C'est tout de même étrange qu'on ne sâche comment ont diparu les derniers Néandertaliens...
Ce d'autant plus que l'homme de Néandertal semblait tout à fait capable de rivaliser avec l'homo sapiens (l'homme actuel) : les Néandertaliens étaient physiquement plus fort et possédaient une capacité crânienne identique, voire supérieure à l'homo sapiens.
Qui est l'homme de Néandertal? La perception que nous en avons pourrait bien s'avérer, d'ici peu de temps, totalement injuste et caricaturale. Un archéologue de l'UQAM, grâce à ses découvertes, est en train de nous dévoiler une toute nouvelle image de notre lointain cousin.Par Gilles DrouinL'homme de Néandertal était-il vraiment cet être un peu taré, incapable de maîtriser le feu et tout juste bon à fabriquer gauchement des outils de pierre ? Était-il ce chasseur compensant par la force brute ses faibles qualités de stratège et qui errait à la recherche de proies vulnérables pour assurer sa subsistance ? Était-il cet être humain dont l'intelligence très limitée lui interdisait toute organisation sociale, toute expression artistique et toute innovation technologique, le condamnant ainsi à disparaître, il y a environ 36 000 ans, devant la poussée de l'homme moderne ?
S'il n'en tient qu'à l'archéologue Serge Lebel, de l'Université du Québec à Montréal, il semble qu'il faudra bientôt réviser en bonne partie ce jugement sévère et cette vision caricaturale de ce lointain cousin de l'homme moderne. Depuis une dizaine d'années, l'archéologue québécois dirige en effet une équipe internationale qui effectue des fouilles dans le vaste abri sous roche du Bau de l'Aubésier, situé en Haute-Provence, dans le Sud-Est de la France. "Nous y avons découvert un site d'une richesse archéologique incomparable sur les Néandertaliens, un site unique au monde, qui nous a livré jusqu'ici plus de 250 000 pièces archéologiques", lance le chercheur, avec enthousiasme.
Le site du Bau de l'Aubésier a jusqu'ici révélé sept niveaux d'occupation humaine successive comprise entre au moins 200 000 ans et 40 000 ans avant aujourd'hui. Cette séquence chronologique englobe toute la période connue de l'occupation de l'Europe par les Néandertaliens (Homo sapiens neanderthalensis), incluant, au départ, la transition avec les hommes archaïques (Homo erectus) et, dans sa partie plus récente, celle avec l'homme moderne (Homo sapiens sapiens). En fait, la mise à jour des vestiges du Bau de l'Aubésier ouvre une grande fenêtre par laquelle Serge Lebel pourrait bien s'envoler vers le temple de la renommée de la paléoanthropologie !
Mais, comme tout archéologue sérieux, Serge Lebel contient son enthousiasme (parfois difficilement !) et reste prudent. "Il faudra d'abord dater le plus précisément possible les niveaux d'occupation humaine que nous avons dégagés et ensuite comparer les données avec d'autres sites de Néandertaliens en Europe et au Proche-Orient. Le Bau de l'Aubésier ne permettra sûrement pas de répondre à toutes les questions que l'on se pose sur les hommes de Néandertal, mais il permettra sans doute de préciser davantage les hypothèses de travail et les théories qui guident les archéologues dans leurs fouilles."
Un Néandertalien pas si bête !
Pour les néophytes, outils de pierre, os taillés et vestiges de feu peuvent sembler babioles et anecdotes sans grande envergure. Mais, pour les paléoanthropologues, il s'agit de précieux indices qui permettent de mieux comprendre l'évolution de l'Homme. Même en demeurant prudent et rigoureux, l'archéologue peut se permettre d'annoncer les couleurs d'une remise en question importante de notre connaissance des Néandertaliens.
"Nous avons trouvé des emplacements de foyer qui laissent croire que les Néandertaliens maîtrisaient bien le feu, précise Serge Lebel. Les outils de pierre exhumés sont aussi visiblement le fruit d'une technique de taille relativement avancée, qui se caractérise par le souci d'utiliser le matériau de façon optimale. Nous avons même découvert des ossements d'animaux qui portent des marques de façonnage, alors que l'on croyait que les Néandertaliens ne travaillaient que la pierre. D'après les vestiges animaux, nous pouvons également avancer l'hypothèse que Néandertal s'attaquait à des mammifères tels que l'aurochs, le cheval et le rhinocéros des prairies. Il devait être un chasseur habile et organisé. D'ailleurs, dans ses niveaux d'occupation les plus anciens, le site est empreint d'un sens avancé de l'organisation de l'espace. Autant d'indices que l'homme de Néandertal était plus évolué techniquement et socialement qu'on le croyait.
Trapu (environ 1,65 m), l'homme de Néandertal était doté d'une ossature robuste et d'une musculature puissante. Actuellement, les paléoanthropologues le classent dans une sous-espèce, qui aurait évolué parallèlement à la nôtre. Malgré son apparence rustre, les Néandertaliens ont tout de même été les premiers dans l'histoire de l'humanité à inhumer leurs morts. "Le fait sépulcral est l'expression d'une pensée réfléchie, souligne Serge Lebel. Il s'accompagne de gestes dont la signification complète échappe pour le moment aux préhistoriens."
Il faut comprendre que, jusqu'ici, les vestiges exhumés dans plusieurs sites laissaient croire que l'homme de Néandertal et l'homme moderne vivaient dans des mondes très différents. "Généralement, explique Serge Lebel, les sites néandertaliens sont relativement pauvres en vestiges. Par exemple, on n'y trouve que de petits foyers posés sur le sol, qui supposent que les Néandertaliens utilisaient le feu de façon restreinte et qu'ils organisaient relativement leur espace et leur habitat. Bref, les vestiges abandonnés par les Néandertaliens sont un peu déroutants pour les archéologues." La richesse du Bau de l'Aubésier est donc comme une manne tombée du ciel. Ou plutôt une petite mine d'or qui a exigé des efforts particuliers aux fouilleurs...
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Tiré de :
À LA RECHERCHE DE NÉANDERTAL
Donc difficile d'expliquer le pourquoi de leur disparition. Trois hypothèses sont en vogue sur les causes de leur disparition :
- L'anéantissement par l'homme moderne.
- Le métissage avec l'homme moderne (hypothèses qui semble de moins en moins plausible !).
- Une faible capacité d'adaptation (aux changements de climat, etc.).