Maîtriser sur Terre un « Soleil miniature » pour récupérer l’énergie qu’il dégage : tel est l’objectif du programme ITER. Quatre sites, dont un en France, sont en compétition pour accueillir ce réacteur expérimental. Selon Claudie Haigneré, la décision finale devrait être prise à l’automne.
Une collaboration internationaleLes pays les plus puissants du monde sont associés aux recherches sur la fusion et au programme ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) : l’Union européenne, le Canada, la Russie et le Japon. Les États-Unis, qui avaient quitté le projet en 1998, l’ont rejoint le 30 janvier 2002, précédés quelques jours plus tôt par la Chine.
Dans le cadre de cette collaboration internationale, chaque partenaire a travaillé sur un domaine de recherche particulier. Sept grandes maquettes ou prototypes ont été construits pour valider les technologies employées.
Ainsi en 1997, le Tokamak JET (Culham, Royaume-Uni), un réacteur où l’on réalise des réactions de fusion, possède le record de puissance : 16 mégawatts (MW) pendant une seconde (soit 16 millions de joules) ... même si on a dû dépenser 23 MW pour produire cette énergie !
Le Tokamak Tore-Supra (Cadarache, France), le seul grand réacteur ayant des aimants supraconducteurs, a quant à lui réalisé, le 18 septembre 2002, une décharge record en terme de durée : 4 min et 25 s contre seulement quelques secondes pour le JET.
Le but du programme ITER est de dépasser ces résultats très préliminaires et de réunir toutes les technologies développées aux quatre coins du monde afin de construire un réacteur commercialisable.
Un projet moins ambitieuxLe projet ITER de 1988 devait permettre d’atteindre le point d’ignition, c’est-à-dire le moment où la machine produit suffisamment d’énergie pour auto-entretenir la réaction de fusion.
Mais considéré comme trop cher, ce projet a été revu à la baisse : d’une machine capable de produire 1 500 MW d’énergie de fusion pendant 1 000 secondes, le réacteur proposé aujourd’hui ne produira que 400 à 500 MW pendant 400 secondes. Un projet plus modeste qui a permis de diviser le budget par deux.
La réaction de fusion dans un Tokamak (1'30'')
Comment réaliser la fusion sur Terre ?La voie de recherche la plus prometteuse et la plus étudiée consiste à maîtriser à très haute température un plasma confiné dans une boîte immatérielle en forme d’anneau créée par des champs magnétiques. On parle de « confinement magnétique ».
Plusieurs boîtes de ce type existent, la plus performante s’appelle Tokamak, acronyme de Toroidalnaya Kamera Magnitnymi Katushkami (chambre magnétique toroïdale, en russe).
ITER sera le plus grand Tokamak du monde. Le volume de son plasma sera de 800 m3. En comparaison, le plus grand Tokamak actuel, le JET a un plasma de 80 m3, et celui de Tore-Supra à Cadarache (France) de 25 m3.
Quatre sites aux quatre coins du monde sont en compétition pour accueillir ITER.
Cadarache (France), Clarington (Canada), Rokkasho-mura (Japon) et Vandellos (Espagne) répondent aux critères établis pour la localisation du projet ITER (rapport disponible : (
http://www.iter.org/jass). En France, la campagne de promotion a déjà débuté.
Le 30 janvier, le Premier ministre a confirmé la candidature de Cadarache « pour gagner ». Car même si le projet a été revu à la baisse, il offre des perspectives “alléchantes“. Selon la préfecture de la région PACA, l’installation d’ITER, dont les retombées économiques ne sont pas prévues avant une cinquantaine d’années, créerait « 8 000 emplois pendant dix ans et 750 pendant vingt ans minimum. »
Quels sont les avantages de la fusion thermonucléaire ? Pas de dégagement de gaz carbonique (CO2), donc pas d’effet de serre, pas de risque d’accident puisque la réaction s’arrête dès que le plasma n’est plus alimenté… Les avantages de la fusion sont incontestables.
Sauf que la réaction de fusion dégage quand même une petite quantité de déchets radioactifs. Certes, moins qu'une réaction de fission, telle qu’elle se produit dans une centrale nucléaire, mais des déchets qu’il faudra malgré tout traiter.
Reste la question de la distribution d'une telle énergie potentielle. La puissance de cette source énergétique nécessitera des réseaux électriques dimensionnés en conséquence. A priori, la fusion thermonucléaire reste donc une piste de recherche dont ne pourraient profiter que les pays les plus développés.
Source Sciences-Actualités.