Un morceau d'os qui articule oiseaux et dinosaures Isabelle do O’Gomes - (03/06/05)
Une des théories les plus étayée sur l’origine des oiseaux est leur filiation à un groupe de dinosaures, les théropodes carnivores, qui peuplaient la Terre il y a 200 millions d’années. Mary Schweitzer, de Université de Caroline du Nord (Etats-Unis), apporte une donnée supplémentaire en faveur de cette origine des oiseaux.-----------------------------------
Elle a mis en évidence dans le fémur d’un tyrannosaure l’existence d’un tissu osseux très particulier, appelé «os médullaire», actuellement présent uniquement chez les femelles d’oiseaux. Ainsi, cette structure spéciale aurait été conservée des dinosaures aux oiseaux.
Des travaux menés par A. Shinsamy en Afrique du Sud avaient déjà suggéré l’existence de ce tissu chez un autre dinosaure bipède carnivore, Syntarsus. Mais la paléontologiste américaine va plus loin. Elle a réalisé des coupes histologiques de ce tissu chez Tyrannosaurus et chez deux espèces d’oiseaux actuels (autruches et émeus), montrant ainsi la grande similitude entre les tissus médullaires de ces trois espèces. Ces travaux sont publiés aujourd’hui dans la revue Science.
Ce tissu se dépose autour de la moelle dans les os longs des oiseaux femelles et constitue pour elles une réserve de calcium. Quand dans l’oviducte de l’oiseau un œuf se développe, ce tissu est dégradé et son calcium va former la coquille de l’œuf en cours de dépôt.
Ce tissu permettra peut-être d’établir une méthode de détermination du sexe des fossiles de dinosaures et mettre fin à une controverse. Certains dinosaures comme le Triceraptos possèdent des cornes, d’autres une grande collerette comme le Protoceratops ou encore des plaques osseuses comme le Stegosaurus. Pour certains paléontologues ces organes permettent de différencier mâle et femelle, pour d’autres ils sont seulement des signes distinctifs entre individus d’une même espèce.
«Malheureusement l’«os médullaire» est très rarement conservé lors de la fossilisation, précise Armand de Ricqlès, spécialiste en paléohistologie, professeur au Collège de France. De plus il n’est présent que chez la femelle adulte en phase de reproduction et à certains moment de son cycle».Source :
Sciences et Avenir