
Véga, cinquième étoile la plus brillante du ciel nocturne, deuxième du ciel septentrional, est dotée d'un disque dans lequel, pour la première fois, des résidus de comètes et d'astéroïdes ont été détectés, dans le cadre d'une étude publiée jeudi dans la revue Astronomy and Astrophysics.
Astre principal de la constellation de la Lyre, Véga (ou Alpha Lyrae) est une étoile proche, située seulement à 25 années-lumière du Soleil. Elle a longtemps été considérée comme une étoile de référence, et c'est à elle que l'éclat de toutes les autres est comparé. Elle est environ trois fois plus grosse et plus massive que le Soleil, 60 fois plus lumineuse et beaucoup plus jeune (350 millions d'années contre 4,5 milliards).
A l'aide du réseau de télescopes CHARA de l'université d'Etat de Géorgie recombiné par l'instrument français FLUOR, une équipe internationale comprenant des astronomes français (dont Vincent Coudé du Foresto, de l'Observatoire de Paris), belges, suisses et américains a détecté dans son voisinage un faible flux infrarouge qui semble issu de particules chauffées par l'étoile jusqu'à quelque 1.300 degrés Celsius.
Ces particules auraient une composition chimique différente de celles du système solaire, avec une prédominance de matériaux carbonés (comme le graphite), alors que notre nuage zodiacal contient surtout des silicates. Elles seraient aussi en moyenne toutes petites, comparables à la taille des particules constituant la fumée de cigarette.
Des grains aussi minuscules, expliquent les chercheurs, devraient normalement être repoussés par la pression créée par le rayonnement de Véga. Leur abondance prouve donc qu'ils se produisent en permanence, probablement dans une phase d'intense bombardement météoritique et cométaire comme celle qu'a connue la Terre aux origines du système solaire. Le taux de production des poussières correspondrait au passage quotidien de 13 grosses comètes dans l'environnement de Véga.
La présence de poussières froides autour de Véga (-170°C) était connue. Cependant, on ne savait rien sur la partie interne de ces disques de débris, où des planètes semblables à la Terre sont censées se former, ajoutent les scientifiques.
Véga est également à l'honneur d'un article dans la revue Nature, à paraître le même jour, et dont les auteurs, Deane Peterson, de l'Université de l'Etat de New York à Stony Brook, et ses collègues se penchent sur la rotation.
Véga --que l'astronome Richard Gray (université des Appalaches à Boone/Caroline du Nord) n'hésite pas à qualifier de "derviche tourneur"-- tourne sur elle-même si rapidement qu'elle atteint 93% de sa vitesse limite de dislocation. Elle effectue une rotation en 12 heures et demie, alors que le Soleil a besoin pour le faire de 27 jours terrestres.
Sa force centrifuge l'aplatit fortement et lui confère une forme de lentille, ce qui signifie, soulignent les chercheurs, que les températures de surface varient énormément: elle s'élèvent jusqu'à 10.000 degrés aux pôles et 2.400 degrés de moins dans ses zones équatoriales, éloignées du centre de production de l'énergie.
Cela ajoute de l'incertitude aux connaissances sur la composition élémentaire de l'étoile et sur son âge, et suggère que son disque de débris pourrait être sensiblement plus ancien qu'on ne pensait. Enfin, les grandes différences de ses températures de surface rendraient son spectre lumineux variable et pourraient donc interdire d'utiliser Véga pour le calibrage des instruments d'observation.