Le plus vieux bébé mammouth en vacances d'été en France
Il l'a bien mérité. Après des dizaines de milliers d'années prisonnier des glaces de Sibérie, Khroma, le plus vieux bébé mammouth congelé jamais retrouvé intact, passe l'été en France: depuis cette semaine, il est exposé au Musée Crozatier du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Bébé Khroma a été installé dans un caisson frigorifique spécial, à moins 18 degrés centigrades. Il avait auparavant subi des tests de laboratoire pour vérifier qu'il n'était plus porteur de la maladie du charbon qui pourrait avoir été à l'origine de sa mort.
Khroma est la star de l'exposition intitulée "Mammouth & Cie", qui comporte d'autres attractions de poids, comme des répliques grandeur nature du Mastodonte d'Auvergne, ou un crâne mis au jour en 2008 en Haute-Loire.
Haut de 80 centimètres et long de 1,6 mètres, ce bébé à fourrure venu de la nuit des temps est sans doute le plus ancien bébé mammouth jamais découvert: comme la datation au carbone 14 n'a pas permis de déterminer son âge, il aurait donc plus de 50.000 ans, selon Sergueï Gorbounov, coordinateur du projet à la Commission internationale des mammouths, basée à Genève.
Selon le site du musée, Khroma a été découvert par un chasseur alors qu'un renard polaire en faisait son repas, en mai 2009, en Yakoutie (Sibérie).
A compter de la fin août, le bébé pachyderme subira de nouvelles analyses médico-légales au centre Emile-Roux, pour tenter de déterminer plus précisément son âge, ainsi que son sexe, pas défini jusqu'ici... dont un scanner et une autopsie complète.
"C'est une découverte unique", s'est réjoui Gorbounov dans un entretien au téléphone, soulignant que toute nouvelle découverte fournit des informations supplémentaires sur la préhistoire.
On compte en tout cinq bébés mammouths découverts intacts dans le permafrost sibérien. A l'heure actuelle, l'un d'entre eux, vieux de 42.000 ans et prénommé Liouba, découvert en 2007, est exposé au Field Museum de Chicago.
Ces animaux intacts permettent aux chercheurs de procéder à des analyses impossibles sur des squelettes, comme l'étude du contenu de l'estomac, ou de la fourrure. Et les exposer à l'admiration du public permet de créer un lien tangible avec ce passé plus que lointain.
Khroma est arrivé le 11 juillet en France, dans le cadre des échanges culturels de l'année de la Russie en France et vice-versa. Son arrivée avait été retardée de trois semaines, en raison des craintes liées au transfert d'un animal soupçonné d'être porteur de bactéries mortelles. Des nouvelles batteries de tests ont donc eu lieu en Russie même avant que le bébé mammouth ne décroche son visa pour la France.
Après son arrivée, il a fait une première escale au laboratoire du CEA (Commissariat à l'énergie atomique) de Grenoble, où il a subi un traitement de cheval aux rayons gamma destiné à éliminer toute trace potentielle de bactéries. Avant Khroma, la momie de Ramsès II avait subi la même procédure au CEA.
La présence de charbon n'a pas pu être totalement confirmée par les premiers examens, mais il s'agissait d'un traitement par précaution, a expliqué Frédéric Lacombat, un paléontologue du Musée Crozatier.
Les scientifiques espèrent donc avoir tout appris des secrets -et du sexe- du petit mammouth à temps pour la Vème Conférence internationale sur les mammouths, qui réunira au Puy-en-Velay la première semaine de septembre quelque 150 spécialistes venus du monde entier.
L'aventure française du bébé mammouth prendra fin le 15 novembre, avec le retour de Khroma dans sa Russie natale.
Dommage le grand public ne pourra le voir...