Jurassique Parc: quand les dinosaures barbotaient dans les lagons du Jura
Citation:
GENEVE (AFP) - Les vertes et froides collines du Jura ont jadis servi de plage aux dinosaures, comme en témoignent les centaines d'empreintes découvertes au cours des derniers mois dans ce massif partagé entre la France et la Suisse.
"A l'époque, le Jura était plat et le climat tropical, plutôt aride. C'était une région de mer très peu profonde, parsemée d'îles et de lagons", raconte Wolfgang Hug, responsable de la section de paléontologie de l'office de la culture du canton suisse du Jura. "Les dinosaures devaient y venir pour se rafraîchir".
Cent cinquante-deux millions d'années plus tard, leurs traces ont refait surface à l'occasion de la construction de la future autoroute "transjurassienne" A16 reliant Bienne (Suisse) à Montbéliard (France).
En février 2002, 700 empreintes sont découvertes dans la localité de Courtedoux (Suisse) par une équipe d'archéologues suisses autorisés à fouiller le site de la future voie rapide plusieurs années avant le démarrage des travaux. Réparties sur quelque 800 m2, les traces de pattes permettent d'identifier "17 pistes différentes, c'est à dire autant d'individus isolés", explique M. Hug.
Un autre site distant de quelques kilomètres vient d'être découvert à Chevenez (Suisse), révélant une cinquantaine d'empreintes fossilisées, d'une époque encore antérieure de 200.000 à 300.000 ans.
Sur les deux sites, les traces mesurent pour la plupart environ 50 cm de diamètre, les plus grosses atteignant 80 cm.
Elles sont celles de deux types de dinosaures: des quadrupèdes herbivores (sauropodes) de taille moyenne mesurant entre 15 et 20 m de long, avec une hauteur de hanche de 2,50 m. et des bipèdes carnivores (téropodes) peut-être un peu plus grands, selon M. Hug.
Le poids des animaux est plus difficile à déterminer puisqu'ils marchaient dans du sable mou, mais il pesaient certainement plusieurs tonnes.
"Après le Texas, ces sites sont les plus importants du monde en traces de sauropodes du jurassique supérieur", s'enthousiasme le chercheur. "C'est très intéressant car on est sûr que l'animal est passé par là. Ce n'est pas comme un ossement qui peut toujours avoir été déplacé".
Les deux sites ont également livré des fossiles de coquillages et d'escargots ainsi que de carapaces de tortues et de dents de crocodiles. Il n'est pas sûr qu'ils livrent un jour des ossements de dinosaures, même si les fouilles devraient durer encore deux ans.
"Un dinosaure mourant se dirigerait plutôt vers l'intérieur des terres, il ne resterait pas en bord de mer", estime M. Hug. "Ce n'est pas forcément ici que l'on retrouvera des squelettes".
Le Jura est depuis longtemps considéré comme une région au sous-sol très riche. Le terme "jurassique", qui désigne la période de l'ère secondaire comprise entre le trias et le crétacé, vient des épaisses couches calcaires découvertes dans la région.
Quant au chantier de l'autoroute, il attendra une décision du canton du Jura, qui a chargé une commission de réfléchir à l'avenir du site. L'autoroute, passant sur un pont, pourrait permettre de préserver le site qui serait transformé en parc régional ouvert à la fois aux chercheurs et au grand public. Un "jurassic" parc au pied de la lettre, en quelque sorte.