D'immenses réservoirs de gaz et de poussières, qui permettent pour la première fois d'étudier les conditions de formation des premières étoiles et des trous noirs, ont été détectés dans le quasar le plus lointain connu à ce jour, annonce une équipe internationale d'astronomes dans la revue Nature à paraître jeudi.Les rayonnements observés par cette équipe composée de scientifiques français, allemands et américains ont été émis lorsque l'univers n'avait qu'un seizième de son âge actuel, soit 850 millions d'années après le Big Bang, la grande explosion, parfois appelée "primordiale", imaginée par les astronomes pour expliquer la naissance de l'univers, voici quelque 15 milliards d'années."Nous avons été très surpris de détecter de telles quantités d'éléments lourds à des époques si reculées, très peu de temps après le Big Bang", résume l'un des auteurs de la découverte, Pierre Cox, de l'Institut d'astrophysique spatiale (IAS) du CNRS et de l'Université de Paris XI."Puisque le carbone et l'oxygène et les éléments qui forment les grains de poussières ont été créés par les réactions thermonucléaires au sein des étoiles, l'enrichissement de la matière interstellaire a dû se passer de manière extrêmement rapide, probablement par l'intermédiaire de l'explosion des premières étoiles les plus massives", ajoute-t-il.Malgré leur nom, acronyme de "QUAsi Stellar Astronomical Radiosources" (radio-sources astronomiques quasi-stellaires), les quasars ne sont pas des étoiles proprement dites mais des sources de très grande luminosité, connues depuis les années 1960 et présentant un fort décalage spectral vers le rouge. Ce sont des objets les plus lointains actuellement observés dans l'univers.Le plus éloigné parmi eux, J1148+5251, a été découvert seulement au début de l'année en cours. Il s'agit d'une galaxie jeune contenant en son centre un trou noir (région dont le champ de gravitation est si intense que même la lumière ne peut en sortir) de plusieurs milliards de fois la masse du Soleil.J1148+5251 est aussi l'un des cinq objets connus à ce jour situés à la fin de "l'âge sombre" de l'univers, période qui précède l'apparition d'un univers transparent où les galaxies, les étoiles et les trous noirs commencent à se former à une cadence de plus en plus grande.