pas importer d'esclaves sur l'île Maurice (il craignait un blocus de l'île par les Anglais et donc d'avoir des bouches à nourrir supplémentaires), refusait catégoriquement[2].
Castellan finit par abandonner et quitta l'île Maurice pour rentrer en France métropolitaine fin août 1762. La nouvelle de cet abandon arrive à Paris et agite un temps le milieu intellectuel de la capitale[2] avant que les naufragés ne soient oubliés avec le début de la guerre de Sept Ans et la faillite de la Compagnie des Indes.
En 1773, un navire passant à proximité de l'île Tromelin les repère et les signale de nouveau aux autorités de l'île Maurice[2]. Un bateau est envoyé mais ce premier sauvetage échoue, le navire n'arrivant pas à s'approcher de l'île. Un an plus tard, un second navire, La Sauterelle, ne connait pas plus de réussite. Il réussit néanmoins à mettre une chaloupe à la mer et un marin parvient à rejoindre les naufragés à la nage mais il doit être lui aussi être abandonné par ses camarades qui ne peuvent accoster à cause de l'état de la mer et le navire doit quitter les parages de l'île. Ce marin fait alors construire un radeau sur lequel il embarque avec les trois derniers hommes et trois femmes rescapés mais ce radeau disparait en mer, sans doute en 1775[4].
Ce n'est que le 29 novembre 1776, quinze ans après le naufrage, que le chevalier de Tromelin, commandant la corvette La Dauphine, récupère les huit esclaves survivants : sept femmes et un enfant de huit mois[2]. En arrivant sur place, le chevalier de Tromelin découvre que les survivants sont vêtus d'habits en plumes tressées et qu'ils ont réussi, pendant toutes ces années, à maintenir un feu allumé alors que l'île ne possède pas d'arbre. Les survivants sont recueillis par le gouverneur français de l'île Maurice qui les affranchit et décide de baptiser l'enfant Moïse. Le chevalier de Tromelin est le premier à décrire précisément l'île qui porte désormais son nom.