D’abord, le linceul en question apparaît officiellement en Champagne en 1357, soit un siècle
avant la naissance de Léonard de Vinci. Voilà déjà pour ceux qui soutiennent qu’il s’agit de l’œuvre du maître florentin.
Je rappelle qu’au Moyen-Âge, eu égard au nombre astronomique de reliques circulant en Europe, notamment après les retours de croisade, l’authenticité du linceul était loin d’être unanimement acceptée, y compris par les hommes d’Eglise.
La datation de 1988 donne la fourchette suivante : 1260-1390, soit la période pendant laquelle le linceul est apparu en Champagne.
Mais certains citent une image du Codex de Pray, datant d'avant 1195, qui serait celle du linceul.
Tout effet étant engendré par une cause, le linceul, qui est un objet existant, a été produit d’une certaine manière. Laquelle ? Voici les possibilités :
- Faux effectué lucidement.
- Image d’une crucifixion réelle.
- Image de la crucifixion du Jésus des Evangiles.
1) Tout d’abord, il est évident pour tout le monde que l’image du linceul est celle du Jésus des Evangiles. Je dis bien l’image. S’il s’agit d’un faux, le faussaire a tout fait pour demeurer fidèle au texte des Evangiles : crucifixion, couronne d’épines, coup au côté, flagellation, sont autant d’éléments qui permettent de pointer du doigt une représentation de la Passion, et pas d’une crucifixion « au hasard ».
S’il s’agit de l’image d’une vraie crucifixion, celle-ci a de toute évidence été réalisée conformément au récit de la Passion.
2) Le faussaire, si faussaire il y a, était un fin connaisseur de l’anatomie humaine (la représentation du corps est précise), mais également de ce que nous nommons aujourd’hui la médecine légale. Les plaies, les écoulements sanguins sont réalistes.
Certes, il y a un bras plus long. Il faudrait qu’un médecin légiste se penche sur la question pour répondre, puisque nous sommes tous des non-spécialistes.
Mais en tout cas, pourquoi le faussaire aurait-il utilisé ce subterfuge, alors qu’il s’est appliqué à représenter le reste du corps de manière exacte, et qu’il lui suffisait d’apposer l’image d’un linge sur les parties génitales ? Un tel faussaire est de toute manière très doué et très intelligent. Il se serait trouvé en face d’un dilemme : je dois cacher les organes génitaux, et j’ai deux solutions : soit je rallonge le bras, soit je fais comme tout le monde, je représente le Christ paré d’un tissu bien placé.
3) Le faussaire déploie des trésors d’ingéniosité pour réaliser une image presque invisible à l’œil nu ? Une image qui n’a jamais été, jusqu’au XXème s., une relique particulièrement célèbre, et qui n’est devenue populaire que parce qu’il a fallu attendre le premier négatif photographique pour la voir dans tous ses détails. Un faussaire aussi doué aurait pu, par facilité, choisir une méthode produisant une image moins évanescente, moins diaphane. Pour la piété populaire du XIVème s., mieux vaut une image moins exacte, mais plus impressionnante. Car le faussaire n’a pas créé son œuvre pour les gens du XXème s.
4) Notons aussi que la pièce de lin est conforme aux méthodes de tissage du Ier s.
En fait, si l’on exclut la datation au carbone 14, rien dans cette pièce n’entre en contradiction avec l’hypothèse d’une pièce datant du Ier s.
Aujourd’hui, il est relativement facile de rassembler toutes les informations nécessaires à la création d’un linceul du Ier siècle et de faire un « sans faute » (des renseignements anatomiques jusqu’à l’obtention du tissu). Mais au XIVème s., on n’avait pas Internet, on n’avait pas des moyens de locomotion rapides, et on n’avait pas autant de connaissances médicales qu’aujourd’hui.
Il serait bien plus facile de conclure au faux s’il y avait un ou deux éléments montrant une ignorance patente dans tel ou tel domaine.
5) Certains détails, absolument ignorés à l’époque, renforcent l’impression de réalisme. Par exemple, les clous, non dans les paumes, mais sur le haut du poignet. Toute l’iconographie chrétienne, des origines jusqu’à aujourd’hui, quasiment, représentent une crucifixion avec clous dans les paumes. Il suffit de voir les crucifix. Cela faisait partie des éléments sur lesquels nul ne se posait de questions au XIVème s.
Il y a aussi la forme particulière des yeux, qui semblent révéler la présence de pièces posées sur les paupières.
Citation:
Si le Suaire est un faux, au final ça ne sera pas trop grave, ce sera un choc pour les croyants, mais bon, l'un des fondements de l'Eglise étant la foi, et la foi sans preuve, à mon avis, on s'en remettra...
Faux, la foi sans preuve et le rejet de la raison, ce n’est pas la doctrine catholique orthodoxe, mais celle de Luther ou des Jansénistes.
Et que le suaire soit faux, cela n'a pas d'importance, car la doctrine philosophique et théologique de l'Eglise a deux mille ans, et qu'on ne parle du linceul que depuis un siècle. L'authenticité du linceul n'est en rien un dogme. C'est un élément purement contingent.
Citation:
Un autre truc étrange sur le suaire par contre c'est que Jésus aurait fait pas mal d'athlétisme ce qui est formidable pour un prêcheur et un prêtre qui devait plutôt être un peu grassouillet à 33 ans non ?
Il n’est pas dit que Jésus avait « fait pas mal d’athlétisme », mais que le corps représenté sur l'image était de type athlétique, ce qui est différent. Quant au « prêtre qui devait être un peu grassouillet à 33 ans », c’est de la pure spéculation gratuite.
Amicalement,
Logos