La migration humaine vers l'Amérique serait intervenue il y a 16.000 ans

AFP, dimanche 26 octobre 2003, 9h02

VANCOUVER (Canada) (AFP) - La découverte récente d'os d'ours, de chèvres et d'autres animaux sur la côte Pacifique du Canada éclaire d'un jour nouveau les circonstances de l'arrivée de l'homme en Amérique du Nord en provenance d'Asie, selon des chercheurs de Colombie Britannique.

L'homme est arrivé sur cette côte il y a quelque 16.000 ans en voyageant sur des embarcations faites de peaux d'animaux et non à pied le long d'un corridor libre de glaces à l'est des Montagnes Rocheuses, comme on le croyait jusqu'alors, avancent ces scientifiques de l'université Simon Fraser de Vancouver.

Les premiers hommes à gagner le continent américain seraient ainsi arrivés 4.000 ans plus tôt qu'on ne l'imaginait jusqu'à présent.

Des os de chèvres de montagne et d'ours découverts dans des grottes sur la partie occidentale de l'île de Vancouver et dans les îles Queen Charlotte prouvent qu'il y régnait il y a 16.000 ans un écosystème susceptible d'abriter des animaux de grande taille et des humains.

Les archéologues ont également mis au jour des os de saumons, de crapauds, de moineaux, de martres et de campagnols, soit au total plus de 4.000 fragments.

"La plupart des gens pensaient que (la Colombie Britannique) était glacée comme le Groenland mais ce qu'on a découvert montre que la côte était recouverte d'un environnement suffisamment riche pour que l'homme y vive", explique le géologue Brent Ward, qui a dirigé l'expédition dans l'île de Vancouver.

"Il y avait une opportunité pour des hommes de naviguer le long de la côte sur des embarcations à base de peaux d'animaux semblables aux kayaks inuits traditionnels".

Selon la théorie en vigueur jusqu'ici, les premiers hommes à avoir débarqué sur le continent américain l'avaient fait il y a plus de 12.000 ans à travers le détroit de Bering séparant la Sibérie de l'Alaska, recouvert depuis par la mer.

C'est en suivant les animaux qu'ils chassaient qu'ils se seraient ensuite engouffrés à travers un étroit passage dans la province actuelle de l'Alberta jusqu'à l'extrémité sud de l'immense glacier qui recouvrait le Canada et le nord des Etats-Unis.

Ils se seraient ensuite répandus dans le reste du continent américain, laissant des traces de leur existence sur l'île californienne de San Miguel, à Clovis (Nouveau-Mexique, sud des Etats-Unis) et à Monte Verde (Chili).

Mais les dernières recherches de l'anthropologiste d'Harvard Carol Mandryk indiquent que le passage à travers l'Alberta était trop hostile pour permettre aux premiers habitants de survivre.

Une théorie alternative sur une migration par la côte avait été émise par le professeur Knut Sladmark de l'université Simon Fraser, selon qui des tribus avaient navigué sur des embarcations vers l'Alaska, la Colombie Britannique et le nord des Etats-Unis et trouvé refuge dans de petites poches de terre libres des glaces.

Mais cette théorie, proposée pour la première fois en 1960 par Calvin Heusser, est difficile à prouver car ces poches sont désormais sous l'eau et qu'aucune trace d'activité humaine n'a été découverte depuis pour l'étayer.

"Tant que personne n'aura trouvé d'os humain, il sera très difficile de dire que des hommes ont pris cette route", a estimé le géologue Majid Al-Suwaidi, qui a travaillé dans une grotte de Vancouver, et qui doit présenter les dernières découvertes le mois prochain dans une conférence à Seattle (Washington, nord-ouest).

Les archéologues de l'université ont également mis au jour un os d'animal transpercé parmi les restes des îles Queen Charlotte, datant de 12.500 ans, qui pourrait être la preuve d'une présence humaine.

Source : Yahoo!Actualités