Découverte à Arles d'une des premières cathédrales du monde gaulois

jeudi 13 novembre 2003, 8h43

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ARLES (AFP) - Des archéologues ont mis au jour, à Arles (Bouches-du-Rhône), les vestiges d'une des premières cathédrales paléo-chrétiennes des Gaules, peut-être la première de France, un édifice du quatrième siècle qui constitue une "découverte exceptionnelle" pour les spécialistes.

C'est lors de travaux engagés pour la construction d'un pôle multimédia sur le site d'un ancien couvent, dans l'enclos Saint-Césaire, en centre-ville, que les archéologues ont fait leur trouvaille, explique Bouzid Sabeg, directeur du patrimoine de la ville d'Arles.

"Comme il était probable de trouver sur place des éléments intéressants", une équipe de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), chargée d'établir des diagnostics préalables en vue "de lever l'hypothèque archéologique ou au contraire prescrire une fouille scientifique", était arrivée sur les lieux le 27 octobre, poursuit-il.

Ses premiers sondages ont permis de mettre au jour le choeur de la cathédrale, un sol surélevé recouvert d'un pavement de marbre, un couloir circulaire au sol de mosaïques et des colonnes écroulées, raconte Frédéric Raynaud, chargé d'études à l'INRAP. L'abside mesure une quinzaine de mètres de diamètre.

Arles était "réputée pour sa collection de sarcophages anciens, qui relève du monde des morts", ajoute-t-il. "Là, on arrive dans le monde des vivants, là où était célébrée l'eucharistie", à une époque où la liturgie était "peu documentée".

Selon Marc Heijmans, archéologue et historien au CNRS, il s'agit de la première cathédrale d'Arles, qui devint au IVe siècle une ville éclésiastique (l'évêque d'Arles est alors l'interlocuteur privilégié du pape), peut-être la première de France. Les deux autres plus anciennes cathédrales des Gaules, qui recouvrent le territoire de la France actuelle, la Belgique, le sud des Pays-Bas et une partie de l'Allemagne, sont celles de Trèves (Allemagne) et de Genève (Suisse).

"C'est en tout cas une découverte primordiale", dit Marc Heijmans. "La plupart des édifices ont été transformés au gré des époques et il est très rare de retrouver le bâtiment d'origine. En outre, les vestiges ici ne sont pas trop profonds".

L'édifice a été érigé au quatrième siècle mais "on ne peut encore en dater exactement la construction", poursuit-il. Vers 430, la cathédrale est abandonnée au profit de celle de Saint-Trophime, non loin de là, avant que l'évêque Césaire n'installe sur le site un monastère féminin. Jusqu'alors, les historiens ne connaissaient son existence que parce qu'il était évoqué dans des textes anciens.

L'INRAP doit achever son travail de diagnostic d'ici fin novembre. Le Service régional d'archéologie, qui dépend de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), décidera ensuite, soit de recouvrir les vestiges pour les protéger, soit d'ordonner un programme de fouilles, avec un éventuel classement aux monuments historiques.

Les travaux du médiapole devront s'articuler autour de ces prescriptions. Pour Bouzid Sabeg, la solution idéale serait de "trouver un compromis" qui permette de préserver le projet initial tout en "mettant en valeur le site en permettant au public d'y accéder".

"On ne va pas se reprocher d'avoir des vestiges", commente le maire (PCF) Hervé Schiavetti. "On pourrait supprimer le plancher du médiapôle pour les laisser apparaître".

Source : Yahoo!Actualités